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Sunil Herkanaidu: les chevaux éclairent sa vue

2 décembre 2016, 11:00

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Sunil Herkanaidu: les chevaux éclairent sa vue

Ses problèmes de vue ne l’empêchent pas de vivre sa passion. Les bruits des sabots et la foule en liesse le maintiennent dans le feu de l’action au Champ de Mars. Sunil Herkanaidu, un non-voyant de 57 ans, fait régulièrement le trajet de Souillac à Port-Louis pour venir assister aux courses. «Mem pas truve, mo content et mo bizin vini.»

L’entretien qu’il accorde à L’Express-Turf est entrecoupé par des appels incessants. «Ban voisins ek camarades sa. Zot tou pe rod enn ti renseignement lor souval.» Les informations sur la forme des partants, il les détient des magazines hippiques que lui achète et lit son ami Raju avant chaque journée de courses. Surtout les informations sur la forme des chevaux à l’entraînement. Et à partir de là, il se met à la disposition de ses amis avec qui il se fait un plaisir de partager les informations chiffrées. Ce, après avoir mémorisé les numéros des chevaux qu’il a choisis et ceux de leurs courses respectives. Sans le soutien de ses amis, Sunil concède qu’il n’aurait jamais pu suivre l’actualité hippique.

A ses côtés, Rajen Keethary. Lequel souffre lui aussi des troubles de vision, mais bien moins importants que Sunil. En l’absence de Raju, c’est Rajen qui veille sur son ami Sunil. «Bann la vinn kit Sunil Curepipe, lerla mo prend li depuis Curepipe mo amen li Port-Louis dans Champ de Mars.»

«Le Champ de Mars, mon seul lieu de refuge après une dure semaine de travail»

En raison de son handicap, Sunil se fait un devoir de suivre avec attention les émissions hippiques à la radio. Les training news, mais aussi les émissions d’avant-courses. «Sans sa, ti pu pli compliké ancor.»

Les divertissements n’étant pas légion à Maurice pour les non-voyants, le Champ de Mars rend Sunil heureux. «C’est mon seul lieu de refuge après une dure semaine de travail, là où je me sens bien.» Cet inconditionnel des courses est employé comme réceptionniste au Central Electricty Board à Souillac.

S’il dit vivre en partie pour les activités hippiques, il regrette que le Mauritius Turf Club ne fasse pas assez pour «accueillir» ceux souffrant de handicaps physiques ou autres. «C’est un véritable parcours du combattant pour moi pour me rendre au Champ de Mars. Où je dois payer pour avoir accès aux loges. Qu’est-ce que cela aurait coûté au MTC de nous donner l’accès gratuit ?»

Sunil, que ce soit au MTC ou aux autorités gouvernementales, demande plus de considération pour les non-voyants et ceux souffrant des troubles de vue. «Mwa, mo ena la chance ena bane dimounes couma Raju ek Rajen. Par contre, ena ban dimoune ki pa gagne sorti. Zot pa ena aukene distraksyon. Lerla meme ou trouvé zot perdi la tet. Il ne faut pas que la société ait honte de nous. Nous sommes des gens à part entière.»

S’il y a bien quelque chose que Sunil est fier d’avoir accompli, c’est d’avoir été champion régional de Grand Port-Savanne aux côtés son frère Dev, lui aussi non-voyant, lors d’un tournoi de dominos toutes ­catégories.