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L’opinion des proches des victimes de l’Amicale

11 août 2013, 20:38

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L’opinion des proches des victimes de l’Amicale

L’incendie de l’Amicale les a marqués à vie. La réouverture du dossier vient toutefois apporter un souffle d’espoir aux familles qui ont perdu un proche suite aux terribles événements de 1999. Naseem Bahorun, dont le frère Mohamed Fawzee Abdool Hakim a péri dans les fl ammes, estime qu’il ne méritait pas de mourir ainsi. « A la morgue, l’un de mes frères n’arrivait pas à reconnaître notre frère. Il était tellement carbonisé qu’on a su que c’était lui grâce à ses dents », se souvient-elle.

Peinée, elle avoue n’avoir pas apprécié ce qui a été dit sur son frère, soit qu’il était lié à l’escadron de la mort. Chose qu’elle nie en bloc. Qualifiant son frère d’exemplaire, elle confie que la famille vit dans la simplicité. Les familles Bahorun et Abdool Hakim sont heureux que l’enquête soit rouverte. « Il faut trouver le vrai coupable et que justice soit faite », lance-t- elle. Son seul désir : que le mystère entourant cet « acte barbare » soit résolu. «Je féliciterai Me Rama Valayden s’il arrive à trouver les vrais coupables. Ils doivent payer pour ce qu’ils ont fait», affirme-t-elle.

Marie-Jacqueline Sophie, 72 ans, abonde dans le même sens. Pour celle qui a perdu sa fille Rozana Jeannette Rambhoro, enceinte de neuf mois, dans le sinistre, il ne fait aucun doute : il faut découvrir qui sont les vrais coupables. « Tous les jours, je pense à ma fille qui devait accoucher dans quelques jours. Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé. Le décès de ma fi lle dans de telles circonstances me  tourmente encore », déclare la sexagénaire. Elle espère cependant que traîner les vrais coupables en justice l’aidera à surmonter cette dure épreuve qu’elle traverse depuis des années. A enfin faire son deuil.

Sunil Luckoo est, pour sa part, sans illusion aucune face à cette démarche. S’il veut connaître la vérité et l’identité de ceux ayant causé la mort de son père, alors âgé de 67 ans, il est toutefois d’avis que cela ne changera en rien sa vie. « En 14 ans, ça n’a rien changé », affirme-t- il. Son épouse Gyanee de renchérir : trouver les vrais coupables ne ramènera pas son beau-père à la vie.

Me Raouf Gulbul: « L’amendement n’est pas à l’avantage des condamnés de l’Amicale»

Vous avez travaillé, avec Rama Valayden,sur la contre-enquête sur l’affaire de l’Amicale. Que répondez-vous aux critiques quant au timing de la publication de votre rapport ?

Elles sont sans fondement. Je tiens à souligner qu’aucun des avocats qui ont travaillé sur ce dossier n’était au courant que le gouvernement allait proposer la révision de la Criminal Appeal Act. La décision d’amender cette loi vieille de soixante ans a été prise par le conseil des ministres le vendredi 12 juillet et l’amendement a été présenté à l’Assemblée nationale le mardi suivant avec un certificat  d’urgence. Moi-même je n’ai pas encore compris cet empressement. Personnellement, je suis contre cette révision. La contre-enquête, elle, a été rendue publique dix jours plus tôt et elle avait été entamée des semaines auparavant. Donc, on ne peut légitimement pas lier les deux. Est-ce que ce rapport a incité le gouvernement à amender la loi aussi vite ? Seul le gouvernement peut y répondre...
La loi a été votée, certes, mais je n’observe pas le même empressement pour sa promulgation.

Savez-vous si cette révision a été pilotée par Rama Valayden alors qu’il était Attorney General ?

Je ne suis pas au courant de cet élément. On n’en a pas discuté. Même si c’était le cas, Rama Valayden était ministre entre 2005 et 2010. Pourquoi cette révision maintenant ? Entre l’annonce du gouvernement et le vote, c’est un finish digne d’Usain Bolt.

Est-ce pour plaire aux Irlandais comme le sous-entendent certains détracteurs du gouvernement ?

Je ne vais pas commenter l’affaire Michaela Harte. Mais avec la nouvelle loi, rien n’empêche le directeur des poursuites publiques de réclamer l’annulation de la décision du jury d’acquitter Avinash Treebhoowon et Sandip Moneea. Et d’instruire un nouveau procès contre eux. Ce principe s’applique à n’importe quel procès, à l’instar de celui ouvert, dans le temps, aux assises contre sir Bhinod Bacha et Joyce Castellano.

Considérez-vous que le gouvernement s’attaque au principe de « double jeopardy » ?

On ne peut toucher un « safeguard » constitutionnel à la va-vite. Je maintiens mes critiques vis-à-vis de cet amendement dont je ne connais pas la logique. Rien ne justifie la remise en question de ce principe.

Qu’en pense votre ami Rama Valayden ?

Nous avons une divergence de vues. Lui pense que cet amendement va permettre la réouverture du procès de l’Amicale de Port-Louis. Moi, je crois qu’il représente une barrière assez haute.

Des nouvelles de la commission de pourvoi en grâce pour le dossier des condamnés de l’Amicale ?

Il n’y a pas que la famille des condamnés, la nation est en attente. Je souhaite une décision rapide. Si l’occasion m’en est donnée, je vais renverser la décision en Cour suprême en tant que « leading counsel ». J’ai bien étudié le dossier et j’ai l’intime conviction que je vais y parvenir