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Vente de viande de chien: anguille sous roche

5 février 2017, 16:16

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Vente de viande de chien: anguille sous roche

La nouvelle a circulé cette semaine sur un site d’informations ou plutôt de désinformation. Le Friend’s Café vendrait de la viande de chien. «Nouvelle» formellement démentie par le propriétaire, qui a fait une déposition à la police. Mais ce n’est pas la première fois que de telles rumeurs circulent. Alors, retrouve-t-on vraiment de la viande de chien dans nos assiettes ?

La rumeur remet souvent le couvert. De la viande de chien serait vendue dans certains restaurants du pays. De quoi hérisser les poils des amoureux de nos amis à quatre pattes. Et inciter certains à devenir végétariens. Mais qu’en est-il vraiment ? Ce commerce existe-t-il réellement ? Tout à fait, si l’on en croit Diana. Cette mère au foyer, âgée de 50 ans, habite un quartier huppé de Beau-Bassin. Un de ses voisins se spécialise dans l’élevage de chiens. Ces derniers passeraient ensuite à la casserole.

«La maison en question se situe à quelques pas de chez moi. Tout autour, il y a un mur, koumadir Alkatraz. Tou dimounn koné ki propriyéter-la vann laviann lisien.» Sur quoi s’appuient ses suppositions ? Sur ses talents de véyer zafer ainsi que sur ses talents d’investigatrice. «Un jour, on entend des aboiements, on croirait qu’il y a une meute dans la cour. Et puis, le lendemain, c’est le silence total. Ça recommence, à chaque fois c’est la même chose. Et puis, avec les autres voisins, on se parle. Nous savons tous ce qui se trame là-bas !»

On veut bien le croire, mais où vont donc ces chiens ? Est-ce qu’on les met en barquette ? Le «fournisseur» les revend-il à des restaurateurs ? Sont-ils exportés vers la Chine ?«Je n’en sais rien. Mais de la viande de chien est proposée dans certains restaurants. De là à savoir lesquels…»

Scénario et témoignages presque identiques, à la rue St-Georges, à Port-Louis. La maison en question a les volets clos. Toujours. Derrière, les aboiements sont distincts. Les élèves qui fréquentent les écoles avoisinantes assurent que «kwi lisien dan sa lakaz-la». Des propos corroborés par des voisins

De toute façon, pour cet ancien fonctionnaire du ministère de la Santé, il n’y a pas de place pour le doute. Du chien, on en mange bel et bien à Maurice. On en mangeait, tout du moins.

Un exemple concret ? «Il y a ce dortoir où sont logés des travailleurs étrangers à Camp-Benoît, à Coromandel.» Vers la fin des années 90, poursuit notre interlocuteur, le ministère de la Santé avait reçu une plainte émanant des habitants de la région. Ils se plaignaient du fait que des têtes de chiens avaient été retrouvées parmi les ordures du dortoir. L’odeur pestilentielle était alors plus qu’incommodante, selon les habitants du quartier.

Mais «quand nous sommes allés sur place, nous n’avons rien vu. Mais dans le dortoir, il y avait des chiots», précise-til. Ils étaient dans une casserole, dans de l’huile chaude ? «On ne sait même pas s’ils les mangeaient. De toute façon, qu’aurions-nous pu faire ? Manger du chien n’est pas un délit selon la Food Act.»

En effet, la consommation de chair canine n’est pas interdite chez nous. Ce qui l’est, en revanche, c’est de tromper le consommateur sur la marchandise, qu’elle soit dans l’assiette ou ailleurs. «On ne peut pas proposer du cheval sur le menu et après vous donner du chien ! La publicité mensongère et la duperie sont sanctionnées», avance l’ancien fonctionnaire.

Ce dernier se veut rassurant. Pas la peine, non plus, de transporter son laboratoire portable pour savoir s’il s’agit de la viande de chien. Même si, par le passé, les autorités ont déjà sévi contre un restaurateur qui proposait du toutou sauce satay à ses clients. «C’était dans les années 70. Il avait écopé d’une amende.» Ce qui n’empêche pas, aujourd’hui encore, les rumeurs de jeter de l’huile sur le feu.

Bon appétit si vous passez à table.

Le propriétaire de Friend’s Café sort les griffes

<p>Cela fait 20 ans qu&rsquo;il est propriétaire du Friend&rsquo;s Café, à Rose-Hill. Et Ganessen Rengasamy est tombé des nues lorsqu&rsquo;il a appris que son restaurant vendait de la viande de chien. &laquo;<em>La nouvelle circulait sur le site en question et avait été reprise sur les réseaux sociaux.&raquo; </em>Il a alors sorti les griffes et s&rsquo;est rendu à la &laquo;Cybercrime Unit&raquo; de la police pour porter plainte. Il attend désormais que les autorités sévissent contre les auteurs de l&rsquo;article en question. Friend&rsquo;s Café, précise le propriétaire, propose des mets bien de chez nous et des &laquo;<em>manzé lakaz&raquo;.</em> Par ailleurs, poursuit Ganessen Rengasamy, <em>&laquo;ma cuisine est ouverte, n&rsquo;importe qui peut y avoir accès. Je ne me fais pas de souci</em>&raquo;. Qui plus est, ajoute le restaurateur, il a le soutien indéfectible de ses clients, toujours fidèles.</p>

Quels risques pour la santé?

<p>La question : est-il dangereux de consommer de la viande de chien ? Nos compagnons, à quatre pattes, ont quand même la fâcheuse habitude de faire les poubelles et d&rsquo;avaler des choses pas très nettes&hellip; La réponse du médecin : &laquo;<em>Si la chair est bien préparée, c&rsquo;est-à-dire cuisinée au-delà de 100 degrés, les bactéries sont détruites et la viande ne présente pas de danger.&raquo;</em> Par contre, si elle est saignante, il y a des risques d&rsquo;infections. Comme toutes les viandes qui ne sont pas bien cuites, aboie le docteur.</p>