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Souillac victime de sa richesse historique

26 août 2016, 10:25

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Souillac victime de sa richesse historique

 

Souillac est-il voué à perdre son cachet historique ? Vela Gounden, conseiller de ce village, déplore les actes de pillage qui y sont perpétrés et demande des actions concrètes de la part des autorités.

 

«Nous en avons assez que les déclarations au poste de police ne donnent rien. Nous voulons des enquêtes sérieuses et surtout que les lieux touchés soient restaurés», dit Vela Gounden, conseiller du village de Souillac. Sa réaction fait suite à un énième acte de pillage du patrimoine historique dans ce village du Sud, notamment celui du vieux pont de Bain-des-Négresses.

En effet, la semaine dernière, le village a fait parler de lui après le vol de pierres du pont de Bain-des-Négresses. Et ce ne serait pas un incident isolé à Souillac. «Deux canons ont déjà été volés ici. On avait pour projet de créer un site historique à l’entrée de Souillac au niveau de ce pont. On avait posé les canons près des monuments et, en deux semaines, ils ont disparu», raconte Vela Gounden.

Pour le conseiller du village de Souillac, c’est une blessure qui s’est rouverte. «Je me demande si on va laisser ce pont aux pierres arrachées, exposé ainsi au regard de tous.» Évidemment, il y a eu des dépositions à la police, dit-il. Mais plus d’une décennie après, pas de canons ni de coupable, lâche-t-il. Le pont à la rue Desfosse a aussi fait les frais des pilleurs de pierres.

Vela Gounden revient également sur le vol d’une ancre non loin du batelage de Souillac. Cette pièce avait servi du temps où les bateaux faisaient encore escale au batelage du village pour ensuite s’amarrer à Port-Louis. «C’était épique ! Une personne a vu qu’un individu emportait l’ancre dans un camion et a signalé le vol à la police. Celle-ci a poursuivi et rattrapé l’individu, qui a été emmené au poste de police. Une enquête a été ouverte», se souvient le conseiller. Cependant, il déplore qu’à ce jour, aucune arrestation ni sanction n’a été prise. «L’ancre gît dans un coin au poste de police du village ; comme exhibit, selon les officiers.»

«Le pire, c’est que rien n’est fait. On vient sur place pour déplorer les dégâts, on promet des lois plus sévères et, ensuite, on se rendort jusqu’au prochain coup», s’indigne Vela Gounden. Raison pour laquelle le conseil de village monte au créneau et demande des actions concrètes de la part des autorités afin de ne plus revivre les mêmes épreuves et que le village ne perde son cachet historique.

Les membres lancent un appel au commissaire de police et au président du National Heritage Fund pour qu’ils prennent le cas de Bain-des-Négresses au sérieux. «Il faut qu’on utilise les pierres tombées dans la rivière pour la rénovation du pont et surtout qu’on sécurise son accès.»

Yannick Cornet : «une loi pour réguler le commerce de la pierre»

<p>Contacté au sujet d&rsquo;une éventuelle restauration du pont des Bain-des-Négresses, Yannick Cornet, président du National Heritage Fund, explique que cela prendra du temps et demandera un investissement financier considérable. &laquo;On envisage cette possibilité mais c&rsquo;est une procédure longue et coûteuse. Le pont ne se trouve pas sur un terrain du gouvernement mais sur un terrain privé. Il faudra négocier avec le propriétaire afin de trouver une manière de sécuriser les lieux dans un premier temps&raquo;, dit-il. Mais le plus grand défi pour cette restauration : trouver des pierres et utiliser la technique appropriée pour que le pont garde son cachet original. &laquo;Nous allons bien sûr récupérer les pierres tombées dans la rivière, mais c&rsquo;est plus d&rsquo;une quinzaine de mètres du pont qui devra être remplacée.&raquo; Le président du National Heritage Fund cite d&rsquo;autres sites inscrits comme patrimoine national qui ont été la proie des pilleurs parce que, selon lui, la demande est là. &laquo;Des discussions sont en cours pour une loi qui régulera le commerce de la pierre, comme celui du &lsquo;scrap metal&rsquo;. Tout se fera dans un circuit légal et il faudra que ceux qui vendent des pierres taillées puissent en expliquer l&rsquo;origine&raquo;, indique Yannick Cornet.</p>