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Credit Suisse lance une campagne sur sa «tolérance zéro» quant à l’évasion fiscale

3 avril 2017, 21:15

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Credit Suisse lance une campagne sur sa «tolérance zéro» quant à l’évasion fiscale

La banque helvète Credit Suisse a lancé une vaste campagne de publicité axée sur sa «tolérance zéro» à l’égard de l’évasion fiscale, après une opération judiciaire coup de poing, au moment même où son patron doit soigner son image pour convaincre de sa stratégie.

Dans les pages saumon du Figaro, du Financial Times et d’autres grands journaux européens, la banque a publié un message sous forme de lettre ouverte détaillant les mesures adoptées pour s’assurer que ses clients sont en règle avec le fisc.

«Depuis 2011, nous avons passé en revue nos relations clientèle en Europe et avons reçu la confirmation de leur statut fiscal», a expliqué la banque dans des encarts publicitaires de deux pages publiés dans la presse française, britannique et néerlandaise.

L’établissement a mis un terme aux relations avec les clients qui n’ont pas voulu fournir les informations requises. Cette politique de régularisation stricte a engendré d’importantes sorties de capitaux.

«Le Credit Suisse applique une politique stricte de tolérance zéro», a insisté le numéro deux du secteur bancaire helvétique.

Jeudi, une opération internationale coordonnée par l’agence européenne Eurojust, qui gère la coopération judiciaire de l’Union européenne, a été menée aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France et en Australie.

Des perquisitions ont été effectuées par des agents du fisc et deux personnes ont été arrêtées aux Pays-Bas. Des lingots d’or, des toiles de maître et de l’argent liquide ont été saisis.

L’enquête porte sur des personnes suspectées de fraude fiscale et de blanchiment qui auraient caché «des millions d’euros aux autorités en les plaçant sur des comptes ouverts auprès d’une banque suisse», ont indiqué les autorités néerlandaises, sans la nommer.

Dans un communiqué publié vendredi, Credit Suisse a dit avoir été contacté par les autorités locales pour ses bureaux de Londres, Paris et Amsterdam, tout en soulignant que la banque coopérait avec les autorités.

Cette vaste opération a été menée sans que les autorités suisses n’aient été informées. Elle intervient alors que la banque est en pleine transformation.

Priorités

A l’été 2015, le Franco-ivoirien Tidjane Thiam avait repris les commandes de Credit Suisse et lancé peu après une grande réorganisation visant à mettre l’accent sur la gestion de fortune, en particulier en Asie, et à recalibrer la banque d’affaires.

Le projet, initialement acclamé par les marchés, s’est cependant vite attiré une vague de critiques, notamment face aux résultats de la banque, qui a bouclé deux exercices successifs dans le rouge.

Pour 2016, sa perte nette s’est chiffrée à 2,4 milliards de francs suisses (2,2 milliards d’euros) en raison de provisions pour régler un dossier sur la vente de titres adossés à des emprunts hypothécaires au terme d’un accord avec les autorités américaines, moyennant une amende de 5,3 milliards de dollars.

«Mettre cette question derrière nous était une de mes priorités», avait alors déclaré M. Thiam, relevant que la banque allait ainsi pouvoir continuer à progresser sur sa restructuration.

Son prédécesseur, l’Américain Brady Dougan, lui avait passé le flambeau après avoir réglé en 2014 un des dossiers les plus épineux, sur l’aide à la fraude fiscale aux États-Unis, qui lui avait valu une amende de 2,8 milliards de francs suisses.

Sous forte pression, de nombreuses banques suisses se sont efforcées de régler un à un les dossiers fiscaux, notamment grâce à un programme de régularisation mis en place entre Berne et Washington. Malgré les efforts consentis pour se plier aux exigences en matière de conformité fiscale, elles sont cependant régulièrement éclaboussées par des litiges liés à la régularisation de flux d’argent internationaux.

Dans un entretien accordé à l’agence financière Bloomberg, Iqbal Khan, le directeur de la gestion de fortune à l’international de Credit Suisse, s’est dit «surpris» que cette opération intervienne au moment même où la banque s’apprête à mettre en oeuvre des mesures pour l’échange automatique d’information.

Le reporting individuel des clients débute ce mois ci, en avril 2017 pour les clients en Europe, et sera lancé en 2018 pour les clients individuels européens gérés depuis la Suisse.