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Côte d’Ivoire: prévention et massage pour lutter contre la pneumonie chez les bébés

12 décembre 2016, 11:57

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Côte d’Ivoire: prévention et massage pour lutter contre la pneumonie chez les bébés

Avec des gestes experts, l’homme en blouse presse le thorax et l’abdomen du bébé. Celui-ci se débat, crie et pleure sous le regard apeuré de sa maman, qui découvre la kinésithérapie respiratoire à Koumassi, un quartier populaire du sud d’Abidjan.

L’enfant rejette par la bouche et le nez les sécrétions qui encombraient ses poumons. La mère est étonnée et le kiné recommence jusqu’à ce que les voies aériennes du bébé soient complètement dégagées.

Fondée en 2010 par Aboubakar Sylla, un kiné, l’ONG Agis (Association Graine d’Ivoire et Santé) lutte contre la pneumonie, financée par des fonds privés et du mécénat d’entreprises notamment. Et régulièrement, ses membres bénévoles se rendent dans les quartiers défavorisés ou dans les villes de l’intérieur du pays pour y mener des séances de kinésithérapie respiratoire.

L’ONG associe ces séances à des consultations médicales et à une «école de mamans», où celles-ci apprennent comment mieux soigner leurs enfants et éviter les infections.

2e cause de mortalité chez les bébés 

Les infections respiratoires sont en Côte d’Ivoire «la deuxième cause d’hospitalisation dans les services pédiatriques. Après le paludisme, c’est la deuxième cause de mortalité» chez les enfants de 0 à 5 ans, déplore le Dr Max Valère Itchi.

Dans le monde, ces infections ont provoqué plus de 900.000 décès d’enfants de moins de 5 ans en 2015, selon l’Organistion mondiale de la Santé (OMS).

En Côte d’Ivoire, elles auraient entraîné la mort de plus de 11.000 enfants en 2012. Et selon les chiffres du Rapport Annuel de la Situation Sanitaire (RASS) 2014 et 2015, le taux d’incidence des Infections Respiratoires Aigües (IRA) est en hausse, avec plus de 202 cas sur 1000 enfants en 2015 contre 165 cas sur 1000 en 2014.

Dans les campagnes ivoiriennes, beaucoup de décès d’enfants en raison de ces maux sont imputables au manque de moyens financiers et à l’absence de plateaux techniques.

Quand il n’y a pas de premiers soins possibles, au final «on n’emmène l’enfant à l’hôpital que quand le cas est très grave, et il est alors difficile de faire quelque chose», déplore un médecin.

Pour Aboubakar Sylla, qui participe aux opérations de l’association à Koumassi, «c’est d’autant plus regrettable que beaucoup de cas pourraient être évités avec un peu de prévention».

Pas d’enfant au dos pour balayer

Tôt le matin malgré la pluie, plusieurs dizaines de mamans, portant pour certaines leur enfant sur le dos, patientent sous les tentes dressées dans la cour de l’hôpital général.

Parmi elles, Monique Zabia, une esthéticienne, dont deux des enfants sont à la consultation. «Tous les jours, ils sont enrhumés et ont le nez qui coulent», affirme la jeune maman qui découvre le travail des kinésithérapeutes.

Une autre maman, Linda Akélé, qui a emmené sa fille de trois ans «expérimenter» les massages des kinésithérapeutes, renchérit: «Elle est tout le temps enrhumée et elle tousse malgré les médicaments».

Quelques jours plus tard, les scènes sont similaires à Attecoubé, autre quartier populaire d’Abidjan.

Saly, une jeune mère, écoute les conseils de l’infirmier bénévole, son enfant de 14 mois sagement assis sur ses pieds.

«Ne mets pas l’enfant au dos pour balayer la maison ou pour allumer le feu sinon la poussière et la fumée vont toujours l’enrhumer», répète-t-il avec patience aux mamans qui défilent devant son bureau.

«On apprend aussi aux mamans à faire elles-mêmes le massage», confie Aboubakar Sylla, qui déplace un ou plusieurs médecins pour chaque opération de l’ONG.

«Il faut voir son médecin: le traitement principal, c’est les médicaments. La kiné amène un complément. Les études ont montré que lorsqu’on associe la kiné au traitement médicamenteux, on accélère la récupération et on apporte un confort respiratoire à l’enfant», précise-t-il.

Ce kinésithérapeute plaide pour une véritable politique de lutte contre la pneumonie chez les enfants. Selon lui, «il n’y a pas assez de fonds attribués à la lutte contre la pneumonie».