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[Vidéo] Logement social: loyer chaud pour des «bwat zalimet»

30 avril 2017, 19:50

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[Vidéo] Logement social: loyer chaud pour des «bwat zalimet»

Mille neuf cents : c’est le nombre de maisons de la National Housing Development Corporation (NHDC) qui seront construites en 2018. L’annonce a été faite par le ministre du Logement et des Terres, Showkutally Soodhun, qui se dit satisfait de l’avancée des autres projets de l’organisme. Toutefois, certains bénéficiaires font grise mine. Ce n’est pas le mot «satisfaction » qui leur vient à la bouche.


 

Direction Pointe-aux-Sables, chez la famille Désiré, dans un lotissement où fleurissent des dizaines de petites maisons. «Bann bwat zalimet», ironise notre interlocutrice, Claudine, qui vit dans l’une d’elles depuis cinq mois. À contrecœur. Son ancienne maison, à Tranquebar, lui manque : «Ti enn lakaz tol, mé ti éna trwa lasam, ek pli boukou fasilité. Minis Soodun inn tir nou dan Tranquebar, in met nou isi kouma lisien», se plaint-elle, indignée par les dimensions des pièces.

Nous la suivons, pour le tour du propriétaire. La visite est rapide : une cuisine rudimentaire, une salle de bains et des toilettes dans une pièce, puis une chambre à coucher encombrée, où vivent cinq personnes, soit Claudine, ses trois enfants et sa mère. Un comble pour la jeune femme, qui juge ce logement largement insuffisant pour sa famille. «Sans compter que la toiture est en tôle ! Isi nou gagn boukou problem. Kan lapli tonbé, délo rant dan lakaz. La sal dé bin koulé, tiyo kasé. Lakaz-la fêlé…» Quoi qu’il en soit, elle doit débourser Rs 1 437 par mois pour sa maisonnette.

Maré nwar

Elle ne peut se fier qu’à une maigre allocation. Une misère. Elle obtient chaque mois Rs 3 000. Après avoir payé la NHDC, il ne lui reste pratiquement rien, alors qu’elle doit élever seule trois enfants «sans pouvoir travailler», précise-t-elle. Nous lui demandons alors ce qui l’empêche de trouver un emploi. Le hic, c’est que si elle en trouve un, elle devra faire une croix sur sa pension : c’est la condition imposée par les préposés du bureau de la Sécurité sociale. Accablée, elle fait le décompte de toutes ses dépenses : «Mo pa pey zis lakaz, mo bizin pey délo, komisyon, zafer lekol, etc.»

Les problèmes n’en finissent pas. Claudine raconte ainsi qu’il n’y a pas d’éclairage dans les ruelles. «Kan nou marsé aswar, koumadir nou pé mars dan maré nwar, ricane-t-elle. Nou ti al fer démars pou met tib lor kolonn, mé bannla pann fer nanié. Nounn aret fer démars.» Selon elle, les autorités auraient demandé aux habitants une contribution afin de payer pour l'installation d'un pylône électrique – qui coûterait la bagatelle de Rs 72 000. Impensable, pour ceux qui se trouvent au bas de l’échelle, comme Claudine.

Notre interlocutrice laisse entendre que ce n’est qu’au bout de 20 ans qu’elle pourra agrandir sa maison. Soit après s’être acquittée chaque mois des Rs 1 437 dues. Il faudra entre- temps se contenter de l’unique chambre…