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Le temps alloué aux questions fait débat

1 avril 2017, 16:33

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Le temps alloué aux questions fait débat

 

Durant la tranche de questions qui lui est réservée, le Premier ministre n’a répondu qu’aux interpellations de Sudesh Rughoobur. Une situation qui dérange.

Quatre. C’est le nombre total de questions auxquelles le Premier ministre a répondu mardi, lors de la Prime Minister’s Question Time, suscitant la colère des membres de l’opposition. Auteur de ces questions, le député Sudesh Rughoobur se défend.

«Mes questions ont été envoyées depuis le début de janvier et étaient adressées au ministre des Finances. La pratique veut que celui qui envoie ses questions en premier soit en haut de la liste des questions de l’order paper», note le député de Grand-Baie–Poudre-d’Or. Si, pour certains, il s’agit d’une tentative délibérée du Premier ministre et du député d’éviter une question embarrassante de l’opposition, il s’agit aussi d’un manquement aux standing orders de l’Assemblée nationale.

Pour Sudesh Rughoobur, il est nécessaire d’envoyer ses questions à l’avance afin d’obtenir une réponse orale. «Je n’ai aucun capital politique à en tirer, je pose aussi des questions qui embarrassent le gouvernement

Shakeel Mohamed, député rouge, ne l’entend pas de cette oreille. Il a envoyé une lettre le 21 mars à la Speaker de l’Assemblée nationale, demandant que des mesures soient prises pour mettre un frein à cette pratique et que les questions soient envoyées une semaine avant la séance parlementaire. «Mardi, j’ai rencontré la Speaker à ce sujet. Qu’un député ne puisse pas poser de question est une violation de la Constitution. En cas de longue réponse, la Speaker doit demander que celle-ci soit circulée afin que les autres députés puissent poser leurs questions.»

Rajesh Bhagwan, député mauve, estime que si le député Sudesh Rughoobur a monopolisé le temps alloué aux questions, c’était uniquement afin de permettre à Pravind Jugnauth d’éviter de répondre à sa question sur le transfugisme. «Il est nécessaire d’amender les standing orders. Il faut qu’il y ait plus de trente minutes pour les questions surtout si les réponses sont longues. Il est temps que la Speaker mette de l’ordre.»

Toutefois, il indique être d’accord avec le fait que ceux qui envoient leurs questions en premier sont en tête de l’ordre du jour. «Dans ce cas, les réponses doivent être courtes et concises. C’est le rôle de la Speaker de contrôler cela. Pour les questions laissées sans réponse, la plupart du temps nous n’en avons pas non plus après.»

L’ex-Deputy Speaker, Adrien Duval, dit, lui, attendre la motion de censure contre la Speaker pour avancer ses arguments au Parlement. «La Speaker gère les débats et alloue le temps aux questions selon son jugement. Je ne remets pas cela en cause mais c’est étonnant que seulement quatre questions ont pu être posées pour cette tranche de questions au Premier ministre, surtout que les autres étaient embarrassantes pour le gouvernement. Ce n’est pas possible qu’une réponse prenne près de sept minutes.»

Razack Peeroo, ancien Speaker de l’Assemblée nationale, apporte la nuance. Selon lui, cela arrive que les députés envoient leurs questions des mois à l’avance et qu’un député pose plusieurs questions. Toutefois, cela ne doit pas se produire systématiquement afin de ne pas barrer la route aux autres députés. «C’est autorisé qu’un député pose plusieurs questions mais si cela arrive souvent, c’est la prérogative du Speaker d’intervenir dans un esprit de fairplay. C’est possible qu’un député monopolise le temps pour les questions au Premier ministre mais il faut que ça soit un cas isolé pour la démocratie parlementaire.»

Dans le cas où une réponse serait trop longue, la Speaker peut aussi estimer que le ministre ou Premier ministre a fait le tour de la question et demander à passer à la suivante.