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Doris Sénèque, membre fondateur d’Eco-Sud: «Le Lagon Bleu vise à protéger le parc marin»

30 mai 2017, 23:29

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Doris Sénèque, membre fondateur d’Eco-Sud: «Le Lagon Bleu vise à protéger le parc marin»

Doris Sénèque est un des membres fondateurs et secrétaire d’Éco-Sud, une organisation non gouvernementale (ONG) créée dans la région de Blue-Bay et de Pointe-d’Esny. Si, au départ, cette ONG était un mouvement effectuant du porte-à-porte pour  la protection du parc marin de Blue-Bay, quelques années après sa création, elle a donné naissance au programme «Lagon Bleu», devenu une association, qui organise régulièrement des activités et des projets pour la région. 

Comment a été fondée l’ONG Éco-Sud ? 

Ce sont des résidants des alentours de Blue-Bay et de Pointe-d’Esny qui ont lancé le projet. À l’époque, un projet hôtelier sur l’île-aux-Deux-Cocos menaçait le parc marin de Blue-Bay. Au début, nous étions un groupe de six et nous nous appelions Mouvement pour la protection du parc marin de Blue-Bay. 

Nous faisions circuler des pétitions. Puis nous nous sommes dit que pour pouvoir être mieux entendus, il fallait être enregistrés. En 1999, nous avons fondé Éco-Sud et nous sommes officiellement enregistrés depuis l’an 2000. À partir de là, nous avons recruté des membres et nous comptons maintenant à peu près une cinquantaine d’affiliés.

Outre la protection du parc marin, y a-t-il d’autres objectifs visés par Éco-Sud ? 

Nous voulons préserver l’environnement. Préserver la nature et trouver un équilibre entre la protection et le développement. Nous ne sommes pas nécessairement contre le développement mais nous devons faire mieux pour trouver un équilibre. Le parc marin était le premier combat. 

Le début d’Éco-Sud c’était surtout les combats. Nous nous sommes joints au combat de la Vallée de Ferney et aussi contre le projet d’incinérateur de déchets. Et chaque fois que nous nous sommes battus contre un projet, nous sommes venus avec une alternative. Par rapport à Ferney, c’était pour en faire un parc naturel et à propos de l’incinérateur, nous nous sommes tournés vers le recyclage et le tri des déchets.

Les membres sont venus vers vous principalement ou fallait-il faire le premier pas et aller vers les personnes ? 

Un peu des deux. C’est principalement le bouche à oreille qui a fait le travail. Les membres parlaient à d’autres personnes et certaines d’entre elles venaient nous rejoindre. En sus de cela, avec les combats au départ, on s’est fait remarquer.

Et d’où vient l’idée  du projet Lagon Bleu ? 

Lagon Bleu est né d’un projet qui se voulait plus proactif qu’une simple protestation. C’est un projet écrit en 2009 par Éco-Sud pour la protection du parc marin et des alentours.  Par la suite, c’est devenu une association.

La confusion entre Lagon Bleu et Éco-Sud est  facilement faite. Quelle  est la différence entre  ces deux entités ? 

Lagon Bleu est une association qui fonctionne comme une ONG, donc c’est facile de faire la confusion. Leur fonctionnement est différent. 

Le but de Lagon Bleu est de s’assurer que l’environnement marin de Blue-Bay et de Pointe-d’Esny est protégé. 

Éco-Sud reste une ONG qui se bat contre certains projets qui ne respectent pas l’environnement. Lagon Bleu a plus une valeur scientifique dans son travail. Et elle n’empêche pas Éco-Sud d’agir comme à l’époque où elle a été créée. 

Par exemple, Lagon Bleu fait beaucoup de sensibilisation. Nous avons un programme et nous nous rendons dans les écoles pour enseigner aux enfants qu’il faut respecter la mer. Nous visons les institutions primaires de la région. Nous parlons aux élèves de la préservation de l’environnement, comment ne pas polluer et à des moments, nous faisons une sortie avec eux en bateau à fond de verre.

D’où provient le financement de Lagon Bleu ? 

Nous avons obtenu un financement du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sous le Global Environment Facility Small Grant Programme (GEFSGP) pour faire démarrer le projet. Si des fonds provenant du CSR nous ont bien aidés, actuellement c’est un peu plus difficile. 

Au départ, le financement du PNUD devait durer trois ans, mais nous avons pu avoir un prolongement pour une quatrième année.  Cela a commencé en 2009, avec le début de Lagon Bleu. Plusieurs volets du projet Lagon Bleu devant être réalisés, il a fallu en rendre compte au PNUD et fournir des rapports au fur et à mesure. Une fois le partenariat avec le PNUD arrivé à terme, nous ne pouvions fermer boutique. Nous avons dû frapper à diverses portes pour obtenir un financement. 

En sus de la protection marine, d’autres choses se sont passées à Lagon Bleu. Il y a eu des sous projets, notamment la ferme de corail, la formation de skippers à Blue-Bay. Nous avons aussi été partie prenante de la fermeture de la pêche aux ourites (pieuvres).

Y a-t-il eu des périodes difficiles pour ce qui est du financement ? 

Oui, il y a eu des années où cela a été plus difficile et nous nous sommes demandé comment nous allions faire, mais nous sommes parvenus à joindre les deux bouts. Nous avons aussi reçu quelques dons mais nous ne pouvons en  dépendre totalement. 

Qu’est-ce qui différencie l’équipe de Lagon Bleu de celle d’Eco-Sud ?

Lagon Bleu est une équipe plus jeune, alors que les membres d’Eco-Sud sont plus âgés et nous avons des problèmes pour motiver les jeunes. Au moment de la création de Lagon Bleu, plus de jeunes se sont intéressés à travailler avec cette association. Beaucoup d’entre eux sont des universitaires qui sont là pour faire un stage. Cela me fait plaisir qu’à Lagon Bleu, on voit une relève jeune. Ils ne sont pas des membres d’Eco-Sud mais travaillent pour Lagon Bleu. 

Nous avons une équipe de salariés, qui sont là pour des projets. C’est grâce aux financements que nous pouvons employer des gens ici. Lagon Bleu, c’est aussi un élément scientifique. Les stagiaires et les employés ont pour la plupart une formation scientifique dans leurs valises. Cela fait une grosse différence.

«Cela me fait plaisir qu’à Lagon Bleu on voit une relève jeune.»

 

Il y a aussi plusieurs d’étrangers… 

Nous avons quelques étrangers qui nous contactent par internet et qui viennent à Maurice. Ils manifestent un intérêt pour des stages. Ils viennent pour quelque mois avant de repartir. Certains sont là pour accumuler de l’expérience, d’autres pour donner un coup de main. 

Comment la création de Lagon Bleu a-t-elle été considérée par les riverains et ceux travaillant dans la région  depuis longtemps ? 

Nous avons tout fait pour établir de bonnes relations avant tout. Nous ne sommes pas venus leur dire de but en blanc «Arrêtez ce que vous faites. Ce n’est pas bon.» Nous avons pris le temps de discuter avec les pêcheurs et les skippers de la région. Nous avons échangé des idées et nous avons fait l’effort pour nous faire comprendre. 

Et cela fonctionne ? 

Oui, chacun a sa façon de procéder mais ils font des efforts. Certains, d’euxmêmes, se rendent compte que l’on peut faire des choses autrement. Certains skippers ont été formés pour être des guides marins avec Lagon Bleu et ils travaillent étroitement avec nous. 

Et qu’en est-il du ministère de la Pêche par rapport au parc marin ? 

Nous nous entendons bien aussi. Il y a des échanges avec les fonctionnaires. 

Et le futur de Lagon Bleu, c’est quoi à partir de là ?

Ce sera les mêmes combats. Désormais, les nouveaux sous-projets se concentreront sur la protection des sites Ramsar et des mangroves.

Sensibiliser de façon ludique et pratique

A nou al dekouver nou fon marin, c’était le thème d’une journée à Blue-Bay par l’association Lagon Bleu pour découvrir le parc marin de Blue-Bay. La troisième édition de cette journée s’est tenue samedi. Plusieurs activités pour les petits comme pour les grands ont été proposées. Notamment des sorties en Glass Bottom boat à prix réduits et des visites du parc à la nage pour ceux qui n’en ont jamais eu l’occasion. Depuis mai 2016, Lagon Bleu veut renouveler la journée tous les six mois. 

«C’est une volontaire française, Oriane Deloire, qui en avait eu l’idée. Elle a vu que nous étions motivés pour la sensibilisation et elle aussi s’est rendu compte que les Mauriciens ne connaissent pas vraiment ce qu’il y a sous la surface de l’eau», explique Josheena Naggea, coordinatrice de projets à Lagon Bleu. «Elle a proposé l’idée de faire découvrir les fonds marins aux Mauriciens et c’est de là qu’est née A nou al dekouver nou fon marin. Et de faire en sorte que les gens comprennent que même une bouteille polluera la mer et que les coraux doivent être colorés.» 

Après avoir contacté les autorités pour se rendre compte de la faisabilité, Lagon Bleu a été agréablement surpris de voir que cela a fonctionné avec la bonne volonté de plusieurs personnes et de certaines entreprises aux alentours. Organiser un tel évènement n’est pas évident mais avec l’aide de bénévoles, il a été réalisé avec succès. 

«Lors de la deuxième édition, nous avons invité d’autres ONG et l’université de Maurice. Et pour cette troisième édition, de nouvelles entités, dont le ministère de la Pêche, se sont jointes à nous», précise Josheena Naggea. 

Samedi, un peu plus de 100 personnes sont venues les rejoindre à Blue-Bay.

Gobie à queue rouge

Sicyopterus lagocephalus, 
Blue Stream Goby, Rabbit head Cling-goby, Rabbit-headed Cling Goby (An.), 
Gobie à queue rouge (Fr.), Cabo, bichik (Cr.) 
Indigène 
Classification : rare à Maurice

Le gobie à queue rouge est un petit poisson originaire des îles de l’océan Indien, des Comores, aux îles Mascareignes, et dans l’océan Pacifique, où il atteint la Polynésie française et se retrouve au nord du Japon. 

Le mâle peut atteindre une longueur totale d’environ 13 cm tandis que la femelle peut atteindre 10,6 cm. Pendant la saison des pluies, le mâle devient très coloré ; les côtés du corps deviennent vertbleuâtre, la queue devient orangerouge et il développe environ sept marquages sombres en forme de selle sur le dos. La femelle est grise ou marron avec des marques sombres, un ventre pâle et une bande noire et blanche à la base de la queue. 

La particularité de cette espèce c’est qu’on peut trouver des adultes dans des cours d’eau rapides avec des lits rocheux, mais les œufs éclosent en mer et le stade larvaire reste dans les eaux marines, migrant vers les eaux douces lorsqu’ils ont dépassé le stade larvaire. 

La reproduction a lieu dans les rivières, la femelle dépose ses œufs dans l’eau douce. Après l’éclosion, les larves s’élèvent à plusieurs reprises vers la surface du ruisseau puis plongent à nouveau ; cela les aide à être transportées par le courant. Elles meurent si elles n’atteignent pas la mer dans environ sept jours. 

À leur arrivée dans le milieu marin, les larves mesurent entre 1 et 4 mm de long et commencent à se nourrir de plancton. EIles sont translucides à ce stade et restent en mer entre 133 et 256 jours avant de migrer vers l’eau douce. Les gobies au stade post-larvaire commencent à entrer dans les estuaires. Ils ont déjà développé des disques d’aspiration, mais maintenant, ils subissent une métamorphose, leurs bouches se déplacent de la pointe du museau vers le dessous de la tête, ils commencent à développer du pigment, les nageoires pectorales se transforment, la queue perd sa fourche, et les dents apparaissent. Au fur et à mesure que les dents de râteau se développent, elles commencent à se nourrir d’algues qu’elles raclent du substrat. 

Après deux jours dans l’estuaire, les poissons juvéniles se déplacent vers l’amont, surmontant les petites chutes d’eau à l’aide de leurs disques d’aspiration, et après environ trois ou quatre semaines de migration, commencent à occuper des territoires dans les cours d’eau rapides où ils se reproduiront. A maturité, cette espèce habite des cours d’eau à flux rapide avec des substrats rocheux, de 0 à 600 m d’altitude. 

Les individus peuvent être affectés par toute destruction ou altération de l’habitat aquatique, en particulier les activités qui créent des obstacles à la migration des espèces. Dans certaines parties de son aire de répartition, cette espèce peut être menacée par la surpêche. Dans certains endroits, c’est une espèce importante pour la consommation locale, les postlarves étant capturées alors qu’elles se massent dans les estuaires. Ces post-larves sont connues comme «bichiques» à La Réunion et à Maurice, et sont très appréciées dans la cuisine créole. 

À Maurice, le gobie à queue rouge peut être trouvé dans les rivières qui sont les moins fréquentées et les moins polluées du pays, par exemple, dans le parc national des Gorges de la Rivière-Noire.

La Mauritian Wildlife Foundation (MWF) gère trois projets éducatifs et 18 projets de conservation, avec l’accent sur la sauvegarde des plantes et des animaux endemiques de l’île Maurice et de Rodrigues en danger d’extinction. Merci de contacter la MWF par email (fundraising@ mauritian-wildlife.org) - Tel: 6976117 pour plus d’information sur les projets nécessitant un soutien financier.