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Turquie: le renforcement d’Erdogan, «grave menace», selon HRW

18 janvier 2017, 20:45

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Turquie: le renforcement d’Erdogan, «grave menace», selon HRW

 

La réforme constitutionnelle qui vise à étendre les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan saperait tout contre-pouvoir et menacerait les droits de l’Homme en Turquie si elle était adoptée, a déclaré mercredi Human Rights Watch (HRW).

Le texte, adopté dimanche en première lecture et examiné en seconde lecture depuis mercredi, «concentrerait un pouvoir incontrôlé entre les mains du président», s’alarme l’ONG dans une note publiée sur son site.

La réforme proposée par le parti AKP au pouvoir en Turquie prévoit le transfert de l’essentiel des pouvoirs exécutifs du Premier ministre au président. Si elle est adoptée en seconde lecture, elle sera soumise à référendum au printemps, selon le gouvernement.

«La réforme constitutionnelle concentre les pouvoirs entre les mains du président Erdogan et sape les contre-pouvoirs déjà fragiles» en Turquie, déplore Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie Centrale à HRW.

Elle «constitue une grave menace à l’égard des droits de l’Homme, de l’état de droit et de l’avenir démocratique du pays», poursuit l’ONG dans un communiqué.

Cette réforme, présentée par le parti au pouvoir comme essentielle pour garantir la stabilité au sommet de l’Etat, est largement décriée par l’opposition qui y voit une dérive autoritaire supplémentaire de M. Erdogan.

«Il y a une décennie, la Turquie semblait sur la voie d’un respect accru des droits de l’Homme, de la démocratie et de l’état de droit», ajoute M. Williamson. «Le projet de présidentialisation du système fera prendre à la Turquie la direction opposée».

Aux termes de la réforme constitutionnelle, le président aura, entre autres, le pouvoir de nommer ou de limoger les ministres ainsi qu’un, voire plusieurs, vice-présidents.

Il pourra également intervenir directement dans le domaine judiciaire et pourra promulguer des décrets.

M. Williamson a appelé le Parlement à rejeter le texte, affirmant qu’il «viderait de sens l’Etat de droit et ébranlerait profondément la démocratie du pays».

La réforme est soutenue par le parti islamo-conservateur au pouvoir, l’AKP, et la formation de droite nationaliste du MHP. A eux deux, ces partis disposent de 355 voix au Parlement, soit plus que la majorité de 330 nécessaire pour l’adoption du texte.

L’opposition dénonce une dérive autoritaire d’Erdogan. Elle l’accuse notamment de mettre à profit l’état d’urgence en vigueur depuis le putsch manqué du 15 juillet pour faire taire toute voix discordante, à travers une vague de purges sans précédent.