Publicité

Seychelles: victoire «historique» de l’opposition aux législatives

11 septembre 2016, 16:24

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Seychelles: victoire «historique» de l’opposition aux législatives

L’opposition aux Seychelles qui a obtenu, pour la première fois depuis le retour du multipartisme, en 1993, la majorité au Parlement à l’issue des élections législatives de samedi, a salué des résultats «historiques» et promis de travailler de concert avec l’exécutif.

«Les résultats que vient d’annoncer la Commission électorale sont historiques pour notre pays, et je ressens une certaine fierté», a déclaré Roger Mancienne, chef de la coalition d’opposition Linyon Demokratik Seselwa, après l’officialisation des résultats à 04h00 (01h00 GMT) dimanche matin.

La LDS («L’Union démocratique seychelloise», en créole) a obtenu 15 sièges de députés, contre 10 au Lepep («Le peuple»), l’ex-parti unique, au pouvoir depuis 1977.

Des groupes de supporteurs ont laissé éclater leur joie dans la capitale Victoria à l’annonce des résultats. L’opposition a prévu de fêter sa victoire en organisant un convoi de voitures qui défilera à travers tout le pays.

L’opposition s’est engagée à travailler dans un esprit cordial avec l’exécutif, dans l’intérêt du peuple seychellois. Le président James Michel, qui est aussi le chef du gouvernement, a accueilli avec satisfaction cette promesse.

«Je suis content d’entendre que l’opposition est prête à se joindre au gouvernement pour mettre en avant ces valeurs, pour que notre pays puisse continuer de progresser», a-t-il déclaré.

«Le peuple a parlé, le peuple a décidé. La décision du peuple est ultime et mon parti respecte l’opinion du peuple», a-t-il ajouté.

Quelque 70.000 électeurs étaient appelés au urnes, sur les 90.000 habitants des Seychelles, archipel de 115 îles dans l’océan Indien, qui vit principalement du tourisme et de la pêche, et est connu pour être un paradis fiscal.

La coalition d’opposition a recueilli 48,37% des voix, contre 48,01% pour le Lepep. Les deux blocs obtiennent ainsi en sus chacun quatre députés désignés à la proportionnelle.

Modèle américain 

L’Assemblée nationale est composée d’un maximum de 35 députés, dont 25 élus directement. Les 10 autres sièges sont attribués à chaque parti en fonction de sa représentation proportionnelle (un poste pour chaque tranche de 10% des votes).

L’opposition fait donc son retour à l’Assemblée nationale, la chambre unique du Parlement, après avoir boycotté les précédentes élections législatives en 2011.

Dans l’Assemblée sortante, seul un petit parti d’opposition, le Mouvement démocratique populaire (PDM), disposait d’un siège, obtenu sur décision de justice. Il avait été le seul parti de l’opposition à prendre part au scrutin de 2011.

La LDS est centrée sur le Parti national des Seychelles (SNP), dont le leader, Wavel Ramkalawan, était passé tout près de remporter l’élection présidentielle de décembre 2015.

Il n’avait été devancé que de 193 voix par le président sortant James Michel, réélu pour un troisième mandat avec 50,15% des suffrages.

Jamais une présidentielle aux Seychelles ne s’était décidée sur une marge aussi infime. C’était la première fois depuis le retour du multipartisme que le candidat du Lepep était poussé à un second tour.

La victoire de l’opposition ne débouche pas sur une cohabitation à la française, avec un président et un Premier ministre de couleur politique différente, mais plutôt sur un modèle américain, où l’exécutif doit parfois composer avec une chambre ou un congrès hostile.

Pour cette élection, le SNP s’était allié à quatre petits partis dont Lalyans Seselwa («L’alliance seychelloise»), laquelle est composée d’anciens cadres du Lepep, pour former la LDS.

Le SNP a obtenu 11 des sièges de la LDS et Lalyans Seselwa 4. Le taux de participation est de 87%.

Il n’existe pas de différences idéologiques fondamentales entre le Lepep et ses opposants. Mais le premier s’estimait garant de la stabilité économique du pays, alors que l’opposition le disait victime de l’usure du pouvoir.