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Jusqu’à Rs 1 M aux médecins dans le privé

9 janvier 2017, 22:15

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Jusqu’à Rs 1 M aux médecins dans le privé

Le ministère de la Santé a demandé aux médecins spécialistes de choisir entre travailler dans les hôpitaux publics ou exercer dans le privé où ils touchent Rs 1 million par mois. Que feront-ils ?

«Un spécialiste exerçant dans le privé peut toucher jusqu’à Rs 1 million, voire plus chaque mois.» C’est ce qu’indique le Dr Zouberr Joomaye, médecin spécialiste et député indépendant. Et ce, comparativement à un salaire qui oscille autour de Rs 75 000 à Rs 100 000 dans le public. Dans ce cas, les médecins spécialistes seront-ils prêts à quitter le privé ? Car le 30 décembre, le ministère de la Santé a émis un communiqué dans lequel trois options sont offertes aux médecins spécialistes : travailler dans le privé, dans le public ou alors faire de la pratique privée dans les hôpitaux publics.

La raison évoquée : des médecins spécialistes exerceraient dans le privé alors qu’ils sont censés se trouver dans les hôpitaux publics…

Une rencontre organisée par le ministère de tutelle réunissant toutes les parties concernées est prévue le 16 janvier à Ébène pour débattre de la question. Une décision devrait être prise suivant les échanges.

«Cette décision peut entraîner des démissions collectives du service public. Il faudrait mettre de l’ordre mais pas au détriment des médecins qui suivent les règles», souligne le Dr Zouberr Joomaye.

Il ajoute toutefois que la rémunération dépend de la spécialisation et de la notoriété des médecins. «Pour un gynécologue, par exemple, cela peut aller jusqu’à Rs 800 000 par mois», dit-il.

Pour le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Consultant in Charge Association (GM- CA), les médecins spécialistes sont complètement contre cette décision du ministère. «Les spécialistes disposent de compétences qu’ils ont acquises sur plusieurs années. Ainsi, en les forçant à quitter le service public, ce sont les patients qui en souffriront.» Et d’ajouter dès lors que ces patients n’auront droit qu’à des médecins généralistes, qui «seront moins aptes à leur donner des soins spécialisés».

Côté rémunération, le Dr Bhooshun Ramtohul précise que les salaires oscillent entre Rs 200 000 et Rs 500 000 par mois.

Selon un médecin spécialiste réputé, un spécialiste peut effectuer jusqu’à 25 interventions chirurgicales dans un mois mais son salaire reste le même dans le public.

«Une même intervention dans le privé peut coûter Rs 25 000. Si on la multiplie par dix, cela représente bien plus que le salaire mensuel payé par le gouvernement. C’est justement une des raisons pour lesquelles on a autorisé les spécialistes à exercer dans le privé car l’État n’avait pas les moyens de rémunérer ces médecins.»

Il ajoute que si le ministère va de l’avant avec cette mesure, cela réduira le choix des patients, surtout ceux qui ont les moyens et la volonté de consulter les spécialistes du secteur public qu’ils souhaitent.

Pour le Dr Dushyant Parmanan, président de la Government Medical and Dental Officers Association (GMDOA), même si les spécialistes choisissent de rester dans les hôpitaux, la situation sera toujours difficile. Il avance que pour l’heure, les médecins ont l’option d’offrir leurs services après 16 heures au public.

«Même si la qualité du traitement est pareille dans le public, le privé représente plus de confidentialité, des horaires flexibles et plus de proximité. Cette décision ne peut être qu’au détriment des patients.»

Les médecins spécialistes ne comptent pas baisser les bras. Le Dr Bhooshun Ramtohul indique qu’une assemblée générale annuelle est prévue le mercredi 11 janvier avec tous les chefs de service. L’expertise d’un conseil légal sera également sollicitée.

 


Les cliniques se réunissent mardi

La colère gronde également du côté des cliniques privées. Selon nos informations, une réunion se tiendra mardi afin de discuter de la situation des médecins spécialistes.

 

Anil Gayan: «Des consultants recrutés de l’étranger»

<p>Interrogé par <em>l&rsquo;express</em>, le ministre de la Santé, Anil Gayan, explique que le but de l&rsquo;atelier du 16 janvier est justement de donner la parole à toutes les parties concernées. <em>&laquo;Aucune décision n&rsquo;a encore été prise. Tous les partenaires auront la chance de s&rsquo;exprimer. Nous avons déjà commencé à inviter les commentaires de représentants du public&raquo;</em>, dit-il. Et d&rsquo;ajouter qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit nullement d&rsquo;une décision imposée. Que se passera-t-il si aucune solution n&rsquo;est trouvée lors de cet atelier de travail ? À cela, le ministre répond qu&rsquo;il reviendra alors au gouvernement de prendre les décisions qui s&rsquo;imposent. Et si les médecins spécialistes décident de démissionner en masse du service public ? <em>&laquo;Il n&rsquo;y aura aucun problème. Nous ferons venir des consultants de l&rsquo;étranger. Il ne manquera jamais de médecins spécialistes dans les hôpitaux.&raquo;</em> Par ailleurs, le ministre précise que <a href="http://www.lexpress.mu/article/297188/pratique-privee-compromise-medecins-preparent-riposte" target="_blank">les licences autorisant les médecins spécialistes à travailler dans le privé n&rsquo;ont pas été renouvelées depuis 2013</a>. <em>&laquo;Cette décision a été prise par mon prédécesseur.&raquo;</em></p>