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Le meurtre du demi-frère de Kim montre la «brutalité» de Pyongyang

15 février 2017, 07:38

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Le meurtre du demi-frère de Kim montre la «brutalité» de Pyongyang

 

Le meurtre du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, en disgrâce, démontre «la brutalité et la nature inhumaine» du régime de Pyongyang, a estimé mercredi la Corée du Sud au lendemain de l'annonce de ce mystérieux assassinat en Malaisie.

Kim Jong-Nam, fils aîné du dirigeant défunt Kim Jong-Il, a vraisemblablement été empoisonné lundi, par deux femmes, à l'aéroport de Kuala Lumpur, avec une méthode rappelant celles de la Guerre froide.

Selon certains médias, cet homme de 45 ans a été touché par des aiguilles empoisonnées, d'autres évoquant un liquide aspergé au visage de la victime.

«Il a dit à l'accueil du hall des départs que quelqu'un l'avait attrapé par derrière par le visage et l'avait aspergé d'un liquide», a déclaré le chef de la police criminelle de l'Etat de Selangor, Fadzil Ahmat, selon le journal malaisien The Star.

«Il a demandé de l'aide et a immédiatement été envoyé à la clinique de l'aéroport. A ce moment-là, il disait souffrir de maux de tête et semblait sur le point de s'évanouir», a-t-il dit.

«A la clinique, il a été victime d'une crise cardiaque. Il a été placé dans une ambulance et était en route vers l'hôpital de Putrajaya quand son décès a été prononcé.»

La police malaisienne a annoncé qu'une autopsie serait pratiquée mercredi sur la dépouille de la victime, sans toutefois dire quand les résultats en seraient annoncés.

Fuite en taxi

Des médias sud-coréens ont rapporté que deux femmes avaient utilisé des aiguilles empoisonnées avant de prendre la fuite en taxi.

Le ministère sud-coréen de l'Unification a confirmé que la victime était bien Kim Jong-Nam, qui fut un temps pressenti comme l'héritier du régime de Pyongyang, avant de tomber en disgrâce.

Perçu comme un partisan de réformes dans son pays, le demi-frère de l'actuel dirigeant nord-coréen s'était montré critique face au mode de succession dynastique, et il vivait de facto en exil.

«S'il est confirmé, le meurtre de Kim Jong-Nam serait un exemple qui démontrerait la brutalité et la nature inhumaine du régime nord-coréen», avait déclaré mercredi matin le président sud-coréen par intérim Hwang Kyo-Ahn, selon son porte-parole.

«Nous prenons cette affaire très au sérieux et nous gardons l'oeil sur le Nord», a déclaré M. Hwang lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité nationale (NSC).

Il s'agit du plus haut dignitaire assassiné sous le règne de Kim Jong-Un depuis l'exécution en décembre 2013 de l'oncle du jeune leader nord-coréen, Jang Song-Thaek, un temps numéro deux officieux du régime.

Soumis à une pression internationale croissante à propos des programmes nucléaire et balistique nord-coréen, Kim Jong-Un cherche à renforcer son pouvoir. 

Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné à l'unanimité --y compris la Chine, principale alliée de Pyongyang-- le tir de missile effectué dimanche par la Corée du Nord.

Disneyland

Les annonces de purges, d'exécutions et de disparitions --certaines étant confirmées, d'autres non-- sont fréquentes depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2011.

Selon des médias sud-coréens, Kim Jong-Nam voyageait avec un faux passeport au nom de Kim Chol.

Ancien patron du contre-espionnage de la police secrète du régime, entre autres postes stratégiques, il était tombé en disgrâce suite à une tentative manquée en 2001 d'entrer au Japon avec un passeport falsifié, pour soi-disant visiter Disneyland.

Depuis, il a vécu principalement dans le territoire chinois de Macao.

De l'avis de Cheong Seong-Jang, chercheur dans l'Institut Sejong, groupe de réflexion à Séoul, il est très peu probable que Kim Jong-Un ait vu en lui un possible rival.

«Mais si Kim Jong-Nam a commis un acte mettant en cause l'autorité de Kim Jong-Un, alors je pense qu'il est possible que le renseignement nord-coréen ait directement mené cet assassinat, sous les ordres de Kim Jong-Un, dans la mesure où il était chargé de le surveiller de près», a-t-il déclaré à l'AFP.

Kim Jong-Nam avait déjà été pris pour cible. En octobre 2012, le parquet sud-coréen avait indiqué qu'un Nord-coréen appréhendé comme espion avait reconnu son implication dans une mise en scène d'accident de la route le visant, en 2010 en Chine.

En 2012, l'hebdomadaire moscovite Argumenty i Fakty avait rapporté qu'il avait des difficultés financières après s'être vu couper les vivres par Pyongyang suite à ses critiques du mode de succession. 

Selon cet hebdomadaire, il aurait été expulsé d'un hôtel de luxe à Macao avec des dettes de 15.000 dollars.

Eduqué en Suisse, polyglotte, Kim Jong-Nam était né de l'union de son père avec Sung Hae-rim, une actrice née en Corée du Sud et morte à Moscou.