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Ils ont du métier: Kamal Ajoodah, the artist

20 août 2016, 22:10

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Ils ont du métier: Kamal Ajoodah, the artist

On vous brosse le tableau. Petit tour au supermarché. Des caddies, des sacs remplis de victuailles, des gens qui font leurs courses, rien de spécial jusque-là. Mais soudain, au milieu de ce  décor, un chevalet, des pinceaux, de la peinture, des tableaux. Dans son atelier un peu particulier, Kamal Ajoodah peint des paysages. L’occasion de dépeindre son travail.

À l’école déjà, son nom était inscrit au tableau d’honneur, vu qu’il était doué en «art», confie-t-il. Quelques années plus tard, sombre tableau. «Pa fasil pou viv Moris kan ou enn artis.» Raison pour laquelle il a suivi, à un moment, des cours pour devenir électricien. Mais c’était sans compter sur l’appel incessant du pinceau. Il décidait, au final, de réaliser ses desseins. Kamal avait 20 ans.

Depuis, l’homme, très nature, n’arrête pas. «Mo penn bann peizaz.» Des peintures à l’huile, au couteau, des acryliques. Difficile de peindre des paysages quand on se trouve en face d’un supermarché, non? «Non. Je me base sur des photos, des images que j’ai en tête, je fais des recherches et je réadapte les choses à ma façon», souligne cet habitant de Camp-Fouquereaux.

Passons au tableau vivant. Les journées de Kamal démarrent à 7h30. «Mo éna enn ti laferm, mo nourri zanimo oussi.» Quelques «coups de couteau» plus tard, il se rend à son stand, dispose, expose ses tableaux, histoire d’attirer les clients. Combien coûtent-ils? «Koumansé Rs 4 000…» Combien d’acheteurs compte-t-il à son tableau de chasse chaque mois? Entre 15 et 20. Sa plus belle vente jusqu’ici? Un tableau, qu’il avait peint en un jour pour un Italien et qu’il a vendu à Rs 25 000. Précision, toutefois: ceux qui achètent ses peintures sont surtout des Mauriciens ou des compatriotes qui vivent à l’étranger. Et puis, «la peinture que j’utilise coûte cher, jusqu’à Rs 250 le tube. Le canevas aussi, mo pa servi latwal Rs 75 lémét…»

À 16 heures, il rentre à la maison, histoire de passer un peu de temps avec sa petite famille, dont ses deux fils âgés de 9 et 10 ans, ses plus belles oeuvres, dit-il fièrement. La relève est-elle assurée? «Tipti-la bien intérésé.» Camaïeu d’émotions.

Les projets pour le futur ? Une expo, qui aura lieu au mois de septembre. Merci Monsieur, on était ravi de vous… Interruption. «Fini tou? Atann mo éna zafer pou dir…» Ah? Oui, au sujet de certaines personnes qu’il ne peut pas voir en peinture. «Dan minister Kiltir-la, pas fasil sa!» Ce qu’il leur reproche? «Zot pa ed bann artis morisyen ditou! Pou ou gagn randé-vou ek minis, kouma dir ou pé rod randé-vou ek Bondié…»

Comme il n’est pas de nature à rester fâché longtemps, un sourire se dessine rapidement sur son visage. Le flamboyant personnage  se met ensuite à croquer un autre paysage.