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«Elle» et Isabelle Huppert couronnés aux César, en attendant les Oscars

25 février 2017, 08:18

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«Elle» et Isabelle Huppert couronnés aux César, en attendant les Oscars

Le thriller transgressif «Elle» du Néerlandais Paul Verhoeven et son actrice Isabelle Huppert ont été sacrés vendredi soir aux César lors d’une soirée qui a aussi fait une large place au film sur les banlieues «Divines».

La cérémonie qui s’est déroulée Salle Pleyel, a également pris une tournure politique avec un appel à la défense de la liberté dans l’Amérique de Trump de la star George Clooney, et un autre à voter à gauche du réalisateur britannique Ken Loach.

Grand favori avec onze nominations, «Elle» a remporté le César du meilleur film.

Très bien accueillie au dernier Festival de Cannes, cette histoire d’une femme violée qui se met à traquer son agresseur avait déjà obtenu le Golden Globe du meilleur film étranger.

«Isabelle Huppert, tu as ajouté un niveau supérieur à ce film, et c’est quelque chose que je n’avais pas à l’esprit quand j’ai commencé. C’est quelque chose qui s’est passé avec toi», a déclaré Paul Verhoeven en recevant son prix.

Déjà récompensée par un Golden Globe de la meilleure actrice dans ce rôle et en lice pour les Oscars décernés dimanche, Isabelle Huppert a remporté le César de la meilleure actrice.

«Je remercie Paul Verhoeven, qui a mis en scène ce film si intelligemment, si audacieusement, si malicieusement», a dit l’actrice rousse, vêtue d’une robe verte.

Treize fois nommée dans cette catégorie, Isabelle Huppert n’avait été récompensée qu’une seule fois, pour «La Cérémonie» en 1996.

Le cinéaste canadien Xavier Dolan (27 ans) a quant à lui reçu le prix du meilleur réalisateur pour le huis clos familial «Juste la fin du monde», récompensé par trois prix.

Son acteur principal, Gaspard Ulliel, a raflé le César du meilleur acteur pour son rôle de fils qui retrouve sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine.

Nommé sept fois, «Divines», film explosif de la jeune réalisatrice Houda Benyamina, sur l’épopée de deux gamines de banlieue, a également été mis à l’honneur avec trois récompenses, dont le César du meilleur premier film.

Son actrice principale Oulaya Amamra, soeur de la réalisatrice, a obtenu celui du meilleur espoir féminin et Déborah Lukumuena celui du meilleur second rôle.

Défendre la liberté

Moment politique, l’acteur américain George Clooney, venu aux côtés de sa femme Amal, enceinte, pour recevoir un César d’honneur, a fait de nombreuses allusions à la présidence de Donald Trump, soulignant que «le monde traverse des changements importants, pas tous dans le bon sens».

«Nous nous décrivons comme les défenseurs de la liberté ... mais nous ne pouvons pas défendre la liberté à l’étranger si nous l’oublions chez nous», a-t-il lancé.

Le réalisateur britannique Ken Loach, récompensé par le César du meilleur film étranger pour «Moi, Daniel Blake», Palme d’or à Cannes, a pour sa part appelé les Français à voter à gauche, dans un message lu sur scène en son absence.

«L’extrême droite réussit lorsque les gens se sentent désespérés», a-t-il dit. «A présent c’est à vous Français de faire un choix. Nous, qui sommes vos amis depuis tant d’années, espérons que dans l’élection à venir vous pourrez rejeter l’amertume de la droite et voter en faveur de l’espoir suscité par la gauche».

Les César, qui ont souvent mis à l’honneur ces dernières années des films engagés, ont aussi sacré le documentaire «Merci Patron!» de François Ruffin, qui égratigne avec dérision le géant du luxe LVMH et son PDG Bernard Arnault.

Son réalisateur, cofondateur du mouvement «Nuit Debout», en a profité pour alerter sur les délocalisations, évoquant le sort d’une usine de sèche-linge Whirlpool à Amiens promise à la fermeture.

La cérémonie a également rendu un hommage chaleureux à l’acteur français Jean-Paul Belmondo, présent pour la première fois à la grand-messe du cinéma français en dépit d’une carrière éclatante.

«Ma vie de courgette» du Suisse Claude Barras, conte délicat sur la tolérance qui a rencontré le succès auprès du public, a obtenu deux César, dont celui du meilleur film d’animation.

«Frantz» de François Ozon, nommé onze fois comme «Elle», n’a remporté qu’une seule récompense, celle de la meilleure photo.

«La Cérémonie des César démontre chaque année la richesse et la force du cinéma français, son exceptionnelle diversité de tons, de sensibilités, de genres et sa faculté à offrir d’autres regards», s’est réjouie la ministre de la Culture Audrey Azoulay, dans un communiqué.