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L'ex-présidente sud-coréenne sous la menace d'une arrestation

30 mars 2017, 07:55

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L'ex-présidente sud-coréenne sous la menace d'une arrestation

L'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye est arrivée jeudi matin au tribunal de Séoul appelé à statuer sur son éventuelle arrestation dans le scandale de corruption qui a précipité sa destitution.

Pâle, la mine sombre, Mme Park n'a pas prêté attention à la foule de journalistes et de photographes qui l'attendait à l'extérieur du tribunal, dans lequel elle s'est engouffrée pour une audience qui devrait durer plusieurs heures.

Son arrestation et son placement en détention seraient une étape de plus dans la disgrâce de celle qui avait pourtant réalisé un score record lors de la présidentielle de 2012, qui avait fait d'elle la première femme à accéder à la fonction suprême en Corée du Sud.

Cette descente aux enfers a débuté en milieu d'année dernière avec les révélations sur les agissements de son amie de 40 ans et sulfureuse confidente de l'ombre, Choi Soon-Sil, qui n'occupait aucune fonction officielle.

Cette dernière est jugée, notamment pour avoir profité de sa proximité avec la présidente pour soutirer des millions de dollars à des conglomérats sud-coréens.

Les révélations s'accumulant, le Parlement a décidé début décembre de destituer la présidente afin de lever son immunité qui empêchait la justice d'enquêter sur elle. 

Cette destitution a été validée le 10 mars par la Cour constitutionnelle, ce qui a permis son audition marathon, la semaine dernière pendant 21 heures, par des magistrats du Parquet qui ont finalement requis son arrestation. 

Saluée par ses partisans

Complice présumée de Mme Choi, Mme Park est accusée d'avoir «abusé de ses énormes pouvoirs et de son statut de présidente pour recevoir des pots-de-vin des entreprises, ou pour violer les principes de la liberté de gestion des entreprises», a affirmé lundi le Parquet qui l'accuse en outre d'avoir "fait fuiter des informations confidentielles importantes sur des affaires d'Etat".

L'ex-présidente de 65 ans rejette ces accusations.

Les magistrats du Parquet, qui ont remis un dossier d'accusation de 120.000 pages au tribunal du district central de Séoul, estiment qu'il serait "contraire aux principes d'équité" que l'ex-présidente ne soit pas arrêtée, alors que Mme Choi est derrière les barreaux.

Si le tribunal fait droit à la requête du Parquet, Mme Park deviendra le troisième ancien chef de l'Etat à être arrêté dans une affaire de corruption en Corée du Sud.

Les anciens hommes forts Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo ont purgé des peines de prison pour ce motif dans les années 1990.

Le président Roh Moo-Hyun, élu démocratiquement, s'était suicidé en 2009 durant une enquête pour corruption le visant lui et sa famille.

Lors de son trajet jusqu'au tribunal, qui était retransmis en direct par les télévisions sud-coréennes, le véhicule de l'ex-présidente a été salué par des centaines de ses partisans agitant des drapeaux.

Certains d'entre eux ont franchi les cordons de police pour tenter d'empêcher le cortège de quatre voitures de rejoindre le tribunal.

Décision sous 24 heures

L'audience devrait durer plusieurs heures jeudi, Mme Park, flanquée de ses avocats et des représentants du ministère public, faisant face au président du tribunal, Kang Bu-young, âgé de 43 ans.

A l'issue de l'audience, les juges se retireront pour délibérer. Mme Park devra attendre dans un centre de détention cette décision, qui pourrait tomber en soirée, voire dans la nuit. Les juges ont 24 heures pour se prononcer.

Mme Choi est accusée de s'être servie de son influence sur la présidente pour contraindre divers conglomérats, dont le mastodonte Samsung, à verser près de 70 millions de dollars à deux fondations sous son contrôle. 

Il est aussi reproché à l'ancienne présidente d'avoir accordé des faveurs politiques aux capitaines d'industrie qui s'étaient montrés généreux avec Mme Choi, parmi lesquels Lee Jae-Yong, l'héritier de Samsung. M. Lee a été inculpé et placé en détention provisoire.

L'ex-présidente est en outre accusée d'avoir laissé sa confidente, qui n'avait aucune habilitation en matière de sécurité, mettre son nez dans certaines affaires d'Etat, et notamment des nominations.

Une présidentielle anticipée aura lieu le 9 mai.