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Les Bourses européennes font peu de cas de la victoire du non italien

5 décembre 2016, 15:27

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Les Bourses européennes font peu de cas de la victoire du non italien

 

Les Bourses européennes, en nette hausse, faisaient peu de cas lundi matin de la victoire du non au référendum italien, suivie dans la foulée de l'annonce de la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi.

«Le résultat avait été quand même largement anticipé, au moins la victoire du non», a commenté auprès de l'AFP Gilles Guibout, gérant actions Europe chez AXA IM.

Vers 09H30 GMT, Paris prenait 1,27% tandis que la Bourse de Francfort progressait de 1,73%, celle de Londres de 0,78% et Milan de 0,72%. L'Eurostoxx 50 était quant à lui en progression de 1,59%.

En Asie, les marchés boursiers ont perdu du terrain sans pour autant céder à l'inquiétude, la Bourse de Tokyo terminant en baisse de 0,82% lundi.

De son côté, la monnaie unique a d'abord fléchi, tombant au plus bas depuis 20 mois dans la nuit de dimanche à lundi, dès la diffusion des sondages réalisés à la sortie des urnes. Vers 09H30 GMT, elle résistait un peu, s'inscrivant à 1,0642 dollar contre 1,0664 vendredi à New York.

Selon M. Guibout, «la surprise est plus sur l'ampleur de la défaite», a-t-il poursuivi, ajoutant que «la vraie question qui va se poser à très court terme c'est sur la capacité du système bancaire à recapitaliser» ses établissements.

Cette décision ouvre en effet une période d'incertitudes pour l'économie italienne qui reste à la traîne en Europe, avec un secteur bancaire éreinté par la crise financière et criblé de créances douteuses. Des craintes de faillite ressurgissent régulièrement.

Dans ce contexte, les taux d'emprunt à 10 ans de l'Italie sont nettement montés lundi matin à l'ouverture du marché secondaire à 07H00 GMT, avant de limiter leur progression pour s'établir à 1,991% contre 1,902% vendredi soir à la clôture.

«Les investisseurs commencent à s'habituer à ce retour assez important du risque politique», observe pour sa part auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, ce qui explique en partie le rebond du marché.

Pas une surprise

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, présent à Tokyo, s'est lui aussi montré rassurant. Le vote italien «ne peut être comparé au référendum britannique: les Italiens ont été appelés aux urnes pour se prononcer sur un sujet constitutionnel interne, et non sur l'appartenance de longue date de l'Italie à l'UE», a-t-il déclaré.

L'Italie est un "pays solide avec des autorités solides" qui pourra faire face à la période d'incertitude qui s'ouvre, a pour sa part estimé le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

Les Italiens ont massivement rejeté dimanche la réforme constitutionnelle qui prévoyait essentiellement de réduire les pouvoirs du Sénat, doté actuellement des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés, ainsi que de limiter les attributions des régions et de supprimer les 110 provinces.

Matteo Renzi, 41 ans, arrivé au pouvoir en février 2014 sur un programme de réformes, a aussitôt pris la parole et annoncé sa démission, tirant les conséquences d'un référendum sur lequel il s'était totalement engagé.

«Ce résultat était attendu, ce n'est pas une surprise au sens de ce qui s'est passé au moment du Brexit ou de la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis (en novembre)», a estimé auprès de l'AFP Yunosuke Ikeda, chargé des changes chez Nomura Securities.

En outre, les marchés ont pu être soulagés par l'échec de l'extrême droite autrichienne qui a perdu dimanche son pari de décrocher la présidence de la République sur fond de poussée populiste en Europe.

Les investisseurs ont désormais en ligne de mire la dernière réunion de l'année de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi.

Selon Natixis, «les marchés espèrent désormais un nouveau lot d'annonces à l'issue du comité de la BCE ce jeudi compte tenu de la demission» de M. Renzi et de la «période d'incertitudes» qui s'ouvre pour l'Italie.