Publicité

Arnaud Dalais: «Nous ne faisons pas de politique et n’avons aucune intention d’en faire»

20 février 2017, 11:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Arnaud Dalais: «Nous ne faisons pas de politique et n’avons aucune intention d’en faire»

Business Mauritius, la nouvelle entité du secteur des affaires, vient de se doter d’une identité, d’un logo et d’une orientation stratégique. Arnaud Dalais s’explique sur les raisons qui ont motivé l’entité à définir son rôle dans la société ainsi que son partenariat avec le gouvernement.

Business Mauritius a dévoilé sa nouvelle identité et a présenté sa nouvelle orientation stratégique. Pourquoi cet exercice?

Business Mauritius existe depuis un peu plus d’un an seulement. Il était nécessaire d’expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons. La nouvelle identité, le logo ainsi que le slogan résument cela. Et à travers le tag line «Building our Future», nous définissons notre mission.

Nous voulons, à travers Business Mauritius, qui regroupe aujourd’hui toutes les institutions du monde des affaires, contribuer, aux côtés du gouvernement, à la construction d’une île Maurice meilleure. Nous souhaitons que cette entité soit perçue comme une force de propositions plutôt qu’une force de réaction.

Nous avons ainsi travaillé sur une nouvelle orientation stratégique, qui accompagnera la communauté des affaires vers un développement national, durable et intégré. Nous avons défini trois axes stratégiques, à savoir un dialogue renforcé entre l’État et la communauté des affaires sur l’économie, le développement d’un fort capital social et la promotion d’un développement durable et inclusif.

La nouvelle orientation stratégique de Business Mauritius insiste sur le partenariat avec l’exécutif. Qu’attendez-vous du gouvernement?

Comme dans tout partenariat, l’élément de confiance est primordial pour la réussite. Cela se mérite et lorsqu’elle s’installe, de façon résolue, dans le cadre d’une relation entre deux partenaires, il faut l’entretenir et la soigner au fil du temps. Nous souhaitons une relation de confiance pérenne avec le gouvernement.

La consolidation du dialogue avec l’État n’est pas à l’abri d’obstacles. Quelles sont les attitudes compromettantes dont il faut se méfier?

Le souhait affiché par Business Mauritius pour que les relations avec le gouvernement se développent dans un climat de dialogue est la manifestation de sa volonté à collaborer, à participer et à travailler ensemble. Cette posture est indispensable dans une petite île avec un marché domestique très limité et confrontée à des phénomènes extérieurs sur lesquels elle n’a aucun contrôle. Je pense à la tendance notée dans plusieurs pays à développer une attitude de plus en plus protectionniste.

Face à ces tendances et pour mieux évoluer dans un monde en perpétuelle mutation, nous n’avons d’autre choix que celui de se serrer les coudes. Ce n’est donc pas le moment pour les partenaires que nous sommes d’adopter une attitude de repli sur soi. La construction de l’île Maurice de demain passe obligatoirement par la prédisposition de tout un chacun à fédérer toutes les forces dont le pays dispose et qui sont indispensables au développement.

Les prises de position des opérateurs laissent penser qu’ils veulent être «politically correct». Cela a été revu dans la nouvelle orientation stratégique de Business Mauritius?

Le qualificatif politically correct présuppose que le monde des affaires a un agenda politique dans le sens qu’il s’associe à un courant politique, que celui-ci soit au pouvoir ou pas. Nous ne faisons pas de politique au sein de Business Mauritius et n’avons aucune intention d’en faire.

Par contre, nous avons le droit d’avoir des opinions que nous pouvons manifester dans un esprit collaboratif. D’où la nécessité pour Business Mauritius de se doter des moyens appropriés lui permettant de jouer son rôle de partenaire et ainsi apporter sa coopération au niveau de l’économie, du capital social et de la durabilité qui ont fait l’objet de l’institution d’une commission.

Les opérateurs se réservent la possibilité de réagir sur des sujets spécifiques, comme cela a été le cas en 1996 dans le cadre de la présentation du Budget. Nous avions eu de fortes dissensions par rapport à la politique du gouvernement. Il y a eu également la position ferme que nous avions adoptée en 2007 dans le cadre de la réforme du secteur sucrier.

Jouer profil bas dans certaines circonstances contribue-t-il à convaincre l’opinion publique que le secteur des affaires sait se montrer ferme à l’égard de l’État?

Ce n’est pas à travers des déclarations intempestives dans les médias qu’on arrivera à trouver des solutions. Il y a des plateformes structurées et dédiées qui sont à même de favoriser le dialogue entre partenaires. Les structures que nous venons de créer démontrent notre volonté de nous donner plus de moyens de dialogue et de communication avec le gouvernement. Nous souhaitons pouvoir faire valoir nos points vis-à-vis des autorités à travers les structures appropriées et mieux adaptées.

Le capital social est un des trois axes de l’orientation stratégique élaborée par Business Mauritius. Quel est le sens de ce concept?

C’est l’expression de notre détermination à accorder au facteur humain toute son importance au sein de l’entreprise. Maurice n’a pas de ressources naturelles. Notre seule richesse, ce sont les ressources humaines. Ce sont ces hommes et ces femmes qui constituent sa population active. La préservation de ce potentiel passe par le repérage des talents et d’en assurer l’épanouissement, l’instauration de bonnes relations industrielles, l’élaboration d’un nouveau contrat social et le recours à un nouveau mode d’opération.

La décision de l’État de faire appel à Lovebridge pour l’aider dans son combat contre la pauvreté a été critiquée. L’avis de Business Mauritius…

Lovebridge est un projet parrainé et qui a le soutien de Business Mauritius. C’est un projet noble, qui consiste à accompagner des familles en difficulté à sortir de la situation précaire dans laquelle elles se trouvent et non pas à les assister financièrement. Lovebridge s’appuie sur une équipe de professionnels pour mener à bien ce projet. Et ce, avec l’aide des familles volontaires qui veulent aider d’autres familles en difficulté.

Comment Business Mauritius réagit-elle par rapport aux changements préconisés dans le précédent Budget concernant les fonds alloués au Corporate Social Responsability (CSR)?

Business Mauritius a eu des concertations avec le ministère des Finances à ce sujet. Ce changement, qui prévoit dans un premier temps le versement de 50% de ces fonds au National CSR Foundation et dans un deuxième temps 75%, comporte un risque potentiel pour les compagnies qui ont beaucoup investi dans le social de même que pour les organisations non gouvernementales (ONG) qui font un excellent travail sur le terrain.

Nous sommes en contact avec le ministère des Finances pour nous assurer que les fondations mises en place par des compagnies et des ONG puissent travailler en toute sérénité. Ce qui risque de ne pas être le cas si on diminue le rôle des fondations par rapport aux ONG.

Quelle est la capacité de Business Mauritius à relever les nombreux défis définis dans sa nouvelle orientation?

Nous avons une équipe compétente à la tête de Business Mauritius. Je tiens à saluer l’excellent travail abattu jusqu’ici par Raj Makoond, le Chief Executive Officer de Business Mauritius, son Chief Operating Officer, Pradeep Dursun, et les employés de cette entité. Nous n’avons aucun doute que les nombreuses initiatives mises en chantier par Business Mauritius, dont le partenariat avec le gouvernement, contribueront à relever les défis auxquels est confronté le pays et à construire un avenir meilleur pour les générations à venir.