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L’imam Moussa Beeharry: «J’ai fait la connaissance de James Mukusa en prison»

15 janvier 2017, 14:05

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L’imam Moussa Beeharry: «J’ai fait la connaissance de James Mukusa en prison»

 

Un «homme meurtri.» C’est en ces termes que l’imam Moussa Beeharry, convoyeur de fonds au sein du réseau Gro Derek, se décrit. L’express l’a rencontré à son domicile, à Beau-Bassin, vendredi 13 janvier. Malgré quelques hésitations, l’imam Moussa Beeharry a fini par nous raconter comment il s’est retrouvé mêlé au monde de la drogue et sa rencontre avec l’Ougandais James Mukusa Kanamwanje

«J’exerçais comme imam (religieux) à la prison de Beau-Bassin dans les années 2000. J’avais des interactions avec plusieurs détenus pour des séances de prières. C’est là que j’ai fait la connaissance du prisonnier James Mukusa Kanamwanje qui s’était converti à l’islam. Il avait pris le nom de Rashid.» Au fil du temps, les deux hommes se sont liés d’amitié. Lors d’une conversation, l’imam Moussa Beeharry a déclaré qu’il voyageait régulièrement à l’étranger. «Rashid m’a alors demandé si je pouvais faire un détour à Dubaï où étudie sa fille pour lui remettre de l’argent. Il m’a dit qu’un ami devait me livrer cet argent et une somme supplémentaire pour le financement de mon voyage.»

Entre mars 2009 et octobre 2011, le religieux a effectué plusieurs transferts d’argent totalisant environ Rs 250 000. «C’est un dénommé Robin qui me remettait ces sommes lors de rendez-vous dans ma maison. Ce n’est qu’après son arrestation par la police (en 2012) que j’ai appris qu’il s’appelait Ashish Dayal», avance l’imam Moussa Beeharry. Durant cette période, le religieux dit avoir fait le déplacement à Kampala, en Ouganda, pour rencontrer les proches de James Mukusa Kanamwanje. Outre des cadeaux qu’il apportait de la part du trafiquant incarcéré à Maurice, il leur donnait de l’argent dont le montant (pour la période mentionnée plus haut) est estimé à 108 000 euros (soit Rs 4 millions).

«La famille de Rashid est très modeste et leur maison n’est pas grandiose. J’ai même conversé avec ses frères qui sont des gens bien», soutient-il. Il n’aurait eu aucun contact avec James Mukusa Kanamwanje depuis que ce dernier a quitté Maurice. «J’ai même essayé de contacter sa fille qui étudiait à Dubaï sur le réseau social Facebook, mais sans succès.»

Depuis sa sortie de prison l’année dernière, l’imam Moussa Beeharry affirme qu’il a tout perdu. «Je vis maintenant dans une famille brisée. Il n’y a plus que moi et ma maman à la maison. En plus, je fais face à des soucis financiers.» Il déplore le regard de la société qui lui colle toujours l’étiquette d’un homme ayant travaillé dans le milieu de la drogue. «J’ai purgé ma peine et je souhaite vivre tranquillement», ajoute-t-il. Le religieux affirme ne pas être intéressé à déposer devant la commission Lam Shang Leen et préfère parler directement aux trafiquants pour leur demander d’arrêter ce business.