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Evra, le «Tonton Pat» de la famille du foot

26 janvier 2017, 07:39

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Evra, le «Tonton Pat» de la famille du foot

Un peu hâbleur mais dur à la tâche, il a beaucoup d'expérience, pas mal de succès et un fantôme dans le placard. Fédérateur des Bleus et clivant, voilà Patrice Evra, 35 ans: c'est un sacré personnage du foot français que vient d'engager Marseille.

Riche parcours

Le natif de Dakar a grandi aux Ulis, en région parisienne, mais c'est dans le Sud-Est que l'arrière gauche va prendre son essor, à Nice (2000-2002) puis surtout Monaco (2002-janvier 2006) après des expériences dans les divisions inférieures en Italie.

Cet explosif défenseur au gabarit moyen (1,75 m, 76 kg), très offensif mais rarement buteur, décolle sur le Rocher, sous les ordres de Didier Deschamps, jusqu'à se mêler au gratin européen à Manchester United (janvier 2006-2014), où il devient un des capitaines d'Alex Ferguson.

A la Juventus (2014-janvier 2017), Evra enrichit encore son palmarès de multiple champion d'Angleterre et d'Italie. Il y poursuit son histoire avec la Ligue des champions au plus haut niveau, fréquentée de manière concluante (victoire en 2008) ou pas (finales perdues en 2004, 2009, 2011 et 2015).

A Manchester comme à Turin, ce professionnel à l'hygiène de vie impeccable impose et diffuse sa grande confiance en soi, confinant parfois à l'arrogance, comme lorsqu'il lance en mai 2009, après avoir éliminé Arsenal avec United en demi-finales de C1 (1-0, 3-1): «C'était onze hommes contre onze enfants».

Tache et verve

Car Evra, c'est un sacré caractère, qui a tendance à masquer son palmarès. Et qui l'amène à imprimer son nom en capitales sur la page la plus sombre du foot français, Knysna, en tant que meneur en chef de la fameuse grève de l'entraînement à cette Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud.

Obnubilé par la recherche du «traître» qui a révélé à L'Equipe les insultes de Nicolas Anelka envers Raymond Domenech, le capitaine sera sanctionné de cinq matches de suspension en équipe de France.

Acculé par l'opinion publique et la presse, le tonton se fait flingueur, et la France du foot découvre la verve particulière du défenseur.

Lilian Thuram demande sa radiation à vie des Bleus ? «Il ne suffit pas de se balader avec des livres sur l'esclavage, des lunettes et un chapeau pour devenir Malcom X», tacle-t-il.

Il s'en prend ensuite aux consultants «Michel Fernandel» (Luis Fernandez) ou «Rolland Tournevis» (Rolland Courbis), ou aux «clochards» Bixente Lizarazu et Pierre Ménès. «Tous ceux-là, si tu mets (l'ex-ministre) Rama Yade arrière gauche, ils vont dire qu'elle est meilleure qu'Evra», cingle-t-il.

Retour en grâce

Après Knysna, Evra reviendra pourtant en sélection neuf mois plus tard, dès mars 2011. Il se fait discret, même si son orgueil affleure devant les difficultés de Blanc à trouver un capitaine: «Ce n'est pas si facile de remplacer Evra», lâche-t-il en parlant de lui à la 3e personne tout sourire en août 2011.

Il réussira néanmoins l'exploit de reprendre le fil de son histoire d'amour avec le maillot bleu (81 sélections, zéro but), toujours clamé. Il ne joue qu'un match à l'Euro-2012, mais parvient à écarter la concurrence des Clichy, Mathieu, Trémoulinas, Digne. Titulaire des Bleus par défaut selon les sceptiques, ou parce que sans être flamboyant, il est régulier, selon ses partisans.

S'il a été déchu du brassard après Knysna, il reste le capitaine officieux, celui qui a «le rôle peut-être le plus important dans le groupe», comme le dit l'attaquant Loïc Rémy au Mondial-2014, achevé en quart de finale.

L'Euro-2016 à domicile fait entrer «Tonton Pat» dans la culture populaire. Un cliché pris par un photographe de l'AFP durant le 8e de finale contre l'Eire dans une posture étrange fait les délices d'internet; il prend la balle au bond en devenant lui-même actif sur les réseaux sociaux.

Son humour, sa décontraction et son rôle de grand frère, notamment auprès de la pépite Paul Pogba, achèvent d'en faire un chouchou du grand public. Ses discours de vestiaire, dévoilés dans un documentaire fin décembre, confirment l'aura du bonhomme.

Ecarté des Bleus après l'Euro-2016 en raison de son grand âge, il est rappelé en novembre 2016, et même titularisé, pour pallier le forfait de son successeur, Layvin Kurzawa. Un rappel «ponctuel», prévient Deschamps.

Mais Evra garde le Mondial-2018 dans un coin de la tête, comme il le glisse sur TF1: «Peut-être qu'on va se retrouver dans deux ans». Tout dépendra des 18 mois de «Tonton Pat'» à l'OM.