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Aurèle André: «Il faut continuer à avancer malgré les difficultés» 

6 octobre 2016, 13:08

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Aurèle André: «Il faut continuer à avancer malgré les difficultés» 

L’organisation de la septième édition du Trail de Rodrigues est en bonne voie malgré l’incidence qu’aura eue la fièvre aphteuse sur la vie dans l’île. Aurèle André, qui chapeaute les préparatifs, est confiant en la solidarité du peuple rodriguais qui a toujours soutenu « son » trail. Il peut compter aussi sur la participation des coureurs étrangers, notamment ceux de La Réunion. Le rendez-vous du 6 novembre conserve son caractère incontournable et contribuera à transformer le négatif en positif. 

Cette septième édition du Trail de Rodrigues aurait pu ne pas avoir lieu le 6 novembre prochain en raison de la propagation dans l’île de la fièvre aphteuse. Comment se présente l’organisation de cet événement à quelques jours maintenant de l’échéance ?
Oui, l’épizootie de fièvre aphteuse nous a beaucoup effrayés mais heureusement elle est maintenant sous contrôle et l’organisation de la septième édition du Trail de Rodrigues peut continuer. Je dirai qu’elle a atteint sa vitesse de croisière et que tout va très bien, sauf les petits macadams de dernière heure que nous aurons à gérer.

Est-ce que le montage du projet a pris du retard ? Est-ce que les coureurs répondent présent comme ils en avaient signifié l’intention ?
Les événementiels prévus avant le Trail de Rodrigues ont dû être décalés à cause de l’épizootie de la fièvre aphteuse. Ce décalage, il nous semble, aura une incidence surtout sur la participation locale. Cependant nous restons confiants que, comme lors des éditions précédentes, la population rodriguaise apportera tout son soutien au Trail de Rodrigues. Au niveau de la participation des étrangers, incluant Maurice, les choses vont très bien. Les fidèles seront présents à l’instar de l’université de La Réunion et des clubs de randonneurs de l’île Sœur. Cette année, pour la deuxième fois de son histoire, le Trail de Rodrigues verra la participation de personnes autrement capables avec l’association Réunion Aventure Joëlette. Elle se déplace avec 27 personnes, porteurs et personnes autrement capables de La Réunion. 

Quel aurait été l’impact sur l’île de la non-tenue de l’édition 2016 du Trail de Rodrigues ?
Enorme, tant sur les plans sportif, touristique, environnemental que social. Le Trail de Rodrigues est devenu, au fil du temps, un événement incontournable à Rodrigues et la population en général l’attend avec impatience. En outre, le Trail de Rodrigues véhicule des valeurs qui sont importantes pour la construction de la société, l’unité, le respect d’autrui et la nature, la protection de la biodiversité  naturelle de l’île, l’entraide, avec la participation de nombreux volontaires, le partage entre les locaux et les visiteurs, et j’en passe. 

«Cette année, pour la deuxième fois de son histoire, le Trail de Rodrigues verra la participation de personnes autrement capables.» 

Les séquelles de l’épizootie de fièvre aphteuse qui sévit à Rodrigues depuis le 7 juillet dernier sont-elles toujours présentes ?
Les séquelles physiques ont presque disparu mais bien sûr cette épizootie a eu l’effet d’une bombe à Rodrigues et l’effet psychologique prendra du temps pour s’effacer. Les Rodriguais sont résilients et je suis convaincu qu’ils relèveront le défi. 

La prophylaxie sanitaire préconisée a-t-elle porté les résultats escomptés ?
Certainement, tout le monde est aujourd’hui conscient que prévenir vaut mieux que guérir. Il faut une action citoyenne, c’est-à-dire l’implication participative de tous pour relancer ce secteur économique et surtout pour assurer sa pérennité. Les mesures annoncées par les autorités vont dans cette direction.

En quel état se trouve le cheptel rodriguais ? A-t-il été anéanti totalement ?
Anéanti ! mais pas totalement car, heureusement, l’abattage a été interrompu au bon moment. Sage décision !

L’Assemblée Régionale de Rodrigues a décaissé un fonds spécial de Rs 35 millions pour compenser les éleveurs dont les animaux ont été abattus. Cette mesure leur a-t-il permis de relancer leurs activités ?
Je l’espère bien. En ce moment, c’est difficile de le dire car les éleveurs sont toujours sous l’effet du choc, surtout que Rodrigues a été déclarée zone épidémique et le plus tôt l’interdiction d’exporter les animaux sera levée, le mieux ce sera.

Sur le plan économique à combien s’élève le manque à gagner ?
Des millions de roupies mais c’est difficile de préciser le montant car l’épizootie a été néfaste pour les jeunes animaux. Le temps nous dira exactement à combien s’évalue le manque à gagner. Toujours est-il que les données sont scientifiquement collectées et analysées par les autorités compétentes. 

Combien d’années faudra-t-il au secteur de l’élevage pour se relever ?
Je pense que tout dépendra du temps qu’il nous faudra pour extirper le virus de Rodrigues. Le plus vite sera le mieux.

La préfecture de La Réunion a donné les mesures de prévention à mettre en œuvre pour éviter une propagation de la fièvre aphteuse dans ses élevages. Est-ce que la présence de la fièvre aphteuse à  Rodrigues a affecté, par ricochet, le secteur touristique ? 
A mon humble avis, non, car elle n’affecte pas les humains. Je pense que tous les voyageurs en sont conscients et donc ne feront rien qui puisse propager le virus vers d’autres cieux. 

Le 7e Trail de Rodrigues symbolisera le 6 novembre prochain la relance non seulement sportive mais aussi économique…
Le Trail de Rodrigues restera fidèle à ses objectifs et valeurs et, dans ce sillage, contribuera certainement à redonner confiance à tous, les locaux aussi bien que les visiteurs. Cependant ce serait prétentieux de notre part d’avancer que le Trail de Rodrigues symbolisera la relance économique et sportive. Malgré le choc, Rodrigues, de par sa résilience, continue à vivre sa vie même si cette période de son histoire est très douloureuse.

Comment accueillez-vous la confiance que témoigne l’Assemblée Régionale de Rodrigues au comité organisateur en permettant justement que se tienne cette manifestation ?
Je pense que la vie est faite de bonheur et de malheur donc il faut qu’elle continue. L’Assemblée Régionale de Rodrigues a pris une sage décision et le comité organisateur du Trail de Rodrigues lui en est reconnaissant. Il faut continuer à avancer malgré les difficultés. Il faut tout faire pour que les Rodriguais retrouvent leur joie et leur gaieté de vivre. Ceci ne se fera qu’ensemble.

La fête aura bien lieu mais un homme manquera à l’appel. Ismaël Valimamode, commissaire à la Santé et aux Sports, s’en est allé le mercredi 7 septembre…
Ismaël Valimamode nous manquera certainement car, en vrai sportif, il a été un soutien incontournable pour la pratique du Trail à Rodrigues. D’ailleurs, il a déjà participé à la course pour être avec les trailers et pour leur exprimer sa solidarité dans les sentiers. Le trail a cette force de pouvoir réunir à titre d’égaux dans les sentiers des hommes et des femmes, des jeunes et des enfants et Maël l’a bien compris. J’en profite, au nom de la Rod Trail Association, pour lui dire, à lui et à sa famille, un énorme merci. 

C’est dans ces moments-là qu’on mesure combien la réussite d’un pays repose sur la contribution de tous ses citoyens, du plus petit au plus grand…
Oui ! Le trail apporte son humble contribution dans la construction de l’île en permettant à tous de se réunir autour d’une pratique accessible à tous.

Le trail confirme qu’il se situe bien à l’intersection du sport, du tourisme, de l’environnement, de la géographie et de la culture…

Les stars, les techniciens, ceux qui pratiquent un métier, les  étudiants et écoliers, tous se confondent dans le trail pour faire un tout. Cela fait chaud au cœur quand je rencontre une petite dame de 70 ans au marché de Port Mathurin les samedis et qu’elle me dit toujours : «Dieu me garde encore cette année pour que je puisse participer à la 7e édition du Trail de Rodrigues.»  Ce sera sa septième participation.