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Choléra au Yémen: les rebelles appellent à l'aide internationale

15 mai 2017, 17:09

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Choléra au Yémen: les rebelles appellent à l'aide internationale

Les rebelles au Yémen ont déclaré l'état d'urgence à Sanaa face à une épidémie de choléra et appelé à la rescousse la communauté internationale qui est confrontée à la difficulté d'acheminer les secours dans ce pays en guerre.

L'état d'urgence est une «indication sur le degré de gravité de la crise», a commenté lundi devant la presse à Sanaa, Jamie McGoldrick, coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen. Il a dit craindre la multiplication des cas dans les semaines et les mois à venir. 

La France s'est dite inquiète de la vitesse à laquelle l'épidémie se répand. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a annoncé une aide de 2 millions d’euros «pour soutenir des projets qui permettent de répondre aux besoins d’urgence absolue des populations, dans le secteur de la santé notamment

Les cas recensés dépassent les «moyennes habituelles» et le système de santé de la capitale est «incapable de contenir cette catastrophe», a déclaré le «ministère» de la Santé de l'administration des Houthis.

Ce département a lancé, dans un communiqué, un appel à l'aide auprès d'organismes internationaux pour contenir l'épidémie.

De son côté, le «ministre» de la Santé des rebelles Hafid ben Salem Mohammed, a assuré que «l'ampleur de la maladie dépasse les capacités» de ses services.

Dimanche, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a constaté que le choléra s'était répandu au Yémen, faisant état de 115 décès en deux semaines dans ce pays en guerre.

«Nous sommes maintenant confrontés à une grave crise de choléra», a averti à Sanaa Dominik Stillhart, directeur des opérations du CICR.

Citant un bilan du «ministère» de la Santé, il a indiqué qu'entre le 27 avril et le 13 mai 115 personnes étaient mortes du choléra et plus de 8.500 cas suspects avaient été recensés dans 14 provinces du Yémen.

Amine Mohammed Jamaan, «maire» de Sanaa, a promis de fournir «toutes les facilités, soutien et coopération à toute opération» d'aide.

Au bord de la rupture

La guerre au Yémen a dévasté les infrastructures de santé du pays, le plus pauvre de la péninsule arabique.

Le directeur adjoint de l'hôpital Sabyne de Sanaa, Nabil Najjar, a décrit à l'AFP une situation catastrophique dans son établissement.

Entre 150 et 200 malades s'y présentent chaque jour avec des symptômes du choléra et «nombreux sont hospitalisés».

«On a mis quatre patients par lit, installé des lits dans des tentes et sous les arbres du jardin».

«Mais la pluie et le froid ont compliqué les choses», a-t-il raconté, faisant état d'une pénurie de médicaments et de cadre médical.

«Les cadres étrangers sont partis, les sudistes se sont enfuis et pour les autres les salaires ne sont pas versés», a-t-il expliqué.

Les opposants aux Houthis accusent toutefois les rebelles de dramatiser la situation pour obtenir la levée de l'embargo aérien imposé à l'aéroport de Sanaa et prévenir une attaque contre le port de Hodeida, principal point d'entrée des importations yéménites.

«Ils (les Houthis) ont provoqué cette crise sanitaire qu'ils veulent utiliser pour obtenir la levée de l'embargo sur l'aéroport de Sanaa et prévenir une opération militaire contre le port de Hodeïda», accuse Hussein Hanachi qui dirige un centre d'études à Aden.

La coalition arabe anti-rebelles dirigée par l'Arabie saoudite impose un embargo aérien à Sanaa et menace de prendre le port de Hodeida sur la mer Rouge en affirmant qu'ils sont utilisés pour introduire des armes iraniennes au profit des Houthis.

Des organismes de l'ONU ont averti qu'une opération contre le port de Hodeida aggraverait la crise humanitaire.

Environ 19 millions de personnes au Yémen, soit environ deux tiers de la population, ont un besoin urgent d'aide humanitaire, dont 17 millions souffrent de la faim, selon l'ONU.

La guerre oppose les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenues par une coalition militaire arabe, à des rebelles Houthis alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh.

Selon l'OMS, les combats ont fait plus de 8.000 morts et plus de 44.500 blessés depuis mars 2015. Quelque 19 millions de personnes, soit 60% de la population, vivent en situation d'insécurité alimentaire, selon l'ONU.