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Christophe, ex-interne au RYC: «J’ai vécu dans une véritable prison»

22 octobre 2016, 19:01

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Christophe, ex-interne au RYC: «J’ai vécu dans une véritable prison»

«RYC pa enn landrwa pou avoy zanfan…» Christophe Philippe sait de quoi il parle. Il y a passé toute son adolescence. Le jeune homme, aujourd’hui trentenaire, a été interné dans un RehabilitationYouth Centre (RYC) car il était considéré comme un enfant turbulent. À ses dires, il a vécu dans une «véritable prison» jusqu’à ses 18 ans.

Un avis négatif sur les RYC que partage l’Ombudsperson for Children. Rita Venkatasawmy a, dans une interview à l’express, lundi, été catégorique en affirmant que ces centres devraient être fermés.

Christophe Philippe fait, lui, valoir que ces centres de réhabilitation pour mineurs n’accompliraient pas leur fonction première, c’est-à-dire aider les jeunes à se réinsérer dans la société. Il a connu le RYC durant les années où, dit-il, le suivi psychologique des internes n’existait pas. Le programme de formation aux métiers, non plus.

C’est en 1997 qu’il a fait son entrée dans le centre. Ses parents avaient du mal à l’encadrer. Aujourd’hui, il a 31 ans, est marié et est père de quatre enfants. «Ces centres n’apportent rien de positif aux enfants qui y résident. Certains en ressortent même pires…»

Selon lui, le principal problème, c’est que tous les enfants sont placés dans le même centre alors qu’ils n’y vont pas tous pour les mêmes raisons. «Comme tous les cas sont différents, il faudrait traiter chacun d’une manière particulière», estime le trentenaire.

«Au RYC, je n’ai bénéficié d’aucune formation. Et quand j’ai quitté l’établissement, je ne savais rien faire. J’avais du mal à trouver du travail. Monn komans gagn mové lespri.»

Il désapprouve le fait qu’un jeune jugé «incontrôlable» par ses parents soit traité de la même manière qu’un autre ayant commis des délits plus sérieux. «Cette manière de faire est injuste.»

Christophe Philippe déplore également le manque «d’humanité de certains surveillants» à l’époque où il résidait au centre. «Les enfants n’étaient pas traités comme tels, mais comme de vrais prisonniers adultes, souligne-t-il. Des gardiens instauraient la peur chez les jeunes et d’autres les frappaient.» Il se rappelle que les adolescents n’avaient personne à qui se confier. Cet ex-interne explique que le Welfare Officer censé les écouter était souvent absent.

Si les années dans le centre étaient pénibles, Christophe Philippe révèle que sa sortie n’a pas été moins douloureuse. «Au RYC, je n’ai bénéficié d’aucune formation. Et quand j’ai quitté l’établissement, je ne savais rien faire. J’avais du mal à trouver du travail. Monn komans gagn mové lespri.»

C’est avec l’aide de travailleurs sociaux, notamment d’Edley Maurer de SAFIRE, qu’il a pu se ressaisir. Toutefois, il déclare qu’il n’a toujours pas un emploi stable jusqu’à présent, faute de formation. Mais cela aurait pu être pire pour lui. Il aurait pu prendre la même pente que certains de ses anciens camarades du RYC qui se droguent ou qui sont en prison.