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Les Etats-Unis face à la menace du terrorisme diffus

19 septembre 2016, 21:30

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Les Etats-Unis face à la menace du terrorisme diffus

 

Les attaques survenues ce week-end aux Etats-Unis, qui ont fait 38 blessés, témoignent de la permanence d'une menace extrémiste diffuse, peu sophistiquée, très difficile à contrer pour les services de police et de renseignement.

Quinze ans après les attentats du 11-Septembre, planifiés pendant de longs mois par une réseau bien structuré agissant de l'extérieur, les services antiterroristes font face à une menace qui a changé de visage.

Les attaques viennent désormais d'Américains isolés ou agissant en petits groupes, qui n'ont parfois pas d'autres contacts avec les organisations extrémistes que la fréquentation de sites internet ou de réseaux sociaux.

Internet joue le rôle bien souvent du «petit diable sur l'épaule qui répète tue, tue», selon l'expression du directeur du FBI James Comey.

Ces individus «sont très difficiles à détecter», soulignait lundi Lorenzo Vidino, du centre d'études sur la sécurité intérieure de l'université George Washington.

«Et même si on les détecte, que fait-on ? On ne peut pas surveiller quelqu'un 24 heures sur 24, sept jours sur sept, simplement parce qu'il est actif sur les réseaux sociaux» utilisés par les groupes extrémistes pour disséminer leurs messages, a-t-il poursuivi.

Les méthodes utilisées aujourd'hui sont rudimentaires, comme l'attaque à l'arme blanche dans le Minnesota ou à la cocotte-minute qui a explosé samedi soir à New York.

Mais elles sont potentiellement meurtrières et suffisent pour semer la panique, traumatiser la population et instiller le poison du soupçon envers les communautés musulmanes.

Le flou demeure sur les motivations exactes d'Ahmad Khan Rahami, l'Américain de 28 ans d'origine afghane qui est soupçonné de l'attaque de New York samedi soir et a été arrêté lundi matin.

Rahami est également soupçonné d'avoir placé une bombe artisanale sur le parcours d'une course à pied organisée par les US Marines samedi matin à Seaside Park, dans le New Jersey.

Le FBI 'dans le noir

«Il est très possible que ces attaques n'aient rien à avoir avec le groupe Etat islamique ou Al-Qaïda», soulignait lundi le Soufan group, une société d'analyse des risques sécuritaires fondée par un ancien du FBI, Ali Soufan.

«Il ne manque pas de groupes et d'acteurs extrémistes intérieurs» aux Etats-Unis pour lancer ces appels au meurtre, a-t-il ajouté.

«Nous avons déjà vu à New York ou dans le New Jersey des noyaux de gens qui se sont radicalisés ensemble, il y a déjà eu un certain nombre d'enquêtes» de ce type menées par le FBI, relève encore Lorenzo Vidino.

L'attaque à l'arme blanche dans un centre commercial du Minnesota (9 blessés) a en revanche été revendiquée par l'EI, dans un Etat souvent salué pour ses efforts de prévention de la radicalisation.

Dans le Minnesota, les services publics américains, police, éducateurs ou administrations locales, ont multiplié les contacts avec la communauté d'origine somalienne, l'une des moins bien intégrées aux Etats-Unis.

Ils ont cherché à établir des passerelles avec les aînés, les parents, les responsables de la communauté, établir des relations de confiance et empêcher les jeunes de succomber aux sirènes islamistes.

Mais ces programmes «ne peuvent que limiter la menace, ils ne peuvent pas l'éliminer complètement», souligne Lorenzo Vidino.

Face à cette menace diffuse, les responsables antiterroristes américains demandent une chose bien précise aux grands d'internet, et au pouvoir politique: ne pas permettre la dissémination de techniques de cryptage inviolables, alors que les écoutes et les interceptions de communications jouent un rôle fondamental pour mieux connaître les acteurs de la galaxie jihadiste.

Ces technologies «donnent l'avantage» aux jihadistes, déplorait au début du mois Nick Rasmussen, le directeur du Centre national antiterroriste américain, qui associe la CIA, le FBI et d'autres grandes agences de sécurité du pays.

«Nous sommes dans le noir» pour fouiller la «botte de foin» où se cachent les extrémistes potentiels, aime à répéter James Comey.