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Amal Amélia Lakrafi: «Voter le Front National lorsqu’on est Français de l’étranger est une aberration»

27 mai 2017, 19:49

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Amal Amélia Lakrafi: «Voter le Front National lorsqu’on est Français de l’étranger est une aberration»

La candidate de la République en marche pour la 10e circonscription des Français de l’étranger était à Maurice pour mener sa campagne. Lors de son bref séjour, qui a pris fin vendredi 26 mai, Amal Amélia Lakrafi a accordé un entretien à «l’express», où elle a parlé sans langue de bois. Elle est notamment revenue sur ses priorités, tout en assumant sa nouveauté en politique. Outre le fait de s’occuper des situations des Français vivant à Maurice, Amal Amélia Lakrafi a fait comprendre qu’elle voulait aider le secteur des TIC dans le pays.

On vous a présenté comme la candidate de La République en marche (LREM) de la 10ème circonscription des Français de l’étranger. De quoi relève-t-il exactement ?

La 10e circonscription regroupe 49 pays. Il y a le Moyen Orient, les pays de l’océan Indien, l’Afrique, à l’exception du Maghreb, et l’Afrique de l’Ouest. Cela représente 150 000 Français, dont la moitié sont des binationaux.

On parle là de pays avec des politiques, cultures et populations différentes. Est-il possible d’avoir une politique et un discours cohérent pour tous les pays de votre circonscription ?

Absolument ! Le programme de LREM pour les Français de l’étranger a été établi sur la base des données fournies par les principaux concernés. Le parti a envoyé un questionnaire à tous les Français. 18 000 ont répondu. Nous nous sommes alimentés de ces informations afin de concevoir un programme qui répond à leurs attentes. Evidemment, les priorités ne sont pas les mêmes pour tous les pays, mais les problématiques qui se répètent sont la scolarisation, la sécurité, la fiscalité et le social. 

Par ailleurs, il faut garder en tête que ce n’est que pour la deuxième fois que ces Français sont appelés à voter. Malheureusement, dans cette catégorie, il y a toujours l’ombre de l’abstention qui plane. En 2012, moins de 20 % ont voté…

Justement, parlons des abstentionnistes. A Maurice, pour le second tour, moins de 50 % de la population ont voté. Vous avez un message pour eux ?

Je leur demande de prendre part à la vie citoyenne de leur pays. Il faut qu’ils fassent partie de ceux qui veulent que celle-ci change…

Mais il n’y a pas que les abstentionnistes. Il y a aussi les 371 personnes qui ont voté pour Marine Le Pen. Pourquoi un Français de l’étranger voterait pour le Front National (FN) ?

Bon, je ne peux pas parler à leur place. Mais d’après ce que j’ai lu et entendu, il y a beaucoup d’ignorance et de ras le bol. Déjà, voter le FN lorsqu’on est Français de l’étranger est une aberration car la majorité de cette population est binationale et ce parti d’extrême droite est justement contre la double nationalité. Il doit bien y avoir des gens qui votent par adhésion, mais la plupart votent contre ce système. Et Emmanuel Macron répond parfaitement à leurs attentes car il veut justement apporter du changement. 

C’est donc une raison de voter pour vous, au-delà de votre beau sourire ?

(Rires). Tout le monde a toujours dit que le système est comme ça et que personne n’y peut rien. LREM est justement la preuve du contraire. Le changement est possible. La moitié des ministères sont occupés par des femmes. 70 % des candidats investis pour les législatives sont issues de la société civile et la moyenne d’âge est de 42 ans. Il y a tout cela et bien plus à prendre en considération. 

Il y a aussi l’affaire Richard Ferrand (Ndlr : Le ministre est accusé d’avoir permis à son épouse de remporter un contrat immobilier d’une institution dont il était le directeur)

L’affaire a éclaté après mon investiture, il y a deux semaines, alors que j’étais en déplacement pour rencontrer les Francais de l’étranger de la circonscription. Je ne vous cacherai pas que je n’ai pas tous les éléments à propos de cette affaire. Cela semblerait être une fausse polémique. 

Revenons à vous. Que savez-vous de l’île Maurice, hormis nos plages et notre hospitalité légendaire ?

J’en suis à ma première visite. Je sais que l’île Maurice est une destination balnéaire et paradisiaque. Au-delà de ça, il y a le fait que la population est jeune, comprend différentes origines et est un endroit où l’on vit en harmonie. D’autres pays peuvent en tirer exemple. 

Et pensez-vous que le nouveau Président de la France connaisse notre pays ?

Ecoutez. Il y a 192 pays dans le monde. Il est difficile de tous les connaître. Mais bon, je ne peux pas répondre à sa place. 

Vous avez abordé la question de la sécurité plus tôt. L’ambassade de France a été victime d’un attentat. Quelles sont vos propositions pour les Français vivant à Maurice en matière de sécurité ?

Il faut repenser à tout ce qui existe. Déjà, la base serait d’entretenir une communication constante entre les services de défense et de renseignement français et mauricien. Selon moi, arrivé à ce stade l’on pourra éviter beaucoup de choses et concrétiser d’autres. Bon, le risque zéro n’existe pas. Si en amont on crée les liens qu’il faut et que la communication passe, on peut vraiment préparer la population à l’avance. Bien évidemment, il est aussi important d’entretenir le dialogue avec les citoyens. Pourquoi ne pas instaurer une cellule de crise qui, une fois par an, à titre d’exemple sera chargée d’effectuer des tests, histoire de ne pas attendre qu’une catastrophe ne se manifeste pour essayer de trouver des solutions. 

Autre point du programme d’Emmanuel Macron est l’extension de l’assurance-chômage aux entrepreneurs. Envisage-t-il aussi de l’étendre aussi aux Français de l’étranger ? Ceux qui veulent investir à Maurice par exemple ? 

Bien sûr ! Si cela s’applique aux entrepreneurs Français, il est évident que le même principe s’appliquera aux étrangers. En tout cas, moi je ferai tout pour, étant moi-même une entrepreneuse. 

Vous avez eu une rencontre avec notre ministre des Technologies, de l’innovation et de la communication. Vous vous attendiez à quoi mis à part une bise et une photo ?

(Directe) A créer des partenariats entre Maurice et les pôles de compétitivité ainsi que les pépinières et incubateurs de start-ups françaises. Il existe vraiment un terreau d’entreprises françaises à valoriser. Les start-ups mauriciennes seront ainsi mises en avant. Je prévois aussi de créer des liens entre le ministère d’ici et les incubateurs avec qui je travaille et que je connais très bien. Déjà, Maurice a l’avantage d’être francophone et sans la barrière de la langue, on peut rapidement trouver des avenues pour une collaboration. 

Aventurons nous sur un terrain glissant. Tromelin. 

Je sais que l’île de Tromelin est un sujet important pour Maurice. Si je suis élue, je me pencherai sur ce dossier avec plus de profondeur. Étant nouvelle en politique, il faut que je comprenne les positions et les préoccupations des différentes parties concernées. Je porterai une attention particulière à ce dossier.

Laissons un peu de côté la politique et parlez-moi de vous… 

Moi ? Je fais 1 m 68. (Rires). Ah oui, je suis née le jour de la Fête du printemps. Pour le renouveau c’est bien, non ? Je suis aussi un fan de sports extrêmes. Boxe thaï, parapente et tout ça, j’adore. Je suis aussi active au sein de plusieurs Organisations non gouvernementales qui œuvrent pour la jeunesse en Afrique.

Vous vous voyez Premier ministre un jour ? Ou présidente de la République ?

Ah pas du tout. Ce n’est pas mon ambition. Mais ma fille, par contre, veut être présidente de la République et considère ma candidature comme étant un pas vers sa réussite. (Rires) 

Une dernière question. Brigitte Macron. Est-elle aussi sympa que vous ?

Je ne la connais pas personnellement. Mais tous ceux qui la connaissent disent qu’elle est une femme adorable. J’ai hâte de la rencontrer.