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L’Autriche en route vers des législatives anticipées

15 mai 2017, 09:53

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L’Autriche en route vers des législatives anticipées

 

L’Autriche se dirigeait inéluctablement dimanche vers des législatives anticipées où l’extrême droite pourrait se tailler la part du lion, après la décision du parti conservateur d’écourter le mandat de sa coalition avec les sociaux-démocrates.

Des législatives à l’automne braqueraient de nouveau l’attention sur la petite république alpine, moins d’un an après une présidentielle à suspense où le candidat d’extrême droite s’était qualifié pour le second tour.

La mandature du parlement actuel court jusqu’à l’automne 2018 mais le calendrier s’est accéléré avec la désignation, dimanche, d’un nouveau dirigeant du parti conservateur (ÖVP) en la personne du chef de la diplomatie autrichienne Sebastian Kurz, star de la politique nationale à tout juste 30 ans.

Le ministre avait fait savoir dès vendredi que s’il prenait la tête de son camp, il abrègerait l’agonie de la coalition gouvernementale formée depuis 2007 avec les sociaux-démocrates (SPÖ) en demandant des élections anticipées.

Il a confirmé dimanche, à l’issue d’une réunion de son parti, qu’il présenterait dès lundi une demande en ce sens au chancelier social-démocrate Christian Kern et au chef d’Etat Alexandre Van der Bellen.

«Les grandes décisions sur la direction que doit prendre ce pays doivent être confiées aux électeur», a-t-il déclaré.

Sa proposition devrait recueillir l’approbation d’une majorité des députés, lançant le compte à rebours vers des élections fin septembre ou début octobre.

Le chef de l’exécutif lui-même avait estimé plus tôt dans la journée «qu’il y aura avec certitude des élections à l’automne de cette année». Un nouveau marathon électoral en Europe après les scrutins aux Pays-bas et en France, marqués par la progression de l’extrême droite, et ceux à venir au Royaume-Uni et en Allemagne.

S’allier au FPÖ ?

Sociaux-démocrates et extrême droite sont donnés au coude à coude dans les intentions de vote, devançant significativement un parti conservateur en crise.

Mais le paramètre Kurz, très populaire dans l’électorat, pourrait rebattre les cartes: selon un sondage paru samedi dans le quotidien Standard, le ministre apparaît comme la personnalité préférée des Autrichiens pour le poste de chancelier.

Son arrivée à la tête des conservateurs, annoncée de longue date, fait suite à la démission surprise, mercredi, du vice-chancelier et chef du parti depuis 2014, Reinhold Mitterlehner, usé par les luttes de pouvoir au sein de la coalition et de sa formation.

Sebastian Kurz surclasse dans les baromètres de popularité Christian Kern, également chef des sociaux-démocrates, au pouvoir depuis un an. Ancien patron des chemins de fer autrichiens, sans expérience de gouvernement avant 2016, il a insufflé du renouveau dans le parti de centre gauche.

Le troisième acteur de probables législatives est le chef du parti d’extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, dont la formation est créditée d’environ 30% des intentions de vote.

Dans tous les cas de figure, les prochaines législatives placeront la gauche et la droite autrichienne face à la question épineuse d’une alliance avec le FPÖ, qui, même s’il n’arrive pas en tête, se posera en partenaire de gouvernement.

Sociaux-démocrates et conservateurs, qui dominent la vie politique depuis 1945, ne semblent en effet ni désireux ni capables de reconduire leur alliance.

Leur collaboration a donné ces derniers mois l’impression d’une paralysie croissante de l’action gouvernementale, émaillée de nombreuses querelles.

Pendant ce temps, l’absence de reformes significatives, le décrochage de l’économie autrichienne vis à vis de sa voisine allemande, en dépit d’une prospérité incontestable, les craintes liées à l’afflux de demandeurs d’asile de l’année 2015 ont alimenté la progression du FPÖ.

Ce parti, alors dirigé par Jörg Haider, a déjà été associé à un gouvernement conservateur entre 2000 et 2005, provoquant d’importantes manifestations en Autriche contre cette alliance et des critiques de l’Union européenne.

Si la question d’une alliance avec le FPÖ n’est pas taboue à droite, elle ne l’est pas non plus à gauche, même si elle divise au sein des deux partis.

Illustration du désaveu des formations traditionnelles dans une grande partie de l’Europe, SPÖ et ÖVP avaient été éliminés dès le premier tour de la présidentielle en 2016 au profit des candidats vert, Alexander Van der Bellen, et de l’extrême droite, Norbert Hofer, finalement battu.