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Norbert Hofer, la «patte de velours» de l'extrême droite autrichienne

4 décembre 2016, 22:04

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Norbert Hofer, la «patte de velours» de l'extrême droite autrichienne

 

Lisse dans la forme, inflexible sur le fond: Norbert Hofer, le candidat du FPÖ qui a échoué à la présidentielle autrichienne dimanche, s'était efforcé de polir l'image de ce parti d'extrême droite sans renier ses fondements populistes et xénophobes.

Son camp a reconnu sa défaite face à l'écologiste Alexander Van der Bellen au second tour dimanche.

Des diatribes, des invectives ? Très peu pour cet ingénieur aéronautique de formation de 45 ans, partiellement handicapé à la suite d'un accident de parapente, qui s'efforce de toujours conserver un ton mesuré.

Militant depuis sa jeunesse du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) et vice-président du parlement autrichien depuis 2013, ce bras droit de Heinz-Christian Strache, le chef de la formation, a longtemps savouré son rôle d'homme de l'ombre qui lui a permis de se présenter comme «neuf, honnête, compétent».

Sa courte défaite face à M. Van der Bellen en mai, lors d'un scrutin ensuite annulé pour vice de procédure, lui a assuré une notoriété mondiale sans lui faire perdre son affabilité.

Mais sous des airs avenants, ce membre de la corporation estudiantine pangermanique Marko-Germania, qui avoue aimer se promener armé d'un pistolet, est un idéologue inflexible du FPÖ, dont il est le vice-président depuis que M. Strache a pris le contrôle du parti en 2005.

«M. Hofer défend les positions de M. Strache, mais avec une patte de velours", et "engrange des voix grâce à son aspect sympathique», tandis que M. Strache se réserve pour la chancellerie, résume le quotidien Österreich.

«Grande habileté»

Né le 2 mars 1971 dans une famille bourgeoise, ce fils d'un élu municipal conservateur grandit dans le Burgenland, non loin de la frontière hongroise. Il devient responsable régional du FPÖ dès 1996.

En 2005, quand le leader historique du parti, Jörg Haider, est supplanté par M. Strache, tenant d'un durcissement de la ligne politique, M. Hofer opte pour le camp de ce dernier.

Mais les résultats du FPÖ plongent à la suite d'une longue série de dérapages. Incarnation de l'aile «brune» du parti, la candidate à la présidentielle 2010, Barbara Rosenkranz, n'obtient que 15,2% des suffrages.

Aux côtés du secrétaire général Herbert Kickl, M. Hofer conseille alors à M. Strache, de deux ans son aîné, d'afficher une ligne plus modérée et d'écarter les caciques les plus encombrants.

Sous son impulsion, le FPÖ polit son discours, bannit les expressions ouvertement xénophobes et antisémites et met l'accent sur le pouvoir d'achat, la protection sociale et la démocratie directe, grignotant l'électorat populaire du parti social-démocrate SPÖ.

Un pari gagnant: dopé par la crise des migrants et l'usure de la grande coalition que forme le SPÖ avec les conservateurs depuis 2007, M. Hofer manque de peu de battre M. Van der Bellen en mai. 

«En s'abstenant de recourir aux messages agressifs auxquels on est habitué de la part du FPÖ, il a fait preuve d'une grande habileté», souligne le politologue Thomas Hofer.

Mais le candidat avait prévenu qu'il resterait inflexible sur les «valeurs» du FPÖ en cas d'accession à la présidence.

Pour sa nouvelle campagne, il avait adopté le slogan «Avec l'aide de Dieu», un appel du pied à un électorat conservateur et âgé.

Nourri des techniques de communication issues de la programmation neuro-linguistique, il s'efforce d'éviter les dérapages verbaux. Il a tout de même qualifié M. Van der Bellen tour à tour de «fasciste vert» et de «communiste».

Son principal faux-pas reste toutefois, de son propre aveu, d'avoir déclaré que les Autrichiens seraient «étonnés» de voir l'étendue des pouvoirs dont il entendait user une fois élu, une séquence reprise en boucle sur les réseaux sociaux. L'usage veut que le président autrichien se cantonne à des tâches protocolaires.

Afin de rassurer l'électorat, il a annoncé renoncer à arborer un bleuet à la boutonnière, une fleur considérée comme un signe de ralliement des nostalgiques du nazisme.

Mais pour Christian Rainer, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Profil, il n'en demeure pas moins «quelqu'un qui est fasciné par l'idéologie de la Grande Allemagne».

M. Hofer est marié en secondes noces et a quatre enfants.