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Nayen Koomar Ballah: «On ne choisit pas sa famille»

17 septembre 2016, 16:04

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Nayen Koomar Ballah: «On ne choisit pas sa famille»

Il a pris ses nouvelles responsabilités le jeudi 15 septembre 2016. Après 31 ans de service, Nayen Koomar Ballah a accédé au poste suprême de la fonction publique. Sateeaved Seebaluck a tiré sa révérence pour être conseiller spécial auprès du Premier ministre.

Roshi Bhadain n’a pas appelé pour changer le communiqué du Conseil des ministres ?

Non. Il devait appeler ? Je l’ai vu au Conseil des ministres. Je lui ai dit bonjour et nous ne nous sommes pas reparlé par la suite.

Aucun risque de se retrouver avec deux communiqués aujourd’hui (NdlR, vendredi 16 septembre) alors ?

Non. Si vous faites référence à ce qui s’est produit vendredi dernier, le problème a été corrigé. On a apporté le changement nécessaire (NdlR, le mot «reconsider» est venu remplacer «revive») dans le dossier au niveau du Cabinet. Le Premier ministre a déjà apporté les précisions nécessaires en conférence de presse.

Comment s’est déroulé votre premier Conseil des ministres en tant que secrétaire au Cabinet ?

Je connais bien les rouages pour avoir déjà assuré la suppléance à ce poste. C’était très bien comme d’habitude. Il n’y avait pas trop de dossiers. Le Conseil des ministres, qui était présidé par le Premier ministre par intérim Xavier-Luc Duval, s’est déroulé assez vite.

Vous prenez l’avion pour New York ce samedi soir (NdlR, l’entretien s’est tenu vendredi après-midi au bureau de Nayen Koomar Ballah). Pouvez-vous tirer au clair ce qui se passe sur le dossier Chagos ?

L’item pour une Advisory opinion de la Cour internationale de justice est toujours à l’agenda de la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Les Britanniques ont demandé qu’on discute. On peut discuter mais la demande d’avis consultatif reste à l’agenda.

Est-ce que ce sera débattu à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies ?

Cela dépend de la concession que feront les Britanniques.

Que voulez-vous dire ?

Si demain nous sommes satisfaits à 100 % et on nous donne ce que nous demandons, il n’y aura pas lieu d’aller devant le conseil.

Vous êtes donc optimiste dans cette bataille ?

Oui, il faut l’être. Le Premier ministre l’est. Il est un battant. Il a ce dossier très à cœur. Nous sommes tous derrière lui.

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous devez votre nomination à votre lien de parenté avec lady Jugnauth ?

C’est vrai que lady Jugnauth et moi sommes cousins. Nous sommes nés dans le même village à Rivière-du-Poste. Village que j’ai quitté à 16 ans. On ne choisit pas sa famille mais je suis fier d’être parenté à la deuxième dame comme à tant d’autres personnes d’autres bords politiques. Si vous prenez la «staff list», vous verrez que je n’ai eu aucune faveur depuis que j’ai rejoint la fonction publique en 1985 en tant qu’Administrative Officer. Arrivé au poste de secrétaire permanent et au-dessus, c’est la prérogative du Premier ministre de faire les nominations. Il doit avoir quelqu’un en qui il a confiance. Si ce que vous dites est vrai, il m’aurait nommé à la place de Sateeaved Seebaluck quand il est retourné au pouvoir.

Il y a des Senior Chief Executives qui ont plus d’expérience que vous...

C’est vrai que j’ai deux trois amis qui sont senior depuis deux ou trois années avant moi. Ça ne dit pas grand-chose à ce niveau-là. C’est le destin. Je crois en Dieu. Je suis fier et honoré de la confiance du Premier ministre en moi. J’ai toujours travaillé dur pour en arriver là. J’ai travaillé avec le Premier ministre dans le passé, j’ai été au sein de différents ministères. J’ai même été le secrétaire permanent de Paul Bérenger quand il était Premier ministre. Ça demande beaucoup de sacrifices mais je suis content de ce que je fais.

Résumez-nous votre rôle comme secrétaire au Cabinet.

Le poste de secrétaire au Cabinet est un poste constitutionnel. C’est l’article 70 de la Constitution. Le rôle est très bien défini. Je supervise le Conseil des ministres. Je prends note de toutes les décisions et je m’assure que les décisions sont communiquées aux ministères et institutions concernés. Et que ces derniers mettent en œuvre ces décisions. C’est aussi à moi de présider la réunion des chefs de cabinet et des supervising officers de chaque ministère pour m’assurer que le travail se fait.

Comment s’est déroulée votre journée jeudi, jour de votre nomination ?

C’était une journée très chargée. J’ai dû mettre à jour des dossiers. J’ai rencontré le nouveau secrétaire aux Home Affairs, Premhans Jhugroo. J’ai aussi eu une réunion avec l’ancien secrétaire au Cabinet Sateeaved Seebaluck. Nous nous sommes surtout penchés sur le dossier de travail prévu aux États-Unis, à préparer les talking points du Premier ministre. Il n’y a pas que les Chagos à l’agenda. J’ai aussi rencontré les neuf Senior Chief Executives, qui sont avant tout des collègues de longue date. Le soir, j’ai été à l’aéroport pour dire au revoir au Premier ministre.

Racontez-nous votre quotidien.

Déjà aux Home Affairs, j’avais beaucoup de dossiers. J’étais en charge de la police, de la prison, du service de renseignements, de la sécurité intérieure, du bureau du passeport, des adoptions, en sus des conseils d’administration où je siège. Il y a d’autres choses que je supervise personnellement comme le Private Office du bureau du Premier ministre, aux côtés d’un secrétaire permanent. J’arrive à 7 h 30 chaque matin et je quitte le bureau à 19 heures. Je passe très peu de temps avec ma famille et je fais un peu de sport. Je me remets au travail à 21 h 30 jusqu’à 23 h 30, minuit. C’est la routine. J’en profite pour dire un grand merci à mon épouse Brinda pour sa compréhension et à mes enfants. J’ai deux petits-enfants. Dorénavant, il y aura autant de travail.

Quelles seront vos priorités en tant que chef de la fonction publique ?

Tony Blair avait dit «Continuity and change. Adapt and Preserve». Cela veut dire, continuer et préserver ce qui est déjà là. La fonction publique ne date pas d’hier. Il y a un ministre et un Senior Chief Executive aujourd’hui. En tant que chef, je dois assurer la supervision. ll y a plusieurs projets en chantier. La réforme de la fonction publique est enclenchée.

Expliquez-vous…

Le Performance Management System est en place pour évaluer la performance. Il y a aussi l’Executive Performance Management Review qui a été introduite sur une base pilote récemment, pour que les Supervising Officers soient plus responsables de leurs actions. On a également ajouté un nouvel objectif pour évaluer la performance de ces derniers, basé sur l’introduction des mesures budgétaires. Nous avons en outre le Human Resource Management Information System et l’Electronic Attendance System, qui est opérationnel dans 84 des 92 sites. Le concept de mystery shopping a pour sa part permis d’évaluer la fiabilité des services publics comme les écoles et les postes de police dans des endroits spécifiques. Nous travaillons aussi sur le Public Service Bill, pour ne citer que ceux-là.

L’appel du Premier ministre un an de cela aux fonctionnaires pour qu’ils soient plus efficaces a-t-il été entendu ?

La fonction publique est tellement vaste. Nous ne pouvons nous attendre à ce que tous les fonctionnaires soient performants. Le but de l’appel du Premier ministre était de rendre le service public plus efficient. Les fonctionnaires font leur travail. C’est vrai qu’on doit trouver des moyens pour améliorer leur performance. Je suis satisfait du service. Efficient et performant.

Votre nom est souvent associé au monde hippique. Que répondez-vous à cela ?

Quand j’avais 10 ans, mon père, qui aimait bien les courses, nous emmenait au Champ-de-Mars dans son camion. Pour nous enfants, à cette époque, c’était comme un pique-nique. À 12 ans, j’ai commencé à connaître les noms des chevaux. Comme quelqu’un peut aimer les chats ou les chiens, moi, j’aime bien les courses hippiques. Je peux rester une heure, voire deux à les regarder. Par contre, je précise, je ne suis pas propriétaire de chevaux. Ce sont mes deux fils, Kristy et Sharvin, qui sont copropriétaires de chevaux.

Êtes-vous prêt à travailler avec le prochain Premier ministre ?

Je travaille pour l’actuel Premier ministre. Au moment venu, oui, je le ferai avec autant de rigueur et de force.

Profil

<p>Âgé de 59 ans, Nayen Koomar Ballah est marié à Brinda et père de deux fils, Kristy, 30 ans, et Sharvin, 26 ans. Il a aussi deux petits-enfants, dont une petite fille de six mois. Le secrétaire au Cabinet a fait son entrée dans la fonction publique en 1985 comme Administrative Officer après sept années comme enseignant d&rsquo;anglais et de littérature anglaise aux collèges Eden, Stratford et JSS Maréchal à Rodrigues.</p>