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Cardinalat: pourquoi le pape a choisi Mgr Maurice Piat

14 novembre 2016, 15:04

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Cardinalat: pourquoi le pape a choisi Mgr Maurice Piat

 

L’évêque de Port-Louis part pour Rome aujourd’hui. Un voyage de consécration, puisque le pape François l’installera, ce samedi, dans ses nouvelles fonctions de cardinal. Dans l’avion, sans doute Mgr Piat se posera-t-il à nouveau la question : «Pourquoi m’a-t-il choisi ? On ne se connaît même pas !» C’est ce qu’il s’était demandé en apprenant sa nomination.

Ce jour-là, le 9 octobre, ce n’est pas un officiel qui apporte la bonne nouvelle. C’est un ami téléspectateur de KTO, la chaîne catholique qui diffuse en direct la messe papale, place Saint-Pierre. «Je suis heureux d’annoncer la nomination de 17 nouveaux cardinaux des cinq continents», déclare à la fin de la cérémonie le pontife argentin. Mgr Piat est dans la liste, on connaît la suite…

Alors, pourquoi lui ? La réponse est simple : Mgr Piat a tout pour plaire au pape François. Premier atout : il est issu d’un pays du Sud. C’est un prélat de cette «Église des périphéries» que le pape affectionne tant. Maurice, mais aussi la République centrafricaine, le Bangladesh, la Malaisie, le Venezuela ou le Lesotho – sa liste fait la part belle aux pays non européens.

Dix des 13 nouveaux cardinaux électeurs viennent d’ailleurs. Un signe de la volonté du pape de rééquilibrer le sacré collège, jusqu’ici à prépondérance européenne. Même la Papouasie-Nouvelle-Guinée a désormais son cardinal, tandis que l’Italie n’en a reçu qu’un. Cette forte impulsion à l’international a joué en faveur de l’évêque mauricien.

Autre atout : l’engagement de Mgr Piat auprès des pauvres. Le Mauricien et l’Argentin ont une vision très proche de ce que doit être la doctrine sociale de l’Église. Tous deux appellent à une économie plus solidaire et à un meilleur partage des richesses. «Ils se rejoignent en dénonçant le libéralisme débridé entièrement voué au ‘dieu argent’, parce qu’il est producteur d’inégalités de moins en moins supportables», décrypte un observateur. La juxtaposition de leurs propos sur ces sujets est étonnante : l’un pourrait finir les phrases de l’autre.

Choix logique enfin, si l’on considère l’importance que ce pape accorde au dialogue interreligieux. «Ce n’est pas un luxe, ce n’est pas optionnel, insistait-il lors de son premier voyage en Afrique, ce dialogue est quelque chose dont le monde a vraiment besoin.» Qui l’a mieux compris que Maurice ? L’intéressé lui-même ne dit pas autre chose, voyant dans sa nomination «un encouragement donné aux Mauriciens pour leur sens de l’harmonie religieuse».

Plus qu’un conseiller, un électeur

<p>Les cardinaux ont un rôle de conseiller du pape qui peut prendre l&rsquo;initiative de les consulter à diverses occasions. Leur responsabilité la plus spectaculaire est d&rsquo;élire le pape. Mais cela ne veut pas dire que Mgr Piat participera automatiquement au prochain conclave. Pour cela, l&rsquo;élection devra se tenir dans les cinq prochaines années, car l&rsquo;âge limite pour y participer est fixé à 80 ans. Le nouveau cardinal mauricien vient d&rsquo;en avoir 75.</p>