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Marathon: la technologie pour casser la barrière des deux heures

3 avril 2017, 15:47

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Marathon: la technologie pour casser la barrière des deux heures

 

Un mythe face à la technologie: le projet Breaking2 de Nike a pour objectif de briser la barrière des deux heures sur la distance mythique du marathon (42,195 km), grâce à des innovations que l’équipementier américain entend bien monnayer ensuite sur le marché florissant du running.

Le choix de l’autodrome de Monza pour accueillir la tentative, probablement en mai 2017, n’est pas anodin, tant l’aérodynamique est le dénominateur commun à la Formule 1 et au projet.

L’engouement pour les courses sur route constitue un phénomène de société, avec les marchés chinois et indien qui enregistrent une croissance exponentielle. Les dizaines de millions de pratiquants et d’adeptes sont autant de consommateurs de chaussures et de textiles que Nike espère atteindre à travers ce projet.

Pour cela, la marque à la virgule a sélectionné trois marathoniens de très haut niveau, trois ambassadeurs transformés en nouveaux Gagarine du bitume, dont le Kényan Eliud Kipchoge, champion olympique du marathon à Rio.

Un premier test a eu lieu le 7 mars à Monza sur un semi-marathon. Et Kipchoge s’est acquitté de la tâche en 59 minutes 17 secondes, chrono de bon augure.

Aérodynamique

Au centre du projet trône la technologie.

Tout commence par la chaussure, la «Zoom Elite», dessinée pour pénétrer l’air. Une plaque en carbone glissée dans la semelle fait économiser de l’énergie à l’athlète et, de plus, la lui restitue dans la phase de propulsion. «Un avantage excessif, comme si on courait en légère déclivité», explique un spécialiste en biomécanique.

Le maillot, «élaboré avec des matériaux différents selon les endroits du corps», et le short caleçon ont été conçus également avec le souci majeur de l’écoulement de l’air. Le marathonien bionique est ainsi né, équipé en outre de deux plaques sur les mollets qui fonctionnent comme des ailerons.

Pour cette opération, Nike, le géant américain de l’Oregon, a réuni des experts en biomécanique, design, ingénierie, développement des matériaux et nutrition. L’aspect humain, quelque 2500 ans après la bataille de Marathon, n’a pas été oublié avec des physiologues et psychologues.

Jean-Michel Serra, médecin de l’équipe de France d’athlétisme, estime le «moins deux heures» impossible dans une échéance proche sans cet «apport technologique», une évolution qu’il rapproche de «ce qui s’est passé pour le record de l’heure cycliste dans les années 90».

«Il a fallu une vingtaine d’années (entre 1985 et 2003) pour gagner un peu plus de 2 minutes et là on voudrait qu’en l’espace de deux ans et demi on arrive à booster le système humain pour gagner trois minutes», remarque le praticien. Le record du monde actuel, établi par le Kényan Dennis Kimetto, est de 2 heures 02 minutes 57 secondes. «Même si on peut encore améliorer quelques points, notamment comment mieux s’alimenter en course», consent le Dr Serra.

Sans limite

Kipchoge avance, lui, que beaucoup est dans la tête. «Il n’y a pas de différence dans l’entraînement, c’est psychologique. Ce que j’essaie de faire, c’est en fait d’effacer cette pensée dans l’esprit de chacun que l’être humain a des limites. En courant en moins de deux heures, j’aurai inspiré plus de cinq milliards de gens et chassé cette notion de limites pour l’homme», déclare-t-il à l’AFP.

«Ça serait bien que l’IAAF se penche un jour sur l’équipement», remarque René Auguin, numéro un des managers français et responsable du plateau du marathon de Paris.

En fait, Nike, tout à sa course en avant, se moque bien que le record, si record il y a, soit homologué par la Fédération internationale.

L’équipementier est carrément hors des clous. Du camion qui aspirerait les coureurs, aux lièvres frais lancés en cours de tentative, aux équipements utilisés avant d’avoir été approuvés, à la fenêtre de la course qui resterait ouverte plusieurs jours en fonction de la température, de l’humidité de l’air et du vent.

Eliud (littéralement Dieu est la splendeur) Kipchoge est dans une autre dimension aussi. «Eliud s’est fixé un objectif», explique son entraîneur Richard Metto. » Aujourd’hui, je veux faire ça. Ma limite c’est le ciel. Rien d’autre. Personne ne l’arrêtera en route».