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Agressions alléguées: marquées à vie, deux victimes de Torti racontent

22 octobre 2016, 10:10

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Agressions alléguées: marquées à vie, deux victimes de Torti racontent

Torti, de son vrai nom Christophe Angeline, a été arrêté mardi, lors d’une opération commando, dans un studio à Belle-Mare. Il était alors en cavale depuis huit mois. Deux des personnes à qui il a fait du tort ont décidé de témoigner à visage découvert.

Torti, a été arrêté mardi, lors d’une opération commando,
dans un studio à Belle-Mare.

Handicapé à vie


 

 

Il a été percuté par une voiture et agressé par les deux occupants du véhicule à coups de sabre et de gourdin. Yogeshwarsing Pryam, 27 ans, est aujourd’hui handicapé à vie. Il se rappelle que le suspect, Christophe Angeline, criait : «Tir lamin-la enn fwa.»

Après avoir eu le bassin écrasé, Yogeshwarsing Pryam a dû se rendre à Chennai, en Inde, pour se faire soigner. Depuis, cet ancien agent de sécurité d’intervention et mécanicien à temps partiel ne travaille plus. D’ailleurs, il peine à rembourser la dette de son opération, qui aurait coûté Rs 1,4 million.

À Terre-Rouge, où nous l’avons rencontré, hier après-midi, Yogeshwarsing Pryam fait le récit du moment où sa vie a basculé. C’était le lundi 1er février, dans une boîte de nuit, à Flic-en-Flac. Aux alentours de 3 heures du matin, une altercation éclate entre un groupe de personnes, composé entre autres de filles et de Christophe Angeline et d’un couple. Yogeshwarsing Pryam, qui était le responsable de la sécurité, intervient pour les séparer et s’assurer que le couple peut quitter le lieu.

Mais vers 4 h 30, le jeune homme «malmené» est de retour devant la boîte de nuit, accompagné d’une dizaine de véhicules. Pour éviter toute confrontation, Yogeshwarsing Pryam demande à Christophe Angeline et à ses amis de sortir par la porte de derrière. Mais le suspect lui rétorque : «Mo finn dépans Rs 20 000, mo pa pou pas par laport deryer.»

Les agents de sécurité de la boîte ont dû user de la force pour embarquer Christophe Angeline et ses amis dans leur véhicule. Ce dernier et un de ses amis, un dénommé Kinsley Quirin, devaient lancer à Yogeshwarsing Pryam : «Taler nou pou tir to manzé.»

Yogeshwarsing Pryam soutient qu’il n’avait porté aucune attention à ces propos. Peu de temps après, son service terminé, il rentre chez lui à Terre-Rouge. Alors qu’il est à moto sur l’autoroute, à hauteur de la gare du Nord, il remarque qu’il est pris en filature par une voiture noire. Il s’arrête à proximité de la passerelle de Roche-Bois avant de reprendre la route. La voiture noire ne le suit plus. À peine arrivé à la route St-Joseph, il constate que la voiture est à nouveau à ses trousses. Il se trouve juste à côté de la station du Central Electricity Board lorsque le véhicule, conduit par Christophe Angeline, l’aurait percuté de plein fouet.

Lors de l’impact, Yogeshwarsing Pryam atterrit devant l’entrée d’un habitant de cette localité. Il s’est, dit-il, immédiatement relevé. Mais ne sentant plus son pied gauche, alors engourdi, et il commence à crier à l’aide. Christophe Angeline serait sorti de la voiture armé d’un gourdin et Kinsley Quirin avait, lui, un sabre.

L’agent de sécurité avance qu’il a été agressé avec une violence inouïe. Il a reçu des coups de sabre au bras droit. Lorsque quatre à cinq personnes habitant la cour sortent pour l’aider, ses deux présumés agresseurs ont déjà pris la fuite. Il dit devoir son salut à son entraînement, qui l’a permis d’esquiver des coups.

Yogeshwarsing Pryam a été transporté à l’hôpital du Nord, où il a passé un mois avant de se rendre à Chennai. Désormais, il ne compte que sur la pension de sa mère pour survivre. Des démarches entreprises auprès du ministère de la Sécurité sociale n’auraient, dit-il, pas abouti jusqu’ici.

«To pa pou gagn mari»


 

À 23 ans, Marie Charlène Justine Jean a une énorme cicatrice sur les joues. «To pa pou gagn mari», lui avait lancé son présumé agresseur, Christophe Angeline, avant de lui infliger des coups de sabre au visage et à la main, le 14 septembre.

Charlène Jean, qui est mère d’une fille âgée de 6 ans, regrette amèrement d’avoir croisé le chemin de Torti en 2015. Ils se sont fréquentés pendant un mois avant de décider de vivre ensemble à Ste-Croix, au domicile du trentenaire, pendant trois mois.

Après leur première rencontre, Christophe Angeline aurait avoué à Charlène Jean qu’il avait purgé une peine de trois mois de prison pour avoir saccagé la maison de sa première femme et agressé ses beaux-frères. À sa nouvelle compagne, qui l’avait accepté malgré ses défauts, il avait confié qu’il avait agi en légitime défense.

Mais alors qu’ils vivaient ensemble, Charlène Jean devait constater que son concubin était quasiment absent de la maison et menait la belle vie. D’ailleurs, ce dernier aurait intimé la jeune femme de rester à la maison et de ne pas fréquenter le voisinage. Ce n’est qu’après avoir pris connaissance du caractère violent de son concubin que Charlène aurait décidé de rompre. Une rupture que Christophe Angeline aurait mal digérée.

Le 14 septembre, l’homme décide de passer à l’action. Christophe Angeline aurait débarqué chez la soeur de Charlène Jean sans crier gare. Et aurait infligé à cette dernière deux coups de sabre au visage et un à la main. Depuis, elle a un handicap. Le suspect lui aurait dit : «To pou gété si to kapav gagn mari. Zordi, mo pou kapav al rann mo lékor.»

Avant son agression, Charlène Jean devait apprendre que Christophe Angeline rôdait aux petites heures, à Baie-du-Tombeau. D’ajouter que depuis qu’il était en cavale, elle vivait avec la peur au ventre. «Qu’en est-il des lois qui existent pour les femmes ?» s’interroge-t-elle.