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Brinda Nandkishore, palefrenière: la belle et ses bêtes

3 septembre 2016, 21:04

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Brinda Nandkishore, palefrenière: la belle et ses bêtes

Les meilleurs cracks seront en action demain, lors de la Maiden Cup. L’occasion toute trouvée d’aller à la rencontre de ceux qui prennent soin des champions : les palefreniers. Un métier qui se conjugue au féminin, chose sur laquelle peu de zougader auraient parié il y a quelques années. En selle pour un entretien à bride abattue.

Jeudi après-midi au Champ-de-Mars. L’éclipse vole quelque peu la vedette aux chevaux, qui trottent gentiment. Certains montrent les dents et font des sourires au photographe. Au milieu de toutes ces crinières lisses et soyeuses, celle de Brinda, 26 ans. Sa queue-de-cheval n’a rien à envier à celles des belles bêtes dont elle s’occupe. Nous nous branchons sur la fréquence de «Radio», comme l’appellent ses collègues…

[Photos: Krishna Pather]

Et une fois qu’elle a commencé, plus moyen d’arrêter celle qui a été la première Mauricienne à enfiler les bottes de palefrenière, il y a 11 ans. «Monn kit lekol kan mo ti éna 15 an. Mo ador bann zanimo, sirtou séval.» Poussée par sa maman – qui a été la première marchande de journaux du pays, en passant – elle a entamé cette chevauchée fantastique. «Mo mama ti konn kikenn lékiri Raj Ramdin, monn koumans laba.» Trois mois de stage et à l’arrivée, elle était prête à se mettre en selle. Au fil des ans, Brinda a quand même changé d’écurie. Elle est passée chez Vincent Allet avant d’intégrer celle de Jean-Michel Henry.

Autre champ. La jeune femme est coquette. Ses mains sont aussi bien entretenues que les sabots de ses cracks. Le vernis et le crottin de cheval font-ils bon ménage ? «Oui. Bann zanimo prop sa. Apré bizin fer zoli non ?» Bon d’accord, Messieurs, on vous voit arriver avec vos gros sabots, pas la peine de piaffer d’impatience. Vous allez hennir de joie, Brinda est bien célibataire. «Mo bien la. Mé si mo gagn enn dimounn, li pou bizin adapté ek mo métyé, ki pa fasil.»

 

Une vie bien remplie

Alors en attendant que son prince charmant débarque sur son cheval blanc, elle s’occupe de ses «mamours». L’un d’entre eux a même voulu lui faire un bisou, une fois. «Enn sel fwa monn gagn mordé, avek Match the Market. Li pann fer expré...» Brinda explique dans la foulée que c’est le seul incident, quelque peu fâcheux qui lui est arrivé au cours de sa carrière. Pour éviter de se prendre un coup de sabot, elle donne de bons tuyaux. «Il suffit de prendre ses précautions et d’être très attentif. Il ne faut pas avoir peur, les chevaux ressentent ces choses-là.»

Les journées de la jeune femme qui embrasse le nez des chevaux démarrent très tôt. Brinda met le pied à l’étrier dès l’aube, elle est dans les stalles de départ à 4h30. Elle s’occupe de ses «beaux bruns» jusqu’à 8h30. Puis rebelote, entre 13h30 et 15 heures. Et cela, sept jours sur sept. Combien gagne-t-elle à la fin du mois en termes de salaire ? «Rs 13 000 tout compris.» Les palefreniers ont également droit à des cadeaux lorsque les chevaux dont ils s’occupent remportent une course. Brinda a d’ailleurs reçu un billet d’avion et elle chevauchera bientôt le cheval de fer ailé, direction Londres.

Et puis, quand elle ne court pas derrière les chevaux, Brinda pratique de la natation, de la course à pied et du vélo. Elle fait aussi le ménage et elle aime faire du shopping. Ce qui explique sans doute le fait qu’elle respire la grande forme, autant que ses chéris. Justement, y a-t-il un parmi tous ceux dont elle s’est occupée, qui tient une place spéciale dans son coeur ? «Match the Market, qui est décédé récemment. J’ai pleuré… Et il y avait Hillbrow, qui a quitté l’écurie il y a deux semaines, j’étais triste à un point…»

Passons du coq aux chevaux. Peut-on avoir «enn timing sek» pour les lecteurs ? «Je n’ai pas de partant pour la Maiden Cup, mais d’autres chevaux qui seront dans les autres courses.» Le tuyau ? «Le cheval à battre sera Night in Seattle.»

Si elle ne joue pas aux courses, Brinda parie en tout cas sur son voeu le plus cher. Qui est de devenir propriétaire d’un cheval, un jour. Et son rêve, elle en a fait son cheval de bataille.

[Photos: Krishna Pather]