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En Chine, Xi Jinping placé au «centre» du pouvoir politique

27 octobre 2016, 19:43

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En Chine, Xi Jinping placé au «centre» du pouvoir politique

 

Chef du parti, de l'Etat, des armées et désormais un rôle «central» au coeur du pouvoir : Xi Jinping sort renforcé jeudi du conclave annuel du Parti communiste chinois (PCC), qui a discuté à huis clos pendant quatre jours du sort du pays le plus peuplé du monde.

Un communiqué publié après la réunion du Parti dans un hôtel ultra-sécurisé de Pékin appelle ses 88 millions de membres à «s'unir étroitement autour du comité central du PCC avec le camarade Xi Jinping occupant un rôle central», selon l'agence de presse Chine nouvelle. 

L'annonce intervient après le rassemblement des quelque 400 membres du comité central, sorte de parlement au sein du parti unique, en «plénum», afin de discuter notamment de discipline interne, avec au premier chef la lutte contre la corruption, endémique en Chine.

Des images de la télévision d'Etat CCTV montraient Xi Jinping détendu, habillé d'une veste noire et s'adressant à des membres du Parti attentifs.

L'utilisation nouvelle du terme «central» en faisant référence à Xi pourrait évoquer la suprématie d'un leader unique, alors que le pouvoir au sein du PCC est traditionnellement collégial depuis la mort en 1976 du fondateur du régime communiste, Mao Tsé-toung. Un système mis en place afin d'éviter la réédition des dérives autoritaires du Grand timonier. 

Xi a étendu son emprise

«C'est une immense régression pour la réforme politique et institutionnelle», une sorte de retour au «culte de la personnalité», à l'image de Mao, a commenté Willy Lam, spécialiste de la Chine à l'Université chinoise de Hong Kong. 

«Un dirigeant au rôle central est crucial pour un pays, pour un parti politique», a lui justifié le Quotidien du peuple, organe officiel du PCC, dans un éditorial publié vendredi peu après la fin du plénum.

Celui-ci a confirmé que le Parti tiendra au deuxième semestre 2017 son «congrès», sa grand-messe organisée tous les cinq ans, où Xi Jinping devrait profiter du renouvellement de l'équipe dirigeante communiste pour promouvoir ses alliés.

Depuis son arrivée fin 2012 au sommet de l'organigramme communiste, le N°1 chinois a étendu son emprise sur le Parti, notamment grâce à sa campagne anticorruption, qui a déjà sanctionné plus d'un million de membres.

Elle a mis au pas des factions rivales et dynamité des bastions considérés comme inviolables, tel celui du redouté Zhou Yongkang, ex-chef des services de sécurité. Mais la campagne paralyse également l'initiative des cadres, un effet pervers renforcé par la publication de directives parfois contradictoires.

De la «mégalomanie»

Mais loin d'appeler au relâchement de la lutte anticorruption, le plénum a réclamé vendredi la «tolérance zéro», exhortant le PCC à «persévérer dans l'édification d'un système où (ses membres) n'osent pas être corrompus, ne peuvent pas être corrompus et ne pensent pas à la corruption».

«Les hauts dirigeants, notamment ceux des plus hautes sphères du pouvoir, doivent faire figure d'exemple, et respecter de façon exemplaire les règlements édictés par le Parti», martèle le communiqué du plénum.

«Une seule personne au sein du PCC, à savoir Xi, a le droit de définir quelles sont les règles politiques», résume Willy Lam.

«Et quand on a comme lui un +rôle central+ dans la direction du Parti, on peut même être éternel», estime-t-il, à l'heure où certains analystes jugent que Xi pourrait rester au pouvoir au-delà des dix années traditionnelles.

La Constitution limite à deux périodes de cinq ans le mandat du président chinois, l'autre titre de Xi Jinping, mais aucune règle ne régit le poste de secrétaire du PCC, dont il tire son autorité.

«C'est réellement un homme politique assoiffé de pouvoir. Il s'est nommé chef de plusieurs groupes de travail, même de ceux chargés des finances et de l'économie», souligne Willy Lam. 

«C'est ce que les psychologues appellent la mégalomanie».