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Albion- Premanund Moheeputh: le dernier gardien de phare

29 octobre 2016, 16:58

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Albion- Premanund Moheeputh: le dernier gardien de phare

Si on pourrait quelquefois le prendre pour un fantôme, il ne l’est pas. Premanund Moheeputh est un homme en  chair et en os posté au phare d’Albion. Gardien des lieux, il nous parle de son métier.

Il occupe les lieux depuis plus de 25 ans. Premanund Moheeputh, alias Polka pour les habitants, est l’homme que l’on aperçoit en s’approchant du phare d’Albion. Gardien, il est celui qui indique que l’accès au lieu est interdit.

Au premier abord, c’est un homme avec un visage sérieux, une barbe de quelques jours et une voix plutôt forte qui apparaît devant le grand portail blanc du phare. Cependant, sous cet air sérieux, ce sont des yeux rieurs, voire moqueurs qui se cachent. Une bonne humeur contagieuse émane, en fait, de Premanund Moheeputh qui accepte de partager son quotidien en tant que gardien du phare. À travers l’île, il n’y a que deux phares encore opérationnels : celui d’Albion et celui de l’île Plate. Ce dernier étant automatique, il ne requiert aucune présence humaine. Premanund Moheeputh explique qu’il est donc le seul à pratiquer un tel métier à Maurice.

Mais cette vie, il l’a choisie et cela, il y a un peu plus d’un quart de siècle. «Au début, je travaillais à temps partiel avec Francis Cornell. À cette époque, il était en charge du phare et j’ai appris le métier avec lui», se remémore Premanund Moheeputh. Après le départ de Francis Cornell, poursuit notre interlocuteur, le poste lui est automatiquement revenu. «C’est moi qui opère désormais le phare. Je m’occupe de l’allumage et de l’extinction des lumières mais aussi de l’entretien des lieux», souligne-t-il.

Vivre au rythme des levers et couchers de soleil, Premanund Moheeputh a réussi à s’en accommoder. Il est d’ailleurs réglé comme une horloge : réveil à cinq heures tous les matins afin de refermer les rideaux qui protègent la lentille du phare des rayons du soleil. Quant à ses soirées, ce sont les couchers de soleil qui les définissent : «Je dois suivre ces heures avec exactitude. Elles diffèrent selon l’été et l’hiver mais moi, je ne dois jamais rater l’heure d’allumage», raconte-t-il.

S’il dit par ailleurs être libre en journée, ce n’est pas un travail si aisé. Car ce métier «a aussi sa part de difficultés comme l’isolement», confie-t-il. La monotonie est un autre désavantage. Une fois dans ses quartiers, soit dans la cour du phare, il est coupé du village. Et il faut parcourir une longue distance avant d’arriver à une zone habitée. «Il est rare de voir des visiteurs ici en semaine, ce n’est qu’en week-end qu’il y a un peu de monde», dit-il.

Son épouse et ses enfants ont, eux, préféré aller vivre à Petite-Rivière où il est plus facile d’accéder aux transports en commun ou d’aller à l’école, entre autres. Mais Premanund Moheeputh leur rend visite dès qu’il est libre.

Le gardien doit, en outre, faire face aux rumeurs qui circulent : selon les dires, les lieux seraient hantés. À la question s’il aurait été témoin d’une de ces apparitions, il s’empresse de répondre par la négative. Il y a certes un vieux bâtiment en pierre qui servait de quartiers aux gardiens à l’époque où l’île était une colonie anglaise, mais aucune âme ne s’y promène le soir, nous assure-t-il.

«Les seuls phénomènes auxquels j’ai eu à faire face étaient des gens ivres qui secouaient le soir le portail en exigeant que j’ouvre pour qu’ils puissent visiter le phare», soutient notre interlocuteur d’un ton moqueur, balayant d’un revers de main ces rumeurs. Ces personnes insistantes ou voyous n’auront toutefois pas effrayé Premanund  Moheeputh qui est resté en poste, précise-t-il fièrement.

Il explique que c’est sa manière de vivre et sa bonne humeur qui lui auront permis d’affronter tous les aléas du métier : «Mo abitie ek tou dimounn é tou dimounn konn mwa. Je suis un homme à qui l’on parle facilement et c’est ce qui fait que je suis tranquille ici», sourit-il.

Même si être gardien de phare se révèle être quelquefois difficile, Premanund Moheeputh aime ce qu’il fait. Ce métier il l’a choisi et si c’était à refaire il le referait. Pour lui, c’est un réel privilège de veiller sur un lieu historique de l’île.