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Don’t breathe: dans la maison de l’horreur

6 octobre 2016, 12:52

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Don’t breathe: dans la maison de l’horreur

Rocky, Alex et Money sont trois amis adolescents qui vivent à Détroit. Un peu perdus et issus de familles éclatées, ils forment un trio de cambrioleurs spécialisés dans les braquages à domicile. Un jour, Money leur parle d’un coup monumental : s’introduire chez un vieil homme aveugle à la retraite qui a reçu une grosse compensation monétaire et y vit reclus depuis le décès de sa fille. Alors qu’Alex se montre réticent, Money parvient à convaincre tout le monde. D’ailleurs, pour Rocky, aux prises avec une mère tyrannique, ce vol est d’autant plus significatif puisqu’il lui permettra de prendre le large avec sa petite sœur. Et de recommencer ainsi une nouvelle vie. 

Ce plan qui semblait pourtant infaillible à première vue, vire vite au drame. En effet, la «victime» qui est en fait un vétéran de l’armée, s’avère des mieux équipés pour contrer ses agresseurs. C’est alors que se referment les portes de cette maison transformée en véritable forteresse pour emprisonner les trois jeunes voleurs. Hélas, ces derniers découvrent vite à leurs dépens que le propriétaire des lieux n’a rien d’inoffensif mais cache de sombres desseins…

Don’t breathe (Ne respire pas au Canada) est un film de suspense réalisé par le cinéaste Fede Alvarez auquel on doit notamment Evil Dead, sorti 2013. Le réalisateur signe ici une œuvre étonnamment bien construite. En effet, il focalise principalement son histoire sur un quatuor de personnages – les trois adolescents et leur victime.

La victime qui se métamorphose finalement en tortionnaire

Au cœur d’une maison aux allures banales s’immortalise l’action. Et c’est là o Fede Alvarez joue habilement sur l’émotion. Ainsi, chaque pièce, chaque objet, chaque accessoire connaît une fonctionnalité spécifique et devient une arme de défense pour le vieil aveugle. Bien vite, le spectateur se retrouve captivé par la mystérieuse personnalité émanant de ce curieux personnage - la victime qui se métamorphose finalement en tortionnaire. 

L’intrigue des infractions à domicile n’est pas une exploitation nouvelle en cinématographie. Dans ce registre, nous pensons notamment aux classiques comme The Desperate Hours (La maison des otages, 1955) avec Humphrey Bogart et aux œuvres contemporaines telles que Panic Room (2002) avec Jodie Foster et plus récemment Trespass (Effraction, 2011) avec Nicolas Cage et Nicole Kidman. Cependant, dans le cas de Don’t breathe, le réalisateur ne fait pas dans la demi-mesure et inverse symboliquement les rôles. Du statut de cambrioleurs, les adolescents passent au stade de victimes et de prisonniers d’un esprit malade, violent et rusé à souhait. 

Ce qui nous plaît particulièrement dans cette œuvre demeure les effets musicaux. Ceux-ci ne cessent de nous tenir en haleine; et ce jusqu’au dernier cliché. Les notes stridentes nous font sursauter, imaginer le pire ou espérer le meilleur avec une petite parcelle d’espoir. 

En sus de la musique, le décor obscur et lugubre contribue à cultiver l’angoisse. Dans le même esprit, les sens aiguisés du personnage clé – le vétéran aveugle – sont parfaitement mises en exergue. Contre toute attente, ce dernier a savamment pensé chaque recoin de sa maison et y installé armes, pièges et cellules d’isolement. Doté d’une ouïe particulièrement fine, le tortionnaire est sensible au silence comme au bruit, y compris à la moindre bouffée d’air. D’où le du film : titre Don’t breathe. 

En effet, l’unique et l’infime espoir de survie ici ne tient qu’à un fil : retenir sa respiration pour éviter d’éveiller les soupçons de l’agresseur dans sa maison chaotique, aidé de surcroît, par son chien, guide et meilleur ami, devenu le pire ennemi des trois acolytes.  Au fil du récit, le spectateur découvre le côté sordide du bourreau et se prend d’affection pour ces jeunes, avides de richesse et assoiffés d’une nouvelle vie loin de leurs dures réalités. Au final, nous avons droit à un récit intense qui revisite l’horreur et l’épouvante. Don’t breathe, sorti tout récemment au Canada, sera à l’affiche des salles françaises dès le début d’octobre 2016. 

Film réalisé par: Fede Alvarez
Avec: Jane Levy, Stephen Lang, Dylan Minnette, Daniel Zovatto, Emma Bercovicci
Durée : 1 h 28