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Rodrigues: l’eau, le plus grand défi

12 février 2017, 12:16

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Rodrigues: l’eau, le plus grand défi

Rs 1 700. C’est la somme que doivent débourser les Rodriguais pour une citerne d’eau en cette période de sécheresse. Mais tous n’ont pas les moyens de payer. Comment font-ils ? Nous avons tenté de comprendre cette situation.

La topographie de l’île rend le captage d’eau difficile. Il en est fait mention dans un rapport du ministère des Services publics, daté de 2010. «Les ravins profonds et le manque de réservoirs à Rodrigues font qu’une quantité importante de l’eau de pluie est perdue», peut-on y lire. Les nappes phréatiques ne se remplissent pas facilement, car l’infiltration de l’eau est lente. Parmi celles qui sont le plus utilisées: Dans Bébé, Malabar, Mont-Lubin et Petit-Gabriel.

L’île compte quelques réservoirs: Camp-Paul, Mourouk et Sainte-Famille. L’eau est gérée par la commission des Infrastructures publiques. Mais les Rodriguais le disent tous: «Napa délo!»

Pourquoi ? Nous avons posé la question à Karl Gentil, président de l’Association des consommateurs. Il connaît bien le sujet. «La gestion de l’eau à Rodrigues est catastrophique. Dans certaines régions, les habitants n’ont pas été approvisionnés en eau depuis trois mois. L’eau des citernes est distribuée à ceux qui peuvent payer», explique-t-il.

Et l’Etat dans tout ça? Ne distribue-t-il pas l’eau en citerne comme le fait la Central Water Authority à Maurice? A cette question, Karl Gentil répond que Rodrigues ne compte que quatre camions qui peuvent assurer la distribution de l’eau. Ce qui n’est pas suffisant pour assurer une fourniture à toute la population.

Une question s’impose toutefois. Où les camions-citernes privés trouvent-ils l’eau qu’ils revendent? Le président de l’Association des consommateurs explique que ces entreprises détiennent un permis pour puiser l’eau. Celle-ci provient des sources souterraines mais aussi des terrains privés, où des forages ont été effectués pour trouver de l’eau. «Il s’agit d’eau non traitée», précise Karl Gentil.

Quelles sont les dispositions prises pour améliorer la fourniture d’eau? D’abord, il y a le captage d’eau. Selon Karl Gentil, le gouvernement voulait faire construire des bâtiments avec des aménagements pour permettre le captage d’eau. «Les dalots sont bien là mais il n’y a pas de bassin! Toute l’eau captée est absorbée dans la terre», dit-il.

Ensuite, il y a eu le dessalement de l’eau de mer. «À Anse Goéland, on a fait construire un bâtiment à cet effet, mais il n’y a toujours pas d’équipements appropriés.» Le centre de dessalement de Pointe-Poursuite et celui d’Anse-aux-Anglais ne répondent pas aux attentes. Ils tombent souvent en panne. L’express a contacté Simon Pierre Roussety, le commissaire des Ressources en eau à Rodrigues. Il n’a pas voulu faire de commentaires.

Montagne-Fanal : «Napa délo !»

<p>Les habitants de Montagne-Fanal, à deux pas de Port-Mathurin, sont à bout de souffle. Ils habitent la montagne et depuis deux mois, les robinets sont à sec. Marie Josée Bégué tient à nous montrer les bassins vides. &laquo;<em>Napa délo ditou. Zanimo pa pé gagn bwar. Pé rod kamionsitern pa pé gagné.</em>&raquo; Comme elle, la dernière fois que les habitants de Montagne-Fanal ont obtenu de l&rsquo;eau du robinet remonte au 3 janvier dernier. Depuis, ils doivent descendre les pentes vertigineuses pour puiser de l&rsquo;eau des bassins.</p>

<p>Quant à Sabrina Louis, elle n&rsquo;a pu envoyer ses enfants à l&rsquo;école depuis plusieurs jours. &laquo;<em>Les enfants sont bien obligés de rester à la maison. Ma fille de 15 ans m&rsquo;aide à chercher de l&rsquo;eau. Grimper ces pentes avec un seau d&rsquo;eau sur la tête est pénible</em>&raquo;, se plaint-elle. Un peu plus loin, Lizby Ravina ne sait plus à quel saint se vouer, elle craint pour ses animaux. &laquo;<em>Ziska lafin la semenn zanimo pou tombé pou mor. La sesres pou touy zot!</em>&raquo;</p>