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Dépression: Thanvi a perdu le goût de vivre

7 avril 2017, 13:37

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Dépression: Thanvi a perdu le goût de vivre

Si la dépression a une base génétique certaine, ce sont des facteurs environnementaux et sociaux qui la déclenchent dans la majorité des cas, affirme le Dr Ameenah Sorefan, consultante en psychiatrie à l’hôpital Brown -Séquard, dans les colonnes de l’express, ce jeudi 6 avril. Le vécu de Thanvi*, 49 ans, le confirme. Elle livre son témoignage, ce jeudi 6 avril, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, dont le thème cette année est «Dépression, parlons-en». 

Cette quadragénaire, qui habite avec son époux et deux de leurs quatre filles dans une dépendance de deux pièces, située dans la cour d’une villa en bord de mer, dans le Nord, vit des épisodes dépressifs depuis 2013. Moments qui prennent la forme d’une grande tristesse et de maux de tête terribles, «koumadir ounn pran enn kouto ek ou pé pik li». 

Il lui est aussi arrivé d’entrer dans un autobus pour rentrer chez elle et d’oublier où il faut s’arrêter ou encore de mettre des aliments sur le feu et d’oublier de les avoir mis jusqu’à ce que l’odeur de brûlé la lui fasse réaliser. Elle a cherché de l’aide, s’étant rendue en consultation à l’hôpital SSRN. On lui a même fait passer un CT Scan, qui n’a rien donné. Le médecin qui l’a auscultée a réalisé qu’elle souffrait de dépression et lui a prescrit des antidépresseurs qu’elle a pris, tout en contrôlant son diabète. Elle a bien tenté les massages de tête mais ils ne la soulagent que momentanément. 

Idées suicidaires

Son état s’est aggravé au point où, depuis lundi 3 avril, elle a dû être admise à l’hôpital Brown-Séquard en raison de ses idées suicidaires.  Ce qu’elle ne nous dit pas d’emblée et que sa psychiatre l’encourage à révéler est que son état a empiré. Cela, parce que son mari est un joueur invétéré, qui dépense tout l’argent qu’il gagne au jeu et qui boit plus que de raison. «Mo bolom pa korpéré. Ler li bwar, li koz brit ar mwa. Li insilté mwa, li imilié mwa. Li fer mwa santi mwa koupab pou tou. Par egzanp, mo kontan fer lapriyer é li pou dir mwa mo pé fer diab. Ler mo al enn plas, li pansé ki mo pé gard enn zom.» 

Or, d’après ce qu’elle en sait, c’est lui l’infidèle. «Samem li pa fer démars pou maryé so bann tifi parski li pansé li touzour zénes.» En novembre dernier, il va plus loin dans la violence et la tape. Elle se rend à la police et obtient même un Protection Order. Mais comment le faire appliquer lorsqu’elle ne dépend que d’une pension du ministère de la Sécurité sociale et qu’elle n’a nulle part où aller ? 

Les choses se sont encore envenimées le week-end dernier. Ayant dépensé tout son argent, son mari a vidé son sac et a saisi son argent pour aller s’acheter des cigarettes. Elle n’a rien pu faire. Ce qui l’a fait broyer du noir à n’en plus finir, avec même l’idée d’attenter à sa vie. Résultat : elle est admise à l’hôpital Brown -Séquard.

Comme le traitement de la dépression passe non seulement par les antidépresseurs mais aussi par des consultations avec le psychiatre et l’assistante sociale pour identifier et surtout éliminer les facteurs déclenchant l’épisode dépressif dans l’environnement du malade, ces professionnels de santé ont fait appeler son mari et lui ont conseillé de suivre un traitement pour se défaire de son alcoolisme dans un centre de réhabilitation. Thanvi ignore s’il le fera. Elle espère qu’il change car autrement, pour la première fois de sa vie, elle envisage de le quitter. Elle est désormais consciente que sa survie en dépend. 

*prénoms modifiés