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Sit-in dans plusieurs collèges aujourd’hui

9 septembre 2016, 08:46

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Sit-in dans plusieurs collèges aujourd’hui

«C’est la goutte de trop ! Des élèves se sont absentés dès le début du troisième trimestre. Cela équivaut déjà à plus de deux semaines d’absence, donc plus de 10 % d’absence. Cela veut dire que tous les élèves devront payer !», martèle Yash Bujun, Head Boy du collège Royal de Port-Louis. À l’origine de son accès de colère, une nouvelle circulaire du ministère de l’Éducation, envoyée à tous les collèges hier, jeudi 8 septembre. Celle-ci stipule que le taux de présence sera comptabilisé du 11 janvier 2016 au 9 septembre, soit aujourd’hui, alors que vendredi, le MES avait cité le 15 juillet comme date limite…

Un sit-in est prévu dans plusieurs collèges à travers le pays aujourd’hui. Parmi eux, l’on retrouve : RCC, RCPL, QEC, John Kennedy College, Rabindranath Tagore Secondary School, GMD Atchia State College, Dunputh Lallah SSS, Sir Leckraz Teelock SSS, Sookdeo Bissoondoyal State College, Jugdambi SSS, Dr James Burty David SSS et Ébène Boys. Dans les milieux estudiantins, c’est l’ébullition. «Nou pé santi kouma dir zot pé rod fer tou, pou fer nou péyé», dit Dean, un élève en Upper VI.

Une élève de la Form V se demande, elle, si ce n’est pas juste pour les agacer. «Ils nous annoncent qu’ils ont soudain décidé de prendre en compte une plus large période alors que nous sommes en train de nous battre pour ne pas payer ces frais. Nous ne comprenons pas d’où vient cette décision.»

D’autres mâchent moins leurs mots. Le parent d’un élève qui est en HSC trouve que les autorités cherchent une formule leur permettant d’«obtenir plus d’argent». Il s’exclame : «Les enfants doivent réviser, donc ils ne vont pas à l’école. Le gouvernement sera le responsable si mon enfant ne réussit pas, parce que tant de stress, ce n’est pas normal !» Il argue que ce sont les enfants pauvres qui vont rencontrer des problèmes. Ceux qui sont riches pourront payer, dit-il.

Du côté des recteurs, l’incompréhension règne aussi. «La première circulaire a déjà affolé les recteurs. Le ministère et le MES nous ont demandé de finaliser les procédures pour le 7 septembre. Le même communiqué a dit que le taux de présence devra être calculé jusqu’au 15 juillet. Le nouveau communiqué vient dire que le taux de présence devra être calculé jusqu’au 9 septembre», souligne Soondress Sawmynaden, le président de l’Association des recteurs. Selon lui, «en voulant bien faire, le gouvernement ne sait plus ce qu’il fait». Et d’ajouter que cette nouvelle volte-face du ministère n’a «aucune logique» et qu’elle est «ridicule».

Dans les milieux proches du ministère de l’Éducation, l’on avance que la date du 9 septembre a été choisie après une décision prise de calculer le taux de présence «exceptionnellement» pour l’année 2016 uniquement. «La date du 15 juillet correspondait au calcul du taux de présence pour les années 2015 et 2016», souligne-t-on. On précise toutefois que le ministère de l’Éducation ne compte pas reculer sur cette affaire, à moins, fait-on comprendre, que le Conseil des ministres ne fasse pression…

 

Quand la solidarité prime

<p>Ils viennent des quatre coins du pays. Originaires de Vacoas, Rivière-du-Rempart ou encore Mahébourg, les collégiens veulent s&rsquo;unir pour combattre &laquo;cette injustice&raquo;.</p>

<p>Une fois le point de presse au centre social Marie Reine de la Paix à Port-Louis terminé hier, c&rsquo;est aux Casernes centrales que nous les retrouvons. Assis devant le va-et-vient incessant des policiers, ils attendent qu&rsquo;un des leurs revienne. Il s&rsquo;agit de Rahid Hyath, qui a été choisi par le groupe comme porte-parole. L&rsquo;élève s&rsquo;est rendu au Registry des Casernes pour y déposer une lettre demandant l&rsquo;autorisation d&rsquo;organiser un rassemblement le 15 septembre.</p>

<p><em>&laquo;Nous ne voulons pas faire de marche illégale. Nous sommes des adultes, nous devons agir comme tels. Il nous faut faire attention à ce que nous disons, à ce que nous faisons. Sinon, on ne va pas nous prendre au sérieux&raquo;</em>, disent-ils en substance. Malgré leur jeune âge, ces élèves sont catégoriques: les procédures, ils comptent les respecter.</p>

<p>Fait étonnant, parmi ceux que nous avons rencontrés, plusieurs affirment détenir le taux de présence de 90 %. Pourquoi donc sont-ils là ? Ils répliquent qu&rsquo;ils s&rsquo;unissent &laquo;par responsabilité&raquo; et pour lutter pour tous les élèves qui n&rsquo;ont pas les moyens de payer les frais d&rsquo;examens.</p>

<p>Comment se connaissent-ils ? Grâce à Facebook, révèle Sheeksha Khurug. <em>&laquo;Il y avait un groupe de ceux qui sont contre la réclamation. Après, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de collèges empêchaient les élèves de sortir. Nous avons pris la décision de choisir un représentant de ces collèges&raquo;</em>, ajoute-t-elle.</p>

<p>Pendant ce temps, Abhishek Sowdhan parle au téléphone. &laquo;Less li, pa bizin payé&raquo;, entendons-nous. Plus tard, il nous explique qu&rsquo;il s&rsquo;adressait à sa mère, résolu à ne pas prendre part aux examens du SC. Il souligne qu&rsquo;il vient de perdre son père et qu&rsquo;il s&rsquo;est absenté de l&rsquo;école, étant très affecté. <em>&laquo;Mo pa travay tro bien. Be si mo mama pu al pey Rs 15 000 pu apre mo ale fell, li bete&raquo;</em>, lâche-t-il, dépité.</p>

<p>En quittant les Casernes centrales, c&rsquo;est en suivant les directives de Google Maps que les jeunes se dirigent vers le bureau du Premier ministre. Sur place, Rahid Hyath demande à entrer déposer la lettre. Le policier de garde explique que tous ne peuvent entrer et qu&rsquo;il faut éviter les public gatherings.&laquo;Nou ale, nou ale, nou ale&raquo;, lance quelqu&rsquo;un. Et le groupe se disperse. Très prudents, ils ne veulent pas se mettre à dos les forces de l&rsquo;ordre.</p>

<p>Ensuite c&rsquo;est &laquo;lor gazon en face SSR&raquo; que les collégiens se donnent rendez-vous. L&rsquo;un d&rsquo;eux suggère : &laquo;Qui a envie de manger un MacDo ?&raquo; &laquo;Nou ale&raquo;, répondu quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre. Et là, ils redeviennent des ados et les rires fusent de partout&hellip;</p>

Le Regroupma Travayer Sosyal descend dans la rue

<p>Le Regroupma Travayer Sosyal organise une manifestation pacifique aujourd&rsquo;hui, vendredi 9 septembre, devant le Parlement. Les membres de ce mouvement dénoncent <em>&laquo;la politique irrationnelle du gouvernement&raquo;</em> concernant les frais d&rsquo;examens du SC et du HSC. Ils s&rsquo;insurgent contre le fait que les parents des élèves ayant un taux de présence de moins de 90 % en cours devront payer la totalité des frais d&rsquo;ici fin octobre. Cette mesure suscite de vives inquiétudes et engendrerait, selon eux, des inégalités dans le système de l&rsquo;éducation.</p>