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Salmonellose et fièvre aphteuse: Casse-tête «kari»

19 septembre 2016, 22:15

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Salmonellose et fièvre aphteuse: Casse-tête «kari»

«Ki pou kwi ?» Cette question, beaucoup de Mauriciens se la posent en ce moment, avec les épizooties de fièvre aphteuse et de salmonellose qui frappent le pays. Au supermarché, certains hésitent, tergiversent avant de faire leur choix. Le porte-monnaie pèse également dans la balance.

«C’est devenu un casse-tête. J’ai encore au réfrigérateur du poulet que nous allons consommer dans les jours qui viennent, mais après pa koné», déclare  Rosemay, une habitante de Beau-Bassin. Elle explique que «les légumes et les poissons sont parfois chers. Lalo, margoz tou ser».

De son côté, pas question pour Hugette Li Haw Hay de cuire «légim ar légim». Pour elle, «ce n’est tout simplement pas possible». Raison pour laquelle elle continue d’acheter de la viande dans un cold storage de sa localité. «Je lui ai toujours fait confiance. Je sais que sa viande est de bonne qualité.»

Jennifer Tailly dit, elle, faire confiance à son marchand. «Je viens de prendre du poulet. Je pense que c’est bon, le marchand m’a expliqué que ce ne sont que les poussins qui sont malades.» En revanche, révèle-t-elle, elle ne consomme pas de boeuf «pour l’instant».

D’autres consommateurs sont, eux, plus précautionneux. À l’instar de Ravin Ramsamy. «Mo pa pou asté laviann Rs 200 pou al dépans Rs 4 000 kot dokter, lance-t-il. Moi j’achète principalement les produits étrangers. Je suis plus rassuré.» Car, insiste-t-il, «il faut prendre ce qu’on nous dit au sérieux».

Même son de cloche du côté de Mardaymootoo Collemalay. «Ma fille m’a conseillé de ne pas acheter de la viande. C’est ce que je fais, du moins jusqu’à ce que la situation revienne à la normale.» De confier que samedi, «j’ai mangé un bon briani au soja. Soya ramplas laviann-la. Bon sa».

Si c’est non sans trop de peine que les adultes arrivent à trouver des alternatives à la viande et au poulet, en revanche, il semblerait que ce soit beaucoup plus difficile de faire avaler la pilule aux enfants. «J’ai arrêté d’acheter de la viande et du poulet frais, je me tourne vers les conserves. Elles sont moins chères, mais ce n’est pas évident pour les enfants. Ils rechignent à manger des légumes», avance Aisha Mohamed Bacus. «Zanfan téti, séki pa bon mem ki zot lé manzé !» lâche Siven Carpen. N’empêche, indique-t-il, «il faut prendre des précautions».

La vente du poisson boostée

Le poisson a la cote en ce moment chez les consommateurs. Au marché central de Port-Louis, les poissonniers en témoignent. «La vente du poisson a augmenté de 25 %», se réjouit Ibrahim Amad. Les clients étaient nombreux devant son étal de poisson surgelé, vendredi.

Du côté des consommateurs, on affirme préférer le poisson au poulet et à la viande ces temps-ci. Rose-Marie Landinaffe soutient que c’est surtout à cause des épizooties affectant le bétail et la volaille. «J’achète du poisson car j’ai peur de tomber malade

Un peu plus loin, Sharonne Jackson, une autre consommatrice, abonde dans le même sens. «À cause de la fièvre aphteuse, ma famille est obligée de consommer deux fois plus de poisson.»

Et quid du prix de l’aliment ? Selon Linley, pêcheur et vendeur de poissons frais à Grand-Gaube, avec la forte demande, il a revu à la hausse le prix de ses prises. «Le poisson capitaine est passé de Rs 240 à Rs 280 le kilo

Ce qui n’est pas forcément le cas des marchands de poisson surgelé. Au marché de Port-Louis, Ibrahim Amad déclare que les prix restent les mêmes. «Le capitaine surgelé est toujours à Rs 180 le kilo», insiste-t-il.

3 800 boeufs à Socovia

Du côté de Socovia, on s’impatiente. Le responsable Husain Pirbaccosse d’indiquer que «nous avons 3 800 boeufs dans nos fermes qui peuvent être remis sur le marché. La deuxième vaccination des bœufs est en cours et nous devrions pouvoir revendre nos bêtes par la suite». Sauf que Mahen Seeruttun est catégorique : il n’est pas question que Socovia remette ces animaux sur le marché sans le feu vert des vétérinaires du ministère de l’Agro-industrie.

Quid de la décision du ministère d’interdire l’importation des boeufs ? Husain Pirbaccosse dit ne pas être inquiet outre mesure. Estimant que cette décision ne pourra être appliquée sur une longue durée, surtout avec la période des fêtes de fin d’année qui approche.

Les bouchers contre l’option de vendre de la viande surgelée

Les bouchers n’en démordent pas. Ils n’ont aucunement l’intention d’importer de la viande surgelée et d’en revendre. «Nous sommes des bouchers qui travaillons avec de la viande fraîche», souligne Akram Mauthoor, président de la Mauritius Butchers Association. Et puis, il y a aussi le fait qu’ils ne sont pas équipés pour vendre ce type de viande. «Il faut un système de réfrigération spécifique et nous n’avons pas les équipements pour couper la viande surgelée non plus.»

L’association devrait se rencontrer aujourd’hui pour décider de la marche à suivre. «Nous voulons une nouvelle rencontre avec le ministre, nous ne pouvons pas importer de la viande surgelée et la revendre», dit Akram Mauthoor.