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Ordures: s’inspirer de Madame zéro déchet

17 mai 2017, 01:30

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Ordures: s’inspirer de Madame zéro déchet

Béa Johnson, le chantre du zéro déchet, a animé au cours de la semaine écoulée une causerie organisée par la Mauritius Commercial Bank. Elle a livré sa recette permettant de lui emboîter le pas et qui repose sur cinq règles.

Le chiffre de 389 kg, c’est la masse de déchets qu’un seul Mauricien produit par an alors que pour sa famille à elle, c’est seulement un pot d’environ 500 ml. Un pot qu’elle peut ranger dans son sac à main. Elle, c’est Béa John- son, plus connue comme Madame zéro déchet. Jeudi dernier, elle a animé une conférence unique sur sa façon de vivre. Une façon qui lui a permis de réduire drastiquement les déchets produits par sa famille. Et grâce à cela, elle fait non seulement un pas en avant pour l’environnement mais aussi de grosses économies.

Béa Johnson réalise son exploit en suivant cinq règles : premièrement elle rejette le superflu. Ensuite, elle réduit ce dont on pense avoir besoin. Troisièmement, elle fait de la réutilisation pour remplacer tout ce qui est jetable et acheter des produits d’occasion. Ensuite, elle recycle ce qui peut l’être, ce qui peut être réduit ou réutilisé et composté.

Ces cinq règles doivent être adoptées dans l’ordre d’une pyramide inversée. Mais si les règles sont strictes pour réussir, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas malléables. C’est à chaque personne de trou- ver son équilibre et réussir. D’après ses propres mots, elle n’est pas la «pour dire à qui que ce soit comment vivre».

«Je n’ai aucun droit de juger qui que ce soit, j’étais Madame tout le monde il n’y a pas si longtemps», avoue-t-elle. «Je ne me rendais pas compte que je jetais et que je polluais. Je ne suis là que pour parler de mon expérience.»

Et son expérience est convaincante. Jeudi soir, elle a aussi convaincu certains Mauriciens venus la voir. Encore plus ceux engagés dans la protection de l’environnement.

A l’exemple de Diane Desmarais, l’une des porteparole du Kollectif Ecoguard qui faisait partie de l’assistance. «Je faisais déjà des efforts pour réduire mes déchets. Je fais de mon mieux pour réduire et recycler à la maison», confie la nutritionniste. «C’est difficile de réduire complètement les déchets mais Béa Johnson prouve que c’est possible de le faire.»

Vivant elle aussi avec une famille de quatre per- sonnes, Diane Desmarais est certaine de pouvoir réussir à trouver un équilibre. Et elle est aussi certaine que les habitudes d’achat des Mauriciens, du moins celles actuelles, commenceront à changer «L’autre chose vraiment intéressante dont elle parle, c’est les achats en gros. Souvent, après ces conférences, des magasins d’achat en gros se mettent à apparaître et beaucoup prennent leurs propres conteneurs et sacs pour faire leurs courses et éviter les déchets avec des sachets en plastique.»

Béa Johnson met en effet en avant le fait que la majorité de ses courses sont faites dans des magasins qui vendent en gros et où elle peut emporter ses propres «cabas et récipient.» Elle ajoute aussi que dans le cas de Maurice, nous avons nos marchés et nos foires qui permettent d’acheter une grande partie de nos fruits et légumes en vrac. «Il faut juste éviter les sacs jetables.»

«Je n’ai aucun droit de juger qui que ce soit, j’étais Madame tout le monde il n’y a pas si longtemps.»

Diane Desmarais n’est pas la seule à avoir été à la conférence la semaine dernière. Josheena Naggea, coordinatrice de projet Eco-Sud, a également assisté à la conférence de Béa Johnson. Une causerie que la Mauricienne considère des plus «impressionnantes dans le fond. L’une des premières choses qui m’a le plus marquée, c’est le prix des emballages. Nous payons plus de 15 % du prix d’un produit», raconte Josheena Naggea. «Les cinq règles dont elle parle doivent être appliquées et c’est totalement possible.»

Elle ajoute que «c’est important de les comprendre, de les mettre en place, pour réussir à réduire nos déchet à Maurice.» Autre point que Béa Johnson et bien d’autres mettent beaucoup en avant et c’est l’élimination de l’encombrement de la surconsommation. «Il n’y avait pas de guide ou de livre de zéro déchet quand j’ai commencé. Mais il faut se fixer des objectifs pour réussir. Comme éliminer tout ce dont nous n’avons pas besoin», lance Béa Johnson. «Cela réduit drastiquement les déchets produits.»

Et pour réussir cet objectif, il faut voir au-delà du simple recyclage des déchets, «car tout n’est pas vraiment recyclable», dit-elle.

Sébastien Sauvage, président d’Eco-Sud, affirme que les nombreuses campagnes ont un effet sur la société mauricienne. «Il y a un intérêt citoyen grandissant pour minimiser le nombre de déchets.» Selon lui, Béa Johnson a graduellement créé une «communauté» de citoyens, qui sont conscients de la situation et souhaiteraient apporter leur contribution à la sauvegarde de l’environnement, surtout à travers le projet zéro déchet. Sébastien Sauvage, tout comme Béa Johnson, soutient l’idée qu’une démarche industrielle est importante. Cette initiative a la capacité de fournir de meilleurs résultats si les entreprises apportaient leur contribution, par exemple en réduisant les cas de gaspillages liés à l’emballage. Notre interlocuteur ajoute que cet engouement pour mieux gérer les déchets mérite un encadrement de la part du gouvernement. «Il faut une volonté politique pour soutenir les actions positives des gens.» Un apport, selon Sébastien Sauvage, serait d’appliquer le tri des déchets. «L’important est que 70 % de nos déchets sont des déchets verts, c’est-à- dire qu’ils peuvent devenir du compost. Trier les déchets à la source permettrait de séparer les déchets verts de ceux recyclables. Ainsi, une poubelle pour les déchets qui iraient au compostage et une autre pour ceux allant au recyclage», affirme-t-il. Il nous faudra faire un sérieux effort pour réduire la masse de déchets que nous produisons.