Publicité

[Vidéo] Parler de sexualité à une jeunesse libérée

8 avril 2017, 21:50

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

[Vidéo] Parler de sexualité à une jeunesse libérée

«Vos ados ici sont les mêmes qu’en France, en Belgique, en Italie. L’un d’eux m’avait d’ailleurs dit : ‘mais madame, si on a des questions, on n’a qu’à aller sur Youporn’. J’ai posé la question ce matin aux collégiens à Maurice pour savoir s’ils connaissaient ce site. C’est bien le cas. Vous voyez ?» Thérèse Hargot, sexologue et conférencière d’origine belge, s’explique ainsi face à son audience au gymnase du collège Lorette de Rose-Hill, en début de semaine.

«Avec les nouvelles technologies, les adolescents ont de plus en plus accès à l’image. La curiosité sexuelle s’éveille, l’accès est ultra-facile. Et vos enfants ne vous diront pas qu’ils regardent ces images préfabriquées. Cela gêne, c’est tabou», confie la sexologue, de passage à Maurice pour deux semaines. À quel moment faut-il discuter de la sexualité et comment s’outiller par conséquent ? Comment faire face à Internet ? Cette réalité préoccupe bien des adultes.

«Les meilleures discussions se font dans la cuisine», souligne-t-elle. La contribution de l’école, lieu d’éducation, est également à considérer. Dans le même esprit, le comportement de l’enfant doit être observé. Par exemple, quand ce dernier commence à se toucher ou qu’il prend plus conscience de son corps, etc. Dans cette situation, il faut créer une relation de confiance et aborder la question. Quant à Internet, Thérèse Hargot répond par un besoin de renforcement de l’intérieur de la famille.

 

Un deuxième volet de questionnements titille aussi bien les jeunes que leurs parents, estime la conférencière. Il s’agit du sentiment amoureux. Dans ce cas, explique Thérèse Hargot, les adolescents veulent savoir comment être certains qu’ils aiment une personne ou encore quand il faut se mettre en couple. Et là, émergent des réflexions profondes sur l’attitude à adopter face au copain ou à la copine. Par contre, deux aspects semblent être occultés par la jeunesse : les maladies sexuellement transmissibles et la grossesse précoce. «Pourtant, ce sont bien des réalités. Mais on fait semblant qu’elles n’existent pas. Il faut briser ces tabous», ajoute-t-elle.

C’est d’ailleurs en vue de susciter la réflexion que la sexologue belge est de passage à Maurice. Cette initiative revient à Édouard Espitalier-Noël, cheville ouvrière de ce projet ainsi qu’à l’Action familiale et le Service diocésain de l’éducation catholique. «J’ai découvert Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), le livre de Thérèse Hargot. J’ai trouvé que son message était ouvert à toutes les religions. On a pris contact sur Facebook et, de là, nous avons organisé sa visite à Maurice. C’est important de parler d’amour, car les jeunes ont une image déformée de la sexualité», déclare-t-il.

Un phénomène auquel concèdent plusieurs membres du public. Ainsi, pour Géraldine Pellegrin, mère et enseignante, il est important de parler de ce sujet. «C’était très enrichissant. Même ma fille est venue y assister un peu plus tôt dans la journée», affirme-t-elle. 

Nicolas Soopramanien, psychologue, également présent lors de la conférence, soutient que cela a permis d’aborder plus les réalités et actualités de la société mauricienne. Cela le pousse d’ailleurs à réfléchir sur les moyens de briser les tabous. «On pourrait créer des ateliers de partage et des forums pour les parents, des rencontres régionales pour échanger. Les parents sont perdus face à cela», avance-t-il.

Autre étape : lundi 10 avril. Thérèse Hargot animera d’autres conférences au collège Lorette de Mahébourg. Elle devrait aussi rencontrer Leela Devi Dookun-Luchoomun, ministre de l’Éducation.

Une autre conférence aura lieu dans la soirée à l’intention des couples et des célibataires. Et le mercredi 12 avril, elle procédera à des formations pour les éducateurs qui encadrent les jeunes ainsi que les professionnels, comme les thérapeutes, avant de quitter le pays.