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Ils ont du métier- Mohamed Farouk Oodally, 69 ans: Le quotidien d’un vendeur de journaux

29 avril 2017, 13:22

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Ils ont du métier- Mohamed Farouk Oodally, 69 ans: Le quotidien d’un vendeur de journaux

 

Le chemin de fer nous conduit à Rose-Hill. Entre les voitures, les klaxons, les piétons, un vieil homme et son présentoir. Dessus, une pile de journaux. Pour info, cela fait plus d’un demisiècle qu’il les aime, qu’il les feuillette, qu’il les vend. Alors que le 3 mai, l’on célèbre la Journée mondiale de la liberté de la presse, on a voulu prendre de ses nouvelles. Récit.

 Les narines sniffent malgré elles le monoxyde de carbone émanant des pots d’échappement, en ce mercredi matin. L’encre fraîche les apaise. Son «chapô» original vissé sur la tête, Mohamed regarde ses journaux, qu’il connaît intimement depuis 1961. Année lors de laquelle il a pris la relève de son père. «Mo ti éna 13 an sa lepok-la», souligne Mohamed en feuilletant sa mémoire. Son papa, lui, était dans le métier depuis 1948…

Assis sur son tabouret, le sexagénaire accepte de se livrer sans filet. Il fut un temps, rappelle-t-il, où «lagazet» se vendait à 5, 10 sous. Où le nombre de copies écoulées s’élevait à 500 au quotidien. «Létan finn bien sanzé…» note-t-il en passant en revue les souvenirs.

Des journaux, il en vend aujourd’hui une centaine à peu près par jour, confie-t-il en poursuivant sa narration. «Kouma gagn enn gro evenman ou bien enn krim, lagazet alé koumma dipin so.» De nos jours, les faits divers sanglants sont devenus banals. À l’ère d’Internet, les news sont vite «rassies».

N’empêche. Sa passion «encrée» pour ses quotidiens, périodiques, hebdomadaires, elle, n’a pas pris un pli. Du lundi au dimanche en passant par les autres jours, de 7 heures du matin à 6 heures, il se fait l’intermédiaire entre les lecteurs et les médias, sans se froisser. Mohamed est incollable sur pratiquement tous les sujets. Parce qu’il ne fait pas que les vendre, il les dévore.

 Ce métier est d’ailleurs le seul qu’il ait jamais pratiqué. Sa marge de profit ? 10 % sur les ventes. Montant total de son chiffre d’affaires mensuel ? «Pa gagn boukou sa.» Pas de scoop, tournons la page. Pourquoi travaille-t-il toujours à cet âge ? «Parski mo kontan sa travayla. Mo kontan travay ek klian, koz ek zot», fait valoir l’homme de terrain.

 Quand il n’est pas avec ses «amis», il est avec ses «grands» enfants, dont l’aîné est âgé de 41 ans. Mais «sa métié lamem mo lwazir sa. Mo viv ladan mem mwa». Mohamed ne dit pas cela que pour faire bonne impression.