Publicité

Ils ont du métier: un charbonnier qui fait feu de tout bois

1 octobre 2016, 19:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Ils ont du métier: un charbonnier qui fait feu de tout bois

Il a repris le flambeau après son père. Et cela fait six ans maintenant que l’homme de 39 ans vend du charbon, histoire d’arrondir les fins de mois, lorsque son salaire de vigile part en fumée.

Gros-cailloux, grosse chaleur, petite enseigne. Qui indique le chemin à suivre pour rejoindre la maison d’un charbonnier. Une bonne occasion d’aller voir s’il a bonne mine.

Pas vraiment. Il est 10 heures et il a les yeux boursouflés. Soubiraj Boodun vient de se réveiller. La vente de charbon permet-elle de faire la grasse matinée en jour de semaine ? «Non, mo travay aswar. Mo fer sékirité ousi. Zordi zour bizin trasé koupé pou rési zwen lé dé bout.»

Alors, quand il ne protège pas les bâtiments contre les voleurs, il va se promener dans les bois. Pas pour voir si le loup y est mais pour couper du bois. Pour fabriquer du charbon, il se rabat surtout sur des tamariniers, des eucalyptus, des litchis ou des longaniers. «Parfwa, nou koup pié kot dimounn ki donn nou permision. Nou pa koup brit, nou respekté lanatir.»

C’est sur un terrain vague que le charbonnier passe à l’étape suivante. «Mo mélanz dibwa ver ek dibwa sek pou li bril pli vit. Touf li ar lapay avan brilé.» Pour obtenir du charbon pour votre barbecue, il faut compter entre une et deux semaines.

Mais ne vous y trompez pas. Parmi la clientèle de Soubiraj, il n’y a pas que ceux qui aiment les saucisses ou la viande grillée. «Éna dimounn pran sarbon pou met dan fler, dan orkidé.» Il y a également les hôteliers ou encore des particuliers qui continuent à cuisiner dans «foyé. Éna kontan frir pwason andéor lakaz pou pa gat zot zoli lakwizinn». Et lui, quels plats mijote-t-il sur ses charbons ardents ? «Je ne cuisine pas tout le temps au charbon. Mé gou-la enn lot kan ou kwi lor la…»

Question de mauvais goût peut-être, mais combien la vente de charbon rapporte-t-elle ? Rs 3 000 à Rs 4 000 environ. De quoi joindre les deux bouts quand son salaire de Rs 10 000, qu’il perçoit en tant que vigile, part en fumée en fin de mois.

La flamme pour ce métier en voie de disparition, c’est son père qui l’a transmise à l’homme de 39 ans. Qui a repris le flambeau il y a presque six ans maintenant. «Mo papa inn aprann ek enn kamarad li.»

En parlant d’amis, que répond-il aux écologistes qui veulent mettre une volée de bois vert aux combustibles qui polluent ? «Attention, le charbon de bois n’est pas une énergie fossile. Li fer lafimé mé dé tan zan tan kapav servi. Tradision sa.»

D’autres questions nous brûlent les lèvres. Qu’en est-il de la vie de famille, par exemple ? «Je suis marié, j’ai un fils de 14 ans.» Qui s’intéresse davantage aux jeux vidéo qu’au charbon. Et que fait-il pendant son temps libre ? Son temps est trop précieux, en fait, pour brûler la chandelle par les deux bouts. «Mo travay mem. Mo al koup pié pou fer sarbon.»

Ce qui attise son courage ? L’envie de terminer la construction de sa maison, qu’il a entamée. Il s’agit là de son principal objectif. Il espère y parvenir et, pour ce faire, il fait feu de tout bois.

Et touche aussi du bois, de temps en temps.