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Voyages «low cost»: quand les options ont un prix

27 mars 2017, 21:40

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Voyages «low cost»: quand les options ont un prix

AirAsia X a mis un terme à ses opérations, samedi. Mais d’autres opérateurs «low cost» sont attendus. À quoi doit-on l’engouement pour cette formule à bas prix ? Qu’implique ce type de voyage? Le point.

Le bas prix ne cesse de décoller. En effet, suivant l’envol d’AirAsia X, il a récemment été annoncé qu’Evelop Airlines, une compagnie espagnole, devrait opérer en mai. Parallèlement, d’autres compagnies low cost, telles qu’Austrian Airlines, entre autres, comptent davantage déployer leurs ailes sur l’île.

Quelle est l’origine du low cost en aviation ? Ajmal Tincowree, Business Development Manager du groupe Shamal et directeur d’agence de Shamal Travels, a analysé ce modèle d’affaires pendant ses études universitaires à l’étranger. Selon lui, le phénomène a émergé vers les années 1970-1980 et traduisait un besoin de rendre le voyage plus accessible aux passagers. «Lorsque l’aviation a démarré au 20e siècle, c’était réservé aux gens fortunés, prestigieux ou dans les affaires.» Or, suivant les coûts magistraux, le low cost s’est frayé son chemin sur le tarmac afin d’éliminer les petits «luxes» de l’aviation et faire chuter les prix.

Historiquement, la compagnie Southwest Airlines, basée aux États-Unis, est citée comme une des pionnières dans ce milieu. Cela fait suite à la dérégulation du transport aérien, survenu en 1978, et visant à la libération du marché et des prix. Cette démarche fut ensuite étendue dans le monde. Ainsi, en 1991, Ryanair, entreprise située en Irlande, lui a emboîté le pas, suivie de EasyJet en Angleterre, en 1995, et d’AirAsia en 1996. Plusieurs compagnies traditionnelles ont lancé des antennes à bas coût, fortes de leur popularisation.

Pour Philippe Hannelas, directeur général de Ground2Air, cet engouement pour l’aviation à bas coût, bien réel, est appelé à croître : «Jusqu’à présent, un faible pourcentage de la population pouvait se permettre de voyager en raison des coûts élevés. Quand les Mauriciens voient qu’en Europe on peut acheter un billet pour moins de 50 euros, cela leur donne envie.»

De son côté, Varsha Ramchurn, directrice générale de Silver Wings Travel et présidente de la Mauritius Association International Transport Association (MAITA), affirme que l’arrivée d’AirAsia X proposait notamment des tarifs très compétitifs, variant entre Rs 6 000 à Rs 8 000, vers la Malaisie. La durée du vol suscite parallèlement l’intérêt du passager. En effet, celle-ci peut durer une à deux heures ou s’étendre sur un moyen ou long courrier. «Cela a entraîné une certaine compétition avec des opérateurs réguliers, qui ont revu leurs tarifs et entamé des promotions.»

Comment réagissent les compagnies d’aviation conventionnelles à cette concurrence ? Prem Sewpaul, vice-président des Communications and Corporate Affairs chez Air Mauritius, soutient que l’aviation à bas prix vise un segment différent de la clientèle plus focalisée sur la spécificité économique : «L’opération est différente de la nôtre. Par exemple, il y a un type de clientèle qui souhaite avoir une place dans l’avion, un certain degré de confort et un minimum de service. Le low cost, par contre, cible les passagers qui n’ont pas ce souci. Il y a une cohabitation avec les compagnies traditionnelles.» Sollicitées par l’express, plusieurs autres compagnies d’aviation conventionnelles ont préféré ne pas se prononcer sur la question de la concurrence face au low cost.

Néanmoins, la formule semble séduire les Mauriciens. Que leur offrent donc ces prestataires du bas prix ? Deux règles en composent la recette : la réduction des coûts d’opération et la commercialisation des services. Comme l’explique Marlys Ithier, directrice du département Travel chez Concorde, une compagnie d’aviation régulière effectue des réservations, des cotations et des émissions de billets à travers l’outil Global Distribution System (GDS). Cela occasionne des frais. À l’inverse, les firmes low cost privilégient des canaux de distribution moins chers et vendent directement le billet. Ainsi, elles ne l’émettent pas en version imprimée ou en format électronique. Une référence est émise suivant la réservation effectuée généralement en ligne.

Cela dit, il peut y avoir moins de flexibilité sous cette formule au rabais. «Avec une agence traditionnelle, la réservation provisoire peut être conservée jusqu’à une date spécifique. Avec le low cost, on ne peut bloquer le tarif ni avoir la flexibilité des dates», indique notre interlocutrice. Les billets sont souvent non remboursables et non échangeables. Pour limiter les frais d’opération, d’autres stratégies sont déployées. Ainsi, le départ initial pour prendre l’avion peut se faire à des heures non régulières, comme, par exemple, à 3 heures du matin. Mais cela varie selon les prestataires.

Une autre pratique est celle de l’atterrissage au sein d’aéroports secondaires et excentrés, afin de réduire les frais de taxe. De plus, le personnel est limité, ce qui permet de faire baisser les frais. Enfin, ce marché dessert surtout les destinations intérieures, pour rallier une ville à une autre, comme en Europe ou aux États-Unis, à titre d’exemple.

De l’autre côté, le modèle du low cost est axé sur la vente des prestations pendant le vol, ce qui génère des revenus additionnels. Certes, le prix de base inclut le billet d’avion et un bagage à main, sans aucune réservation d’un siège précis. En dehors de ces deux éléments, tous les autres services passent à la carte (voir hors-texte). «Il incombe alors à chacun d’ajouter les services et produits selon ses besoins ou moyens. Il faut bien comprendre ce qui est inclus, ou pas, dans le prix proposé», conclut Philippe Hannelas.

Rs 13 000 à Rs 16 000

<p>C&rsquo;est le tarif approximatif d&rsquo;un billet d&rsquo;avion en <em>&laquo;low cost&raquo;</em> pour la Malaisie. Dans le circuit aérien régulier, ce prix pourrait avoisiner les Rs 20 000 à Rs 25 000. Mais ce prix est variable selon les promotions en cours et les compagnies aériennes en question. Côté bagages, une valise de 20 kilos revient à Rs 1 099 pour cette même destination. Pour 25 kilos, le tarif est de Rs 1 199. Pour 30 kilos, il faut compter Rs 1 399 et Rs 1 999 pour 40 kilos, selon Ajmal Tincowree, de Shamal Travel. Pour choisir son siège, il vous faudra débourser environ Rs 500. Quant à la couverture, le service revient à Rs 668. Pour un repas, le tarif est de Rs 135.</p>

Les passagers racontent

Kristelle : «Repas coûteux»

Sa première expérience a été plutôt agréable. En novembre 2016, Kristelle, une habitante de St-Paul, s’est envolée vers la Malaisie sur une formule low-cost. «J’avais entendu une publicité à la radio. C’est ce qui m’a motivée.» En novembre, elle a donc embarqué pour ce voyage. Selon elle, l’avion pouvait accommoder une centaine de personnes et proposait des repas qu’elle n’a cependant pas achetés, dû aux prix coûteux. Après un vol de sept heures, Kristelle découvre le pays: «Tout va vite, surtout la technologie. Maurice est une petite copie de la Malaisie en termes de structures et de couleurs des bâtiments. Par contre, il faisait très chaud, dans les 30 degrés, voire plus.»

Shika : «Pas confortable»

En décembre 2016, Shika, 31 ans, enseignante, a mis le cap sur la Malai- sie, avec quelques amis. «Je cherchais à faire un voyage low cost. C’est une option pour les petits budgets.» Après sa réservation auprès d’une agence, elle embarque. «Ce n’était pas trop confortable. Il n’y avait pas de repose-tête ni de divertissement. Je pensais qu’il y aurait une grande télévision à l’avant pour l’ensemble des passagers, mais ce n’était pas le cas», raconte cette habitante de Mare-Tabac. Shika dit avoir trouvé le vol long et bondé. Elle n’a pas non plus apprécié le repas malaisien de Rs 135, commandé à bord.

Ce qui vous est réservé à bord

Exit les petits conforts

De l’apéritif en passant par les repas principaux ainsi que les boissons, l’exclusion est de mise. Sur un vol low cost, aucune de ces prestations n’est offerte. Les repose-tête, les petits coussins ainsi que les couvertures sont exclus. Idem pour le programme de divertissement. Aucun moniteur pour visionner des films, ni casque ni écouteurs pour la musique ne sont pourvus. Il incombe au passager d’apporter un équipement et les accessoires de divertissement.

Tout se paie en ce bas vol

Les services alimentaires et de divertissement passent à la carte en mode low cost. Si un passager désire un repas, des boissons ou tout autre service comme le divertissement, il devra les acheter à bord. Une autre option est de les rajouter en supplément à sa réservation initiale. Dans ce cas, chaque service occasionnera un coût additionnel. Le bagage en soute est également payant. La prestation pour ce service se fait au kilo.

Avions de deux types

Pour réduire les coûts, généralement un ou deux types d’appareils sont utilisés. D’après Ajmal Tincowree, ces derniers disposent d’un «narrow body». À titre d’exemple, indique notre interlocuteur, AirAsia préconise les A320 pour les vols courts. Ce type d’avion dispose normalement d’un mono couloir et peut accommoder environ 180 passagers. Quant à AirAsia X, les moyens et longs courriers sont effectués par les modèles de l’A330. Ces derniers, de haute densité et habituellement dotés de deux cou- loirs, ont été conçus pour transporter un nombre élevé de passagers. Ils peuvent accueillir 377 passagers.

Comme le précise Philippe Hannelas, des avions tels que le B737, l’A319 et d’autres bimoteurs, sont souvent employés. «Il faut faire attention à l’idée pré- conçue que low cost veut dire vieux appareils. Tout au contraire, ces compagnies ont intérêt à utiliser des avions modernes, consommant le moins de carburant possible. Par rapport à la sécurité, les mêmes critères sont appliqués pour toutes les compagnies aériennes.» Ajmal Tincowree rajoute que le choix des appareils favorise des économies substantielles en termes de maintenance, d’entretien et d’approvisionnement de pièces détachées, entre autres.

Varsha Ramchurn : «Il faut se préparer pour ce qu’on a payé»

Varsha Ramchurn, présidente de la MAITA

Le «low cost» est-il profitable pour les agences de voyage et les opérateurs ?

La profitabilité est un aspect secondaire. Ce qui compte, c’est ce que le client désire et ce que nous devons leur offrir comme service. En complément, nous proposons d’autres services comme les transferts, l’hébergement à l’hôtel, les excursions, entre autres, pour un package tout inclus. En achetant un voyage low cost, les passagers veulent économiser. Ce n’est donc pas toujours profitable pour nous. Les marges peuvent être plus basses.

Qu’en est-il de la sécurité ?

Quand AirAsia a démarré ses activités 13 ans plus tôt, il y avait une sorte d’inquiétude sur l’usage de vieux avions. Aujourd’hui, cette compagnie a bien plus d’une centaine d’appareils. Je ne pense pas que les gens risqueraient leur vie si la sécurité était en jeu. Cet aspect ne concerne pas uniquement les low cost carriers mais toutes les compagnies d’aviation.

Quelles sont les précautions à prendre pour un passager ?

Quand on voyage en low cost, il faut se préparer pour ce qu’on a payé. Souvent, certains services ne figurent pas sur ce type de vols. Il faut bien savoir ce qui est inclus ou pas comme services. De plus, les add-ons peuvent être coûteux. Le passager doit en être conscient. Il faut donc être prêt à voyager, en se privant de certains petits conforts.