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Belgique: selon le ministre de l’Intérieur la menace terroriste «évolue»

10 mars 2017, 17:07

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Belgique: selon le ministre de l’Intérieur la menace terroriste «évolue»

 

Près d’un an après les attentats de Bruxelles, la Belgique reste sous la menace d’attentats terroristes mais la nature du danger a évolué, le groupe Etat islamique (EI) étant à présent une «source d’inspiration» plus qu’un commanditaire, affirme le ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon.

qu’au moment des attentats qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés le 22 mars 2016 à l’aéroport et dans le métro de Bruxelles, a assuré le ministre dans un entretien à l’AFP, alors que se préparent les commémorations des attaques commises par la cellule jihadiste qui avait frappé Paris quatre mois plus tôt.

«Mais nous restons au niveau 3 de menace», sur une échelle de 4, «ce qui veut dire que nous restons vigilants à ce qu’il se passe sur notre territoire et dans le monde, parce que le terrorisme ne connaît pas de frontière», tempère le «premier flic» de Belgique.

«La menace évolue» et a déjà traversé «trois phases», explique M. Jambon, l’une des figures du parti nationaliste flamand N-VA (droite).

«La première phase, ce ansont des attentats très ciblés: Charlie Hebdo, l’Hyper Casher à Paris, le Musée juif de Bruxelles. La deuxième, ce sont qud des combattants de l’EI commettent des attentats ici avec pour objectif de faire le plus de victimes possible», analyse-t-il.

Mais comme les départs vers la Syrie et l’Irak se sont taris -aucun depuis la Belgique en 2016, alors que le pays était l’un des champions de l’envoi de combattants sur zone- et que les retours sont plus difficiles, «l’EI ne commande plus» directement des actions terroristes, poursuit le ministre.

Crainte des retours 

Aujourd’hui, l’EI «inspire les gens pour qu’ils contribuent au jihad. C’est Nice, Berlin, Jérusalem, c’est le type avec la machette qui a attaqué deux femmes policières à Charleroi (sud de la Belgique)», énumère M. Jambon, évoquant une troisième phase.

Selon le ministre de l’Intérieur, les services de renseignement de nombreux pays craignent à présent une nouvelle phase avec le retour éventuel de jihadistes en Europe.

Tandis que l’EI recule dans ses fiefs syriens et irakiens, «la grande question est: Vont-ils leur demander de combattre jusqu’au dernier» ou au contraire leur » dire de rentrer dans leur pays pour faire le plus de dégâts possible?», s’interroge-t-il.

«On a vu les premiers retours, même si ce sont plutôt les femmes avec enfants. Je ne dis pas que c’est sans danger, parce que les femmes peuvent aussi être des combattantes. Mais nous n’avons pas encore de signe d’un grand exode», observe le ministre, «mais je peux vous jurer que chaque service de renseignement, de chaque pays, travaille là dessus».

Une autre source d’inquiétude est l’évolution du salafisme et du wahhabisme saoudien, une des versions les plus rigoristes de l’islam.

«Il y avait auparavant une distinction claire entre le salafisme politique, le salafisme religieux (ou piétiste, ndlr) et le salafisme violent. Maintenant, cette distinction est beaucoup plus vague et c’est une évolution qui est dangereuse», s’inquiète M. Jambon.

Champ libre aux salafistes 

Mais il prend soin de faire une distinction entre les «actions de l’Arabie Saoudite», qui a rejeté via son ambassade à Bruxelles les accusations de soutenir le terrorisme en Belgique -«et là, je pense que l’ambassade a raison», dit M. Jambon- et celles «d’individus de nationalité saoudienne», qui «personnellement font des choses».

En Belgique, «il y a des garages qui se transforment en mosquées» et «cela se joue aussi beaucoup par internet», selon lui: «C’est à notre société de faire des contre-propositions, parce qu’on a laissé trop longtemps le champ libre aux salafistes et à l’EI pour séduire les jeunes avec leurs messages simplistes».

Pour «combattre le terrorisme, on doit commencer par s’attaquer à la petite criminalité», plaide-t-il.

«Les jeunes qui sont dans la petite criminalité, entrent à un moment en contact avec une forme plus grave de criminalité. Ils passent par la case prison, et après ? Ils sont de la 3e, 4e génération issue de l’immigration, ils n’ont pas de diplôme et ont déjà un casier judiciaire. Quel est leur futur ?», déplore Jan Jambon.