Publicité

Stephan Toussaint: «Je vais réussir et je vais dire pourquoi…»

12 février 2017, 15:35

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Stephan Toussaint: «Je vais réussir et je vais dire pourquoi…»

Il a bonne mine, porte une cravate orange assortie à ses chaussettes, s’agite mais ne donne pas l’impression d’être essoufflé, se pose enfin sur un fauteuil et donne le top départ avec un sourire: «Je n’ai que quinze minutes, faites vite.» Feu!

Vous donnez l’impression d’avoir des milliards de choses en tête.
(Il se tourne vers une horloge) Je sors du Conseil des ministres, pas eu le temps de déjeuner, les responsables des fédérations m’attendent, là, maintenant…

Dites donc, c’est sportif la vie de ministre!
Contrairement à ce que certains pensent, on travaille!

Sincèrement, vous vous attendiez à être là?
Ministre des Sports?

Ministre tout court.
Difficile à prévoir ! Il y a deux ans, notre alliance était censée perdre 60-0… Plus récemment, quand il a commencé à y avoir du remaniement dans l’air, beaucoup de gens m’ont vu ministre. Disons que c’est une demi-surprise.

Est-ce un aboutissement?
C’est une étape importante, une grosse responsabilité. Mais ce n’est pas un rêve. Je veux juste être heureux et efficace dans ce que je fais.

Si vous deviez faire une promesse, une seule…
Je ne fais pas de promesse, jamais.

Vous êtes né à la politique en 2003, comme colleur d’affiche…
C’est ça, la preuve qu’au MSM la méritocratie fonctionne. Ma première élection n’était qu’en 2014.

Où vous éliminez deux anciens ministres, Obeegadoo et Sik Yuen.
Il n’y a ni petit ni ténor dans une élection. Je me suis porté volontaire alors que c’était loin d’être gagné. J’ai travaillé dur, j’ai labouré le terrain et à la fin le bon Dieu m’a fait un joli cadeau.

Le bon Dieu vote au n°17?
La main de Dieu est partout, dans tout ce qui m’arrive.

Pourquoi le MSM?
A l’époque, j’étais professeur de français au collège Notre-Dame de Curepipe. Je faisais aussi la catéchèse et j’organisais pas mal de choses dans le quartier, je donnais des leçons gratuites. Un jour, des activistes du MSM m’ont invité à une réunion : «Vinn fer enn ti letour, vinn get enn kout.» J’y suis allé, j’ai bien fait.

Une belle histoire, non?
Le travail du bon Dieu. Je n’ai pas fini de vous vous emmerder avec ça (rire) : je suis un grand croyant et un bon pratiquant. J’ai une Bible sur mon bureau, un chapelet dans la voiture… (on coupe)

Et si vous aviez loupé votre vocation?
Devenir prêtre ? Non, non. On peut servir le Seigneur anywhere.

Avec un nom pareil, aviez-vous vraiment le choix?
(Rire sonore)

Comment avez-vous tapé dans l’oeil de Pravind Jugnauth?
Il me connaît bien, il connaît mes méthodes de travail. Il sait que je suis toujours à la hauteur des responsabilités qu’il me confie.

D’où vous vient cette confiance?
Du théâtre. J’ai joué du Shakespeare, du Molière, j’ai fait le Tartuffe, le vilain médecin du Malade imaginaire. J’ai été l’esclave battu, le marron... Le théâtre active la confiance en soi. Il vous donne du courage, de la pugnacité. Il vous apprend à avancer sans masque.

Sur scène comme en politique, on est dans la représentation. Comment être à la hauteur?
Le secret, c’est de rester soi-même, de travailler dur et d’éviter le piège de l’arrogance. Drom vid, sa mem ki fer pli boukou tapaz. J’habite toujours la cité Malherbes, je n’ai pas voulu de sentry devant ma porte, je me sens bien dans ma cité, aimé. Je suis quelqu’un de fidèle, très famille. Sans sa femme, ses trois enfants et ses beaux-parents, Stephan Toussaint n’est rien. Ah, voilà mon déjeuner qui arrive (du thé dans un mug Disney orange).

Vous avez grandi à Camp-Bouvette avec un frère et une soeur. Votre père était peintre en bâtiment, votre mère femme de ménage. De quoi parlait-on à l’heure du diner?
De foot ! Papa était fan, il supportait la Fire Brigade et Liverpool, on allait au stade ensemble. Fire, Cadets, Sunrise, j’ai grandi dans cette ambiance. Les hivers étaient difficiles. Papa n’avait du boulot que de temps en temps, on ne mangeait pas tous les jours à notre faim. Nous étions pauvres mais nous n’étions pas malheureux, loin de là. On se contentait de ce qu’on avait. Et puis il y avait les voisins avec qui on partageait tout. A cette époque il n’y avait ni la télé, ni Facebook ; il y avait l’entraide.

Vous dites vouloir faire de Maurice une «nation sportive». Vous mettez quoi derrière cette formule?
Une nation sportive, c’est pour moi une nation qui porte, certes, de grands champions sur les podiums internationaux, mais aussi une nation où il y a davantage de pratique amateur. Une nation où chaque Mauricien voit le sport comme une partie intégrante de sa vie. Des efforts doivent donc être faits pour que tous les Mauriciens puissent pratiquer. Quel que soit leur lieu de vie, leur âge ou leur condition sociale.

Concrètement?
Il faut travailler dans l’ordre. Première chose, j’ai besoin d’un diagnostic sur l’offre des équipements sportifs. Cet état des lieux est en cours. On m’a donné un navire, on me dit de naviguer, mais il y a du brouillard devant moi. J’attends qu’il se dissipe, ce serait trop bête d’atterrir sur les récifs.

Vous dites aussi : «Le gouvernement fait des efforts conséquents pour l’avancement du sport à travers un maximum de financement.» Le développement d’une culture sportive, est-ce une question d’argent?
C’est aussi (il appuie) une question d’argent, pour doter le pays d’infrastructures sportives. Mais la pratique physique, elle, peut se faire gratuitement. Faire son jogging au Trou-aux-Cerfs ou au Gymkhana ne coûte rien. Le parcours Cavalot, la montagne des Signaux, c’est gratuit. Je veux y voir plus de monde, je veux faire courir les Mauriciens !

Ce sera le chantier prioritaire de 2017?
La priorité, c’est la préparation des Jeux des îles 2019. Il faut que d’ici à la fin de l’année tout le travail préparatoire soit achevé pour commencer les travaux en 2018. Je pense notamment au Multipurpose complex de Côte-d’Or.

Les Curepipiens attendent une piscine, l’auront-ils?
Oui, oui.

Je croyais que vous ne faisiez jamais de promesse…
Ce n’est pas une promesse, c’est un défi que je relèverai.

Vous aimez avoir le dernier mot, n’est-ce pas ?
Le théâtre m’a donné le goût de la réplique (rire).

Et si demain vous deviez repartir coller des affiches?
J’y vais ! Je ne suis pas le genre de type qui dit à ses hommes «al fer si, al fer sa», je suis tout le temps à leurs côtés.

C’est ça la «Toussaint touch», être disponible?
La disponibilité, la bonne humeur, être ouvert, proche des gens. Je ne veux pas perdre ça. Dans tout progrès, c’est l’être humain qui doit être en vue. C’est la valeur la plus importante à mes yeux : mettre l’humain au centre de tout.

C’est comment un dimanche de Toussaint?
Ah, dimanche… (longue expiration). La messe le matin, puis j’irai faire l’ouverture d’une journée sportive à Midlands, puis je suis invité à un match de CAF Cup au stade Anjalay, puis... (on coupe)

Vous ne vous débranchez jamais en fait?
J’essaie d’avoir mes 5 heures de sommeil par nuit.

Allez-vous tenir la distance à ce rythme?
Sans problème. J’ai la conviction que je vais réussir et je vais vous dire pourquoi : je ne suis pas seul, dans tout ce que je fais il y a la bénédiction du Très-Haut.

On a bien compris que vous êtes très croyant. Mais Dieu, lui, croit-il en vous?
Dieu croit en moi parce qu’il sait de quoi je suis capable.