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[Vidéo] Décès d’Arvind Hurreechurn: incursion dans la cellule nº 14 du centre de détention de Moka

17 novembre 2016, 22:36

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[Vidéo] Décès d’Arvind Hurreechurn: incursion dans la cellule nº 14 du centre de détention de Moka

L’affaire Arvind Hurreechurn a dominé la Prime Minister’s Question Time (PMQT) mardi 15 novembre. Alors que le leader de l’opposition, Paul Bérenger, citait Me Hervé Lassémillante, Deputy Chairperson de la National Preventive Mechanism Division de la Commission des droits de l’homme, qui mentionne une «mort suspecte» au sujet du décès du policier, le rapport d’autopsie devait confirmer la thèse du suicide. L’avocat remet également en question les caméras de surveillance du centre de détention de Moka. Le 29 octobre, que s’est-il passé dans la cellule nº 14 ? Comment est-elle constituée ? Éléments de réponse.

Dans sa réponse à l’Assemblée nationale, le Premier ministre par intérim, Xavier-Luc Duval (XLD), a laissé entendre que le corps du constable avait été retrouvé en position assise, pendu au robinet de son lavabo, à un mètre du sol. Il avait utilisé une serviette attachée au robinet pour se donner la mort. Il était dans l’une des trois cellules du centre, avec la 12 et la 13, qui comprend des toilettes et un lavabo.

La cellule nº 14, notre collègue informaticien Ish Sookun la connaît bien, car il y a passé cinq jours en février (NdlR, à la suite de son inculpation sous la Prevention of Terrorism Act, pour une affaire de courriel anonyme envoyé au bureau du Premier ministre). «La pièce fait autour de huit pieds de long (2 m 40) et 6 pieds de large (1 m 80)», indique-t-il. De souligner que la caméra de surveillance se trouve au-dessus de la porte en fer de la cellule. Il précise qu’à l’époque, celle-ci était opérationnelle.

Au Parlement, XLD a toutefois laissé entendre que le système de vidéosurveillance du centre est défectueux. Par ailleurs, Ish Sookun estime «qu’il serait impossible de nouer une serviette autour du robinet du lavabo sauf si la serviette a été déchirée pour en faire une corde».

Plainte de la mère

Autre détail fourni par l’informaticien : les sons qui filtraient entre les cellules. «Les sons étaient très distincts», dit-il. Et d’ajouter que c’est de cette façon qu’il pouvait facilement communiquer avec les autres détenus, enfermés dans les cellules voisines. Ish Sookun souligne également que la lumière de la pièce n’était jamais éteinte. «J’avais fait une requête pour qu’on éteigne la lumière car elle me brûlait les yeux, sauf qu’on m’avait fait comprendre que les détenus devraient être visibles à toute heure.»

Le suicide, la famille du constable Arvind Hurreechurn n’y croit toujours pas. Sa mère, Bhagwantee Hurreechurn, s’est d’ailleurs rendue au Central Criminal Investigation Department pour porter plainte. «monn al dir zot ki zot in touy mo zanfan. mo lé koné kinn arivé», a-t-elle fait savoir. Le patriarche, Deolall Hurreechurn, est du même avis : «le rapport de Me Lassémillante dit ce que toute la population mauricienne pense. Une personne ne peut pas se pendre dans cette position !» De plus, il ne comprend pas pourquoi les caméras de surveillance ne marchaient pas ce jour-là. «mem san kaméra, pa ti éna gard pou vey prizonié laba ?» se demande-t-il.

Vinod Appadoo : «Impossible d’assurer une surveillance perpétuelle des détenus»

Il est trop facile de critiquer, lance Vinod Appadoo. À «l’express», le commissaire des prisons avoue qu’il fait face à une réelle difficulté : celle d’éviter des cas de suicide parmi plus de 3 000 détenus. Il souligne que tous les prisonniers disposent d’une serviette. Et explique que le fait que deux ou trois gardiens de prison seulement soient chargés d’environ 50 cellules rend la tâche de surveillance permanente plus difficile. «La mort par pendaison se déroule très vite.» Cependant, précise le commissaire des prisons, certains détenus démontrent des signes de dépression. «Ils sont transférés dans d’autres cellules avec une surveillance accentuée», indique-t-il. Sauf que dans le cas d’Arvind Hurreechurn, aucun signe laissant présager qu’il s’apprêtait à mettre fin à ses jours n’aurait été décelé.

Peut-on se pendre en position assise ?

Est-ce possible pour quelqu’un de se suicider en position assise ? Selon un médecin légiste, ce type de pendaison ne serait pas inhabituel, même à Maurice. Le rapport de l’autopsie a conclu à une asphyxie par pendaison. Dans ce type de suicide, la mort survient lorsque la voie respiratoire ou les veines et artères irriguant le cerveau sont bloquées. Des fois, il est même possible d’avoir une combinaison des trois. «Il suffit d’un poids de deux kilos pour bloquer les artères et les veines», poursuit notre interlocuteur. Si une corde ou autre est attachée autour du cou de la personne, le simple fait de se pencher en avant peut entraîner la mort. Et le réflexe de survie dans tout cela ? «Dans ce cas, la mort survient lentement. La personne tombe dans un coma dès que son cerveau n’a plus d’oxygène, soit au bout de quelques minutes. À partir de ce moment, il n’y a plus de réflexes», explique-til. Mais Satish Boolell, ancien Chief Police Medical Officer, a quant à lui affirmé qu’il n’a jamais eu affaire à un cas pareil. Autre fait qui a été relevé par l’autopsie est que la victime ne portait pas de trace de blessure au cou. «Dans tous les cas de strangulation, la victime essaie de se débattre. Outre les traces de la strangulation, elle se blesse elle-même», explique un second médecin légiste. La victime, le constable Hurreechurn, ne portait aucune trace de blessure.