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Politique: l’histoire du coq et du lion

25 décembre 2016, 21:00

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Politique: l’histoire du coq et du lion

Des rumeurs, des affiches bleues qui font voir rouge… Il se chuchote que le coq pourrait de nouveau retrouver son ancien «camarade» d’alliance, le lion. Mais comment est née «l’histoire» entre Xavier-Luc Duval (XLD) et Navin Ramgoolam? Rétrospective.

XLD effectue son entrée au Parlement en 1987. Navin Ramgoolam prend, quant à lui, le leadership du Parti travailliste (PTr) en 1990. En 1991, ce dernier se retrouve avec les Duval, père et fils, sur la même plateforme, pour combattre la nouvelle alliance Mouvement socialiste militant (MSM)-Mouvement militant mauricien (MMM). Mais XLD se fait battre au nº 6 (Grand-Baie–Poudre-d’Or) alors que Navin Ramgoolam est élu au nº5 (Pamplemousses-Triolet). Les deux hommes commencent dès lors à collaborer au sein de l’opposition.

Enter, dans ce paysage, Paul Bérenger, qui est révoqué comme ministre en 1993. En 1994, le MMM et le PTr sont déjà en alliance. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, Ramgoolam et Bérenger ont déjà enclenché la machinerie de guerre pour les élections partielles de Stanley–Rose-Hill, suivant la double démission de Bérenger et de Jean Claude de l’Estrac. Ils essaient alors de trouver une formule qui permettrait d’embarquer le jeune coq à bord.

Profitant d’une fête de fin d’année organisée au restaurant Toon Fong, sis à Grande-Rivière-Nord-Ouest, Ramgoolam met les petits plats dans les grands afin de briser la glace entre Bérenger et XLD, qui est invité à la fête. Mais celui-ci ne répond pas à l’invitation.

La joute électorale du 29 janvier 1995 cimente l’alliance PTr-MMM, avec la réélection de Bérenger et le retour au Parlement de l’idéologue rouge James Burty David. Ébranlé par cette double défaite, Anerood Jugnauth rebat ses cartes, reçoit Duval à la Clarisse House et lui propose un deal. Après avoir obtenu la suspension de la peine de mort, Duval ne restera que dix mois au gouvernement, puisqu’il soumet sa démission dans le sillage de la vive controverse entourant les langues orientales.

De 1994 à 1999, c’est la longue traversée du désert pour XLD, qui crée son propre parti, le Parti mauricien Xavier Duval (PMXD). Mais voilà qu’une opportunité inespérée se présente à lui, en ce 23 septembre 1999, lors d’une élection partielle à Beau-Bassin–Petite-Rivière. Face à la «fédération» MSM-MMM, le candidat Duval, de l’alliance PTr-PMXD, bat Françoise Labelle de 1 000 voix, dans le fief même des Mauves.

Nouvelle ère

C’est ainsi qu’une nouvelle ère de collaboration démarre entre le lion et le coq. Toutefois, la synergie n’est pas assez puissante pour contrecarrer la «fédération», métamorphosée en véritable rouleau compresseur, et qui remporte haut la main les élections du 11 septembre 2000. Navin Ramgoolam est élu à Triolet et Xavier-Luc Duval se retrouve au Parlement en tant que Best Loser. S’ensuivent alors des années de vache maigre puisque la nouvelle alliance orange et mauve tient bon et complète son mandat de cinq ans.

Mais la roue tourne. Et lors des législatives de 2005, le tandem Ramgoolam-Duval – réuni sous la bannière de l’Alliance sociale – écrase l’alliance MSM-MMM. Le duo tiendra bon jusqu’en juin 2014, ce qui équivaut à neuf ans de règne en commun…

Puis Duval s’en va. Ce n’est pas l’éventuelle alliance PTr-MMM qui incite XLD à partir, mais le seuil de 10% imposé pour qu’un parti puisse se qualifier pour obtenir des sièges sous un système de représentation proportionnelle. Duval juge le pourcentage élevé; Ramgoolam ne fait aucune concession, craignant que la représentation proportionnelle n’encourage la formation de groupuscules sectaires. En 2014, Ramgoolam et Bérenger ont mal jugé le mood de l’électorat. Contrairement à Duval, qui, en bon opportuniste ou fin stratège, parvient à tourner la situation en sa faveur, au sein de l’alliance Lepep.

Fait notable : durant les deux années passées au sein du gouvernement, Duval a évité d’attaquer frontalement Ramgoolam. Ce dernier a, pour sa part et en quelques occasions, tenté de mettre dans l’embarras son ancien allié pour l’amener, pour des raisons tactiques semble-t-il, à tourner le dos aux Jugnauth. La «cassure» est désormais réelle.

Alors le coq se rapprochera-t-il encore une fois du lion ? On le saura bien assez tôt.