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A la veille de la grève générale, la Guyane vit au ralenti

26 mars 2017, 22:19

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A la veille de la grève générale, la Guyane vit au ralenti

La Guyane, touchée par un vaste conflit social, vivait toujours dimanche au ralenti, à la veille d'un appel à la grève générale lancé par l'UTG, principal syndicat de ce territoire ultramarin d'Amérique du sud.

Air France a annulé ses vols vers Cayenne dimanche et lundi et Air Caraïbes pour lundi.

Une quinzaine de barrages routiers ralentissent la vie économique depuis jeudi, dans ce territoire de plus de 250.000 habitants.

Une levée transitoire des barrages a toutefois été décidée dimanche pour permettre aux Guyanais d'aller en voiture se ravitailler en denrées alimentaires. Les commerces ont partiellement ouvert.

En pleine campagne présidentielle, et malgré l'arrivée d'une mission interministérielle pour «dialoguer», 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté samedi à la quasi-unanimité la «grève générale illimitée» pour lundi.

Dimanche, le leader du LKP guadeloupéen Elie Domota, qui avait tenu un rôle moteur lors de la grève générale dans les Antilles françaises en 2009, a apporté son soutien au mouvement, a indiqué à l'AFP le secrétaire général de l'UTG, Albert Darnal.

Soutenus par la classe politique locale, des groupes très disparates nés en quelques jours conjuguent désormais leurs forces sous la bannière du «collectif pou la Gwiyann Dekolé» («pour que la Guyane décolle», en créole guyanais).

Le collectif est composé de citoyens contre l’insécurité et pour la santé, et de représentants de près d’une vingtaine de professions. Ils demandent «un plan Marshall».

Les Guyanais exigent d’être «enfin entendus» pour améliorer la prise en charge sanitaire, favoriser le tissu économique, la desserte en courant électrique, pour faire baisser le chômage et la déscolarisation qui touche les jeunes.

«Le gouvernement doit répondre rapidement à ces attentes», a déclaré la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, se disant «impressionnée par la justesse de ces attentes».

Les financements publics extérieurs, l’État et les institutions publiques représentent près de 90% du PIB de la Guyane.

«J'entends les Guyanais»

«J'entends les Guyanais», a assuré la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, qui a cependant remis une éventuelle visite. «On pourra aller en Guyane lorsque les conditions seront réunies et que les choses auront bien avancé», a-t-elle déclaré. «Aujourd'hui, ce que je souhaite, c’est le dialogue, l’identification des demandes pour pouvoir apporter des réponses».

La délégation mandatée par le gouvernement et la préfecture demandent aux manifestants de leur remettre un «cahier de revendications» afin de traiter les demandes.

Mais 13 des 22 maires de Guyane ont exigé «la venue des ministres et refusent de rencontrer la mission interministérielle». Une position partagée par le «collectif pou la Gwiyann Dekolé», a confirmé l’un de ses porte-parole à l’AFP.

Pour commencer à répondre aux demandes, Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, qui pilote la délégation interministérielle, a annoncé la mise en place d’un scanner à l’aéroport pour lutter contre le trafic de drogues, ainsi que l’accélération du versement des aides européennes.

A moins d'un mois du premier tour de la présidentielle, les candidats et leurs équipes se sont saisis du conflit. «La violence jamais», mais les Guyanais ont «raison» de ne pas vouloir rencontrer la mission, a jugé François Baroin, soutien de François Fillon et ancien ministre de l'Outre-Mer, qui considère que le gouvernement les traite «par le mépris».

Marine Le Pen (FN) a dénoncé le «service cruellement minimum» des gouvernements successifs vis-à-vis de la Guyane, tandis que Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) pointait «la démission de l'Etat».

En meeting à Rennes, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a adressé un «immense salut de solidarité» à la Guyane.

Le territoire avait déjà été paralysé par un important mouvement social fin 2008, à l’appel d’un collectif d'associations de consommateurs et de socio-professionnels contre le prix élevé des carburants.

Après onze jours de barrages routiers ayant entraîné la fermeture des écoles, de l’aéroport, et le report d’un tir de fusée Ariane, le prix à la pompe avait été réduit de 50 centimes par litre de carburant.