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Le Québec en état de choc après le massacre dans une mosquée

31 janvier 2017, 08:43

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Le Québec en état de choc après le massacre dans une mosquée

L'horreur et l'incompréhension dominent au Québec après le massacre qui a fait six morts dans une mosquée, pour lequel un étudiant canadien connu pour avoir des idées nationalistes a été inculpé.

Alexandre Bissonnette, 27 ans, étudiant en science politique à l'université Laval voisine de la mosquée, a été interpellé peu après la tuerie, une des pires attaques contre la communauté musulmane jamais perpétrée dans un pays occidental.

Il est accusé d'avoir tué par balle six fidèles dans le centre culturel islamique de Québec. La fusillade a également fait huit blessés, dont cinq étaient lundi dans un état grave.

Vêtu d'une combinaison blanche, le jeune homme est sorti menotté d'une voiture de police avant d'être présenté à un juge lundi soir.

«Le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a porté 11 chefs d'accusation à l'encontre d'Alexandre Bissonnette», a déclaré Jean-Pascal Boucher, porte-parole du DPCP.

Les 11 chefs d'inculpation correspondent aux «meurtres avec préméditation» des six fidèles abattus pendant la prière et aux «tentatives de meurtres avec arme à feu» pour les cinq blessés graves.

Avec 80 policiers sur place, l'enquête se poursuit afin de rassembler des éléments pouvant mener dans les prochains jours à une inculpation supplémentaire pour «terrorisme» et atteinte à la sécurité nationale, a précisé la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale).

Idées nationalistes

Beaucoup de questions restent en suspens, principalement sur les raisons qui ont poussé ce jeune homme à tirer sur des fidèles dans un lieu de culte situé à moins d'un kilomètre de son domicile dans le quartier Sainte-Foy à Québec.

Ses idées nationalistes et le partage sur ses réseaux sociaux, fermés depuis, des propos du président américain Donald Trump donnent un premier éclairage sur un geste condamné unanimement dans le monde.

Si la police avait d'abord fait état de deux suspects, la progression de l'enquête a permis de disculper un autre étudiant, d'origine marocaine, interpellé alors qu'il sortait de la mosquée juste après la fusillade.

La communauté musulmane de Québec est effondrée. «C'est terrible pour la communauté, c'est terrible pour le Québec, c'est terrible pour le vivre-ensemble», a déclaré à l'AFP Mohamed Ali Saïdane, venu participer à un rassemblement des élus et des représentants des associations de musulmans à l'Hôtel de ville.

Six binationaux

Les six personnes tuées étaient toutes des Canadiens binationaux, a indiqué Mohamed Labidi, vice-président du Centre culturel islamique de Québec.

Un Marocain, deux Algériens, un Tunisien et deux Guinéens ont perdu la vie, a-t-on appris de sources officielles. Ils étaient âgés de 39 à 60 ans, a annoncé le médecin légiste.

Le recteur de l'Université Laval, Denis Brière, a déploré la mort de Khaled Belkacemi, professeur à la faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSAA). Originaire d'Algérie, Khaled Belkacemi «était un homme très cultivé, passionné et engagé au sein de la faculté», a déclaré le doyen de la FSAA, Jean-Claude Dufour.

Quand l'alerte a été donnée, des effectifs policiers ont été rapidement déployés autour du petit bâtiment abritant le lieu de culte, au coeur du quartier résidentiel Sainte-Foy, à une dizaine de kilomètres à l'ouest du centre historique de la ville de Québec.

A l'extérieur de la mosquée, les policiers ont interpellé Mohamed Belkhadir, qui a expliqué au journal La Presse avoir fui par peur. Il a été remis en liberté plus tard, considéré par les enquêteurs comme un simple témoin.